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Temps pour la Création 2023

Chaque année, du 1er septembre au 4 octobre, les communautés chrétiennes sont invitées à célébrer la Saison de la Création ou Temps pour la Création, une fête chrétienne et un temps pour prier, rendre grâce pour le monde créé par Dieu et confié à l’humanité, un temps pour prendre soin de notre maison commune et veiller à notre environnement. Ce grand rendez-vous œcuménique annuel propose le thème 2023  » : Que la Justice et la Paix se répandent » (Amos 5, 24)

Aller sur le site pour y découvrir toutes les ressources : c’est par ici 

(ressources de l’Eglise orthodoxe, de la Fédération Luthérienne Mondiale, de la Communion anglicane, de la Communion mondiale des églises réformées, catholique et de ACT Alliance Climate Justice)

Crédit : Laurence Gangloff, Point KT




Philippe et l’eunuque éthiopien, fiche biblique

Texte : Actes des Apôtres 8/26-39

 Éléments d’explication 
  • Contexte : Après la mort d’Étienne, les chrétiens de Jérusalem sont victimes de persécution. Pour y échapper, beaucoup quittent Jérusalem et se dispersent. C’est le cas de Philippe qui quitte Jérusalem pour la Samarie où il va annoncer l’évangile. Les Actes des Apôtres présentent cette dispersion à la fois comme une épreuve et comme une chance : les chrétiens souffrent d’être séparés, mais leur dispersion permet à l’Évangile d’être annoncé dans de nouvelles zones géographiques. Donc ce qui devait affaiblir l’Église naissante, la fait en fait grandir.
  • Philippe : Il fait partie des Sept qui ont été choisis pour aider les Apôtres (voir Actes 6/1-6). C’est probablement un « Helléniste », c’est-à-dire un Juif né hors Palestine et dont la langue maternelle est le grec (à ce moment-là de l’histoire de l’Église, les chrétiens se considèrent encore comme des Juifs, disciples du Christ). Choisi dans un premier temps pour la diaconie (entraide), il a également annoncé l’Évangile au même titre que les Apôtres : c’est le cas dans sa rencontre avec l’eunuque éthiopien, comme également en Actes 8/5. Actes 8/40 précise qu’il poursuit sa mission d’évangélisation en Samarie et jusqu’à Césarée où Paul le rencontrera un jour : Paul précise en Actes 21/8 avoir séjourné à Césarée chez « Philippe l’évangéliste », surnom qui n’a pu lui être donné qu’en raison d’une intense activité missionnaire.
  • « un ange du Seigneur » : pour l’auteur du texte, il est clair que c’est Dieu qui conduit Philippe sur cette route où il va rencontrer l’Éthiopien.
  • « un eunuque éthiopien… venu à Jérusalem pour adorer Dieu » : Même s’il y a eu des juifs en Éthiopie (impossible de savoir si c’était le cas à cette époque), il n’est pas possible que cet eunuque éthiopien soit juif car le judaïsme interdit fermement la castration.
    • C’est un sympathisant du judaïsme : il est venu de très loin pour chercher Dieu.
    • Il est peut-être un « craignant Dieu ». Les « craignants-Dieu » étaient des païens, ils n’étaient pas membres du peuple juif, mais ils s’efforçaient de respecter les prescriptions de la Loi juive à l’exception de la circoncision. Ils étaient souvent dans une situation difficile car les païens ne les comprenaient pas et les Juifs ne les considéraient pas comme des membres du peuple juif.
    • Il est peut-être un « prosélyte » c’est-à-dire un païen qui s’est converti pleinement au judaïsme et en respecte donc toutes les règles y compris la circoncision. Mais il est peu probable que l’Éthiopien ait été accepté en tant que prosélyte en raison de sa castration.
      Mais quoi qu’il en soit : comme il est eunuque (mutilé sexuellement et ne pouvant pas avoir d’enfant), dans le judaïsme de l’époque, il ne peut pas avoir accès au Temple de Jérusalem, ni à la bénédiction de Dieu (Deutéronome 23/1). De fait, son séjour à Jérusalem ne semble pas avoir comblé ses attentes et sa recherche de Dieu : c’est seulement après son baptême qu’il est « tout joyeux ».
  • « haut fonctionnaire … » : c’est un homme riche et puissant, mais cette réussite sociale ne le comble pas puisqu’il est en recherche de sens, comme le prouve son voyage à Jérusalem.
  • « Candace, la reine d’Éthiopie » : Candace n’est pas un nom propre, ni un prénom, c’est un titre (comme « pharaon » pour désigner les rois d’Égypte).
  • Passage d’Ésaïe : cité d’après la Septante (la plus ancienne traduction de l’Ancien Testament en grec : pendant un temps, elle a été utilisée par les Juifs vivant hors de Palestine qui parlaient grec, avant d’être complètement abandonnée dans le judaïsme)
  • « Philippe descendit dans l’eau avec lui » : le baptême a donc lieu par immersion.
  • « il continua son chemin tout joyeux » : sa rencontre avec Philippe qui a permis une rencontre avec le Christ a changé et embelli sa vie ! Malgré sa couleur de peau (le racisme existait aussi à cette époque !), malgré la mutilation qu’il a subie, il est accepté tel qu’il est par Dieu. Être accepté tel qu’il est, n’a pas dû lui arriver si souvent ! En racontant cette histoire, Luc défend un christianisme qui n’exclut personne, alors que l’Église chrétienne naissante s’interroge sur son identité et les conditions d’entrée dans l’Église (annonce de l’évangile seulement aux juifs ou aussi aux païens ? circoncision pour tous ou non ?…). L’eunuque éthiopien est le premier « étrange étranger » (à plus d’un titre : noir, pas membre du peuple juif, mutilé sexuellement) à entrer dans l’Église chrétienne. Il ne sera pas le dernier !
  • « Eunuque » : Il y a peu de chance que les enfants sachent ce que cela veut dire, donc ils risquent de poser la question : il vaut mieux avoir un peu réfléchi avant, pour savoir comment répondre.

