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Le mystère du meurtre dans « les toilettes »

Voici une narration pour adultes d’après Juges 3, 12-30.

Animation possible : après avoir découvert le texte biblique et la narration, créer deux groupes l’un étudiant le récit biblique et l’autre celui de la narration. Les deux groupes peuvent répondre aux questions  proposées ici questions d’enquête. Prévoir une synthèse en grand groupe.

 

« A sa majesté, soleil resplendissant, auprès de qui j’ai trouvé faveur, longue vie et santé ! Message codé de Malki-kemosh, gouverneur du pays de Medeba, ton serviteur, qui se prosterne de loin sept fois aux pieds de mon souverain. Que les dieux et les déesses de Moab te protègent et te fortifient !

Ici, je viens d’entrer en fonction comme nouveau gouverneur après l’incident tragique survenu à mon prédécesseur Eglon. A ce sujet, ta majesté m’avait demandé d’enquêter sur les circonstances précises de sa mort suspecte, et sur les escarmouches qui s’en sont suivies le long de la frontière avec les gens de Gad et de Benjamin. Je t’envoie, par la présente, une lettre confidentielle que j’ai remise entre les mains de mon messager le plus fidèle. Elle contient le rapport d’enquête, mené en toute discrétion, par le chef de mes services de renseignements : Ebed-Kemosh. Voici la chronologie des événements qui ont conduits à la situation que ta majesté connaît plus que quiconque et déplore. Que là-bas, ta majesté obtienne satisfaction et que sa face continue à briller sur nous » !

Message de Ebed-Kemosh, chef du réseau d’espionnage établi par le feu gouverneur Eglon, au nouveau gouverneur Malki-Kemosh, nommé par la grâce de sa majesté ; à lui paix, santé, vie et gloire !

« Ton excellence m’a mandaté afin de lui fournir des éclaircissements sur les incidents qui se sont produits, il y a peu, dans la région et qui nous ont fait perdre le contrôle de la ville des palmiers et du gué principal du Yardun. Au temps des pères de notre souverain, à lui santé, puissance et longue vie, Kemosh a humilié Gad et Israël et nous a permis de triompher sur eux. Nous avions conquis Yériku jusqu’aux pieds des collines d’Ephraïm et jusqu’aux limites des steppes de Séira. Les gens de Benjamin nous livraient tribut en vin, huile et ovins. Le pays était prospère, en paix, gras et bien-portant. D’aucuns murmuraient qu’Eglon ne portait jamais aussi bien son surnom de « Taurillon grassouillet » qu’à cette époque. C’est alors que tout bascula…

Le premier jour, du troisième mois, de la 18ème année du gouverneur Eglon, eu lieu la traditionnelle cérémonie de remise du tribut des vassaux de votre altesse. Depuis des années, celui qui a la charge de cela se nomme Ehoud, fils de Guéra, un benjaminite qui avait toute la confiance d’Eglon. En fait, ce que nul ne soupçonnait à l’époque, c’est qu’Ehud faisait partie de nos services secrets. Il avait pour mission d’infiltrer l’ennemi, de déjouer ses plans et de nous les communiquer. Il faisait office d’agent double. Nous l’avions recruté comme mercenaire à cause de ses capacités physiques hors normes et de sa ruse, mais surtout à cause de sa particularité. Ehud, le benjaminite, savait aussi se servir adroitement de sa main gauche. C’était un adversaire redoutable en combat rapproché à cause de ses bottes secrètes. Après un entraînement intensif, il intégra les troupes d’élite de la garde personnelle d’Eglon avant sa mission d’infiltration.

Tu dois savoir, ô gouverneur, que nous avons été dupés par celui-là même que nous avons nourris en notre propre sein. Je ne sais ce qui poussa Ehud à nous trahir, toujours est-il qu’il a fait croire au service de sécurité que tout s’était parfaitement déroulé. Le tribut fut livré et le reste du cortège diplomatique a quitté notre territoire en passant devant les idoles de pierres dressées délimitant notre juridiction, et au-delà desquelles règne Yhwh.

Pour une raison inconnue, Ehud quitta ses compagnons et rebroussa chemin. Lorsqu’il retourna à la résidence d’été d’Eglon, la relève de la garde s’était déjà effectuée et les novices fouillèrent uniquement le côté gauche de son vêtement. Muni du mot de passe, Ehud atteignit la salle d’audience d’Eglon et prononça le code convenu entre eux. Eglon congédia ses serviteurs et sa garde afin qu’Ehud puisse faire son rapport en privé. C’est alors que les événements se sont précipités et les conclusions qui vont suivre, ne sont, Excellence, que pure hypothèse !

Néanmoins, tous les indices relevés sur le lieu du « drame » indiquent qu’Eglon, qui était assis sur sa chaise percée, pour une circonstance indéterminée s’est relevé. A ce moment précis, Ehud a glissé sa main gauche sous sa cuisse droite où il avait caché une dague effilée pour la plonger dans les entrailles d’Eglon. Rapide comme l’éclair lancé par Kemosh-baal, Ehud sortit de la chambre haute par le canal d’évacuation des eaux usées, pénétra dans le vestibule et barra le verrou intérieur. Puis il s’enfuit par l’escalier vers le toit. Au bout d’un temps assez long, les serviteurs qui ne s’étaient pas alertés jusque là parce qu’ils avaient l’habitude des assisses prolongées de leur maître, perdirent patience et pénétrèrent dans la chambre grâce à la clé de service. Pris de dégoût, ils trouvèrent Eglon gisant dans une mare de sang, de tripes et d’excréments ! La dague était enfoncée profondément dans les replis de sa graisse, cherchant à atteindre ses organes vitaux ; Ehud aurait perdu trop de temps à la retirer !

Ce fut une panique indescriptible ! Le pays était désorganisé et assailli de toutes parts. Les Ephraïmites se sont alliés subitement aux Benjaminites et aux Gadites. Nous étions cernés, en sous-effectif et privés d’un commandement centralisé. C’est ainsi que nous nous sommes repliés au-delà du Yardun dans nos frontières actuelles. Depuis ce jour, de sinistre mémoire, la cité des palmiers et son gué stratégique sont tombés aux mains de nos ennemis. Ehud, quant à lui, ce traître, que ses entrailles pourrissent et qu’il ne trouve jamais sépulture, s’est, depuis, improvisé champion de Yhwh et roitelet sur Benjamin.

Voici en substance, ô gouverneur, les grandes lignes de mes investigations. Je suis conscient du caractère hypothétique de mes conclusions, mais elles ont été établies à la suite d’un faisceau d’indices et de déductions provenant de mon enquête méticuleuse. J’espère que ce rapport recevra l’agrément de notre souverain, aux pieds duquel je tombe ! A lui santé, honneur et gloire ! Le protégé et l’élu d’Ashtart-Kemosh. Que là-bas tout aille bien et que le soleil, notre roi, continue de briller sur nous !

Frédéric Gangloff (UEPAL) – Point KT