Quelques conseils :

  • utiliser des mots simples, par exemple : un eunuque est un homme qui a subi une opération qui le rend incapable d’avoir des enfants et le fait paraitre moins masculin (pas de barbe qui pousse par exemple) ;
  • ne pas avoir peur d’appeler un chat « un chat » si les questions sont précises. Par exemple : cette opération consiste à enlever les testicules (mot à expliquer simplement s’ils ne le connaissent pas : tout dépend de l’âge des enfants et de la connaissance qu’ils ont de leur corps ou qu’elles ont du corps des garçons) ;
  • ne pas minimiser : c’est une mutilation !

Découvrir la narration en lien avec cette fiche biblique : par ici

Crédits : Claire de Lattre-Duchet, (UEPAL), Point KT




Philippe et l’éthiopien, narration

Narration et Fiche biblique à télécharger ici Philippe et l’eunuque pour découvrir une belle rencontre… (Actes 8, versets 26 à 39)

C’était un homme important, enfin un homme… il n’était pas sûr d’en être tout à fait un, pas dans le regard des autres en tout cas : on l’avait mutilé dans son enfance pour en faire un eunuque afin qu’il puisse entrer au service de la reine d’Éthiopie. La blessure physique avait guéri, la blessure à l’âme pas tout à fait, même s’il avait des compensations : la reine lui avait confié le soin d’administrer ses richesses. Donc non seulement il était riche et vivait dans le luxe, mais en plus, il était craint, car on savait qu’il avait la confiance de sa reine. C’était une belle réussite. Il n’avait ni colère, ni regret, les choses étaient ainsi. Il avait appris à les admettre, mais le luxe et les honneurs ne lui suffisaient pas, il avait en lui une soif, une attente que jusque là rien n’avait pu combler. Alors il s’était mis en quête…

Il avait entrepris un long voyage, vers Jérusalem. On lui avait dit que c’était une ville sainte, qu’on y honorait un Dieu, un Dieu unique qui n’avait rien à voir avec les divinités et les idoles des autres nations. Il s’était mis en route espérant trouver là des réponses, un sens à sa vie, quelque chose enfin qui comblerait ce manque qu’il sentait dans sa vie.

Mais à Jérusalem, il n’avait pas vraiment trouvé ce qu’il cherchait. Il n’y avait pas sa place : les gens comme lui, les eunuques, les castrés, étaient exclus du culte rendu à ce Dieu qu’il voulait connaître. Même s’il avait voulu se convertir à cette religion, respecter toutes ses prescriptions et ses lois, il n’aurait jamais sa place dans le peuple qui servait ce Dieu. Son voyage lui laissait un goût amer. Pourtant avant de repartir de Jérusalem, il avait acheté un livre saint écrit par un prophète du peuple juif. Il essayait de lire mais s’il comprenait les mots, le sens continuait à lui échapper. Le livre parle d’un homme important qui, à un moment donné, est descendu de son piédestal, s’est abaissé, oui c’est bien le mot qui est employé, « abaissé ». Il est comparé à une brebis qu’on conduit à l’égorgeur, à un agneau qui, sans broncher, se laisse tondre. Non, décidément il ne comprend pas.

Plongé dans ses pensées, il n’a pas vu approcher Philippe, mais il entend son interpellation : « Comprends-tu ce que tu lis ? » L’eunuque regarde Philippe : on dirait qu’il est juif, cela se voit à sa tenue, alors pourquoi l’interpelle-t-il ? Il n’y a pas de moquerie ni dans sa voix, ni dans son regard. Il semble sincèrement s’intéresser à lui. L’eunuque en est surpris.

A vrai dire, Philippe est peut-être aussi surpris que lui de se trouver là et de parler à cet homme: après avoir dû fuir Jérusalem pour échapper aux mauvais traitements infligés aux premiers chrétiens. Philippe a commencé à annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ à des non-juifs, à des Samaritains, ce qui lui a déjà valu quelques soucis et remontrances dans l’Église chrétienne à peine naissante. On lui a reproché de parler de Jésus-Christ hors du peuple d’Israël : la mort et la résurrection de Jésus-Christ sont encore si proches que l’universalité de l’Évangile n’a pas encore été apprivoisée ni comprise par les disciples. Ils pensent devoir rester au sein de la religion juive, dans le peuple juif. Et après les Samaritains, qui croient au même Dieu que les juifs, voilà que Philippe s’adresse à un Éthiopien, peut-être sympathisant de la religion juive, mais pas un vrai juif. Il parle à un eunuque, alors que certains passages de l’Ancien Testament recommandent de tenir à distance du culte, que certains passages de l’Ancien Testament considèrent comme impur. En s’adressant à lui, Philippe se demande ce qu’en diront ces frères chrétiens, mais c’est l’Esprit de Dieu qui l’a conduit à cet homme, il en est surpris, c’est vrai, mais Dieu doit bien savoir ce qu’il fait, non ?!

L’eunuque lui répond : « Non, je ne comprends pas ce que je lis. Comment le pourrais-je, puisque personne ne m’éclaire ? ». Lui, le puissant ministre des finances de la reine d’Éthiopie reconnaît en toute humilité avoir besoin d’un guide. Et espérant trouver enfin les réponses qu’il cherche, il invite Philippe à monter dans son char confortable. Indifférent aux secousses du char sur les pavés, Philippe explique : il parle d’un homme, Jésus de Nazareth, venu de la part de Dieu pour parler aux hommes, pour partager toute leur destinée jusque dans la mort. Il lui dit qu’il a voulu s’adresser à chacun, même aux pécheurs, même à ceux qui ont fait de mauvais choix dans leurs vies, même aux mal-vus, même aux mal-aimés, même aux méprisés, ou peut-être pas « même », mais surtout à tous ceux-là. Et il leur a annoncé le pardon et la tendresse de Dieu. Philippe lui parle de la mort et de la résurrection de ce Jésus. Et de son commandement d’aller dans le monde entier, pour faire des disciples et les baptiser. Il ne lui parle pas de la frilosité des premiers chrétiens qui hésitent encore à quitter le giron du peuple d’Israël : on n’efface pas si facilement des réflexes et des préjugés vieux de plusieurs siècles.

L’eunuque écoute et il découvre autrement ce Dieu dont il a entendu parler à Jérusalem : il n’est pas comme il lui avait été dit. Il découvre un Dieu proche, un Dieu bienveillant, un Dieu qui accueille et bénit, un Dieu fidèle aussi qui tient parole puisque Philippe lui affirme que Jésus est le sauveur que Dieu a promis à son peuple dans ce livre du prophète Ésaïe qu’il s’efforçait de comprendre. C’est comme si un poids lui était enlevé : il a sa place devant ce Dieu-là, lui : lui le mutilé, lui que les autres craignent mais ne respectent pas, lui que tant d’autres ne considèrent pas comme un homme à part entière. Il a sa place, une vraie place, une vraie dignité, celle que lui donne ce Dieu capable d’envoyer son propre fils pour déclarer son amour aux humains. C’est comme si sa vie prenait un autre sens : il est aimé de Dieu. C’est comme s’il sentait cet amour remplir son cœur, combler ses manques. C’est si doux et fort à la fois qu’il voudrait se plonger entièrement dans cet amour et dans cette paix qui l’envahissent…

Alors, quand il voit la rivière, il demande à Philippe s’il peut recevoir le baptême. Ils descendent du char, entrent dans l’eau et il est baptisé. Quand ils ressortent de l’eau, Philippe disparaît, il poursuit sa route vers d’autres juifs ou païens, pour leur parler du Dieu de Jésus-Christ. Quant à l’eunuque, premier africain et tout premier païen à devenir chrétien, nul à part Dieu ne sait ce qu’il est devenu, mais jusqu’à aujourd’hui son histoire témoigne que Dieu accueille et bénit chacun tel qu’il est, chacune telle qu’elle est…

Crédit : Claire de Lattre-Duchet (UEPAL), Point KT




La petite servante du général Naaman

Lire le texte de 2 Rois 5:1-14 dans la version Nouvelle français courant de Parole de vie, c’est plus fluide à l’oreille des enfants.

Éléments de compréhension du texte

A l’époque où le pays d’Israël était un royaume, il y avait souvent des conflits et même des guerres avec la Syrie. L’armée syrienne conduite par le célèbre général Naaman était très forte, elle avait remporté la guerre contre Israël et avait pris une partie de la population comme esclaves : des jeunes gens robustes et bien portants capables de travailler à leur service. Parmi ces esclaves, il se trouve une petite fille qui devient servante dans la maison de Naaman. Elle est en terre étrangère, chez l’ennemi qui a tué et saccagé son pays. Peut-être même que sa famille a été assassinée par les Syriens puisque cette pauvre enfant se retrouve toute seule exilée en Syrie. C’est une épreuve très difficile et traumatisante. Le texte ne dit pas comment elle est accueillie par la femme de Naaman (cette dernière devient-elle une mère de substitution pour la petite fille ?), mais l’histoire nous laisse entendre que le général et sa femme sont à l’écoute de la petite fille, malgré son statut d’esclave. Ce qui nous intéresse ici, c’est que la petite servante dont on ne saura jamais le nom va donner une leçon d’humanité et de compassion sans précédent à ses oppresseurs. C’est un enseignement majeur qui rejoint le passage de l’évangile où Jésus dit : « Aimez vos ennemis… » (Matthieu 5:44)

Aimer ses ennemis

La petite servante qui travaille chez le général Naaman apprend que son maître a une grave maladie de la peau (nos versions bibliques disent qu’il s’agit de la lèpre, mais c’était peut-être une autre maladie). Naaman est handicapé par cette maladie qui ternit l’éclat de ses victoires militaires : comment un général à qui Dieu a donné la victoire peut-il être frappé de maladie ? À cette époque, toute maladie était considérée comme conséquence du péché et châtiment de Dieu. Peut-être que Naaman ne peut plus porter son armure car sa peau est abîmée ? S’il ne peut plus aller au combat et servir son pays  – car les maladies de peau étaient considérées comme contagieuses –  le grand général risque de finir sa vie en reclus, enfermé dans une maison loin de tous… Quelle triste fin !

La petite servante a compassion du général Naaman, elle prend son courage à deux mains pour lui conseiller d’aller voir le prophète Elisée afin qu’il soit guéri. Il faut de l’audace à une esclave pour oser parler de la situation de santé de son maître, c’est le genre de choses qui pouvait lui valoir un châtiment exemplaire, voire la mort ! Mais la petite fille n’y pense même pas, et elle ne raisonne pas en esclave qui veut se venger de ses ennemis. Elle ne pense pas à elle-même, elle voit d’abord un homme qui souffre et elle fait ce qu’elle estime bon pour l’aider à aller mieux. 

Lorsqu’une personne nous a traités en ennemi et nous a fait souffrir, on se dit que si elle souffre aussi, ce n’est que justice, on n’a pas envie de l’aider, on rechigne à faire du bien à nos ennemis…Mais la Parole de Dieu nous encourage à aimer nos ennemis. Car Dieu notre Père aime tout le monde, même ceux qui font du mal aux autres. Nous-mêmes, n’avons-nous jamais fait de mal à personne ? Jésus dit : « Aimez vos ennemis. » Et on ne sait jamais, peut-être qu’un geste de compassion va toucher le cœur de l’ennemi et le transformer pour en faire un frère ? En effet, Naaman part en Israël où il est guéri de sa lèpre, et il revient en croyant qui adore le Dieu d’Israël, il partage désormais la même foi que la petite fille ! Le général et la petite servante sont devenus frère et sœur dans la foi…

Bien sûr, le « happy end » n’est pas garanti à chaque fois ! Parfois l’ennemi reste un ennemi qui ne veut pas changer et devenir plus charitable envers les autres, mais Dieu nous demande de toujours nous montrer gentils, respectueux, bienveillants. C’est le témoignage chrétien le plus fort…

L’estime envers les plus petits 

Naaman est un homme de haut rang, mais il écoute le conseil d’une petite esclave. Il fait preuve d’une humilité peu commune ! Cela montre que dans la vie, comme dit la fable de La Fontaine à propos du lion et du rat, on a souvent besoin d’un plus petit que soi. Il ne faut jamais mépriser les plus petits/jeunes en pensant qu’ils sont trop bêtes pour comprendre la situation ou pas assez compétents pour contribuer à trouver la solution. 

L’évangile de Jean nous raconte l’histoire d’un enfant qui devient la solution pour nourrir une foule immense. C’est un petit garçon qui apporte cinq pains et deux poissons que les disciples trouvent insignifiants : « Qu’est-ce que c’est pour un si grand nombre de personnes ? » Mais le Seigneur Jésus reçoit avec reconnaissance le modeste casse-croûte de l’enfant qui donnera la multiplication grâce à laquelle cinq mille hommes vont manger à leur faim (Jean 6, 9).

La Parole de Dieu nous invite au respect et à l’écoute de ceux qui sont plus petits par l’âge, le statut social, la fonction, l’expérience ou les capacités cognitives.  

Sans la petite servante, le général Naaman serait resté malade toute sa vie. Vous avez peut-être connu des situations où l’aide d’un plus petit a été précieuse. Faites-en le témoignage, ça encouragera certainement beaucoup de gens ! ☺

Cantiques : Seigneur, tu cherches tes enfants – YouTube / Cantiques EPUdF :

Crédit Ruth-Annie Mampembé-Coyault (EPUdF) – Point KT




Tenir bon pendant la crise

Kt en « distantiel » 12-17 ans

Tu as le souhait de faire découvrir à tes catéchumènes un passage de l’épitre aux Ephésiens, comme un texte facile d’accès et porteur de sens, dans notre contexte de pandémie ?

Tu as envie de leur permettre d’expérimenter un approfondissement spirituel pour « résister, tenir bon » pendant une crise ?

 

Voici un parcours en 4 étapes

Chaque étape contient :

  • Une courte explication du-des versets, incluant une actualisation dans notre contexte actuel.
  • La « rencontre » avec un témoin de la foi qui a « résisté, tenu bon » pendant une crise.
  • La possibilité de vivre, pour chaque jeune, un temps de prière personnel chez soi.

En introduction à ces 4 étapes :

  1. Transmettre l’explication de cette démarche, à ta façon, à partir des éléments ci-dessus.
  2. Transmettre aussi les versets 13 à 17 du chapitre 6 de la lettre aux Ephésiens :

13 C’est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu afin de pouvoir résister dans les jours mauvais et tenir ferme après avoir tout surmonté. 14 Tenez bon ! Portez autour de votre taille la vérité en guise de ceinture ; enfilez la cuirasse de la justice ; 15 mettez comme chaussures à vos pieds le zèle pour annoncer l’Evangile de paix; 16 prenez en toute circonstance le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre toutes les flèches enflammées du mal; 17 faites aussi bon accueil au casque du salut et à l’épée de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu.

3. Transmettre enfin les consignes pour la prière :

« Mets-toi dans un lieu calme et en silence. Tu peux allumer une bougie. Respire profondément trois fois, puis lis la prière proposée. Pense à des personnes à qui tu souhaites transmettre plein de positif. Pour finir, tu peux dire amen et éteindre la bougie. »

Etape 1 : Tenir bon pendant les jours mauvais, verset 13

« C’est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu afin de pouvoir résister dans les jours mauvais et tenir ferme après avoir tout surmonté. »

La crise fait partie de notre vie. De la crise d’adolescence à la crise mondiale avec la Covid-19 ou la crise climatique, nous en traversons toutes et tous !

Le mot crise vient du grec « krisis » qui signifie aussi bien décision, jugement que choix, discernement. En temps de crise, on peut réfléchir à ce qui est important dans sa vie, à ce qui lui donne vraiment du sens.

L’apôtre Paul a écrit plusieurs lettres au Ier siècle, pour permettre à des communautés chrétiennes de traverser des crises importantes comme des persécutions. La lettre aux Ephésiens, inspirée très fortement par lui, parle dans son chapitre 6 des « armes de Dieu » pour tenir ferme, tenir bon, pendant les jours difficiles, de souffrance : « les jours mauvais ».

Traverser la crise actuelle, avec les armes que Dieu nous donne, permet de traverser les difficultés ou la souffrance et de construire un projet de vie, de « tout surmonter », de « résister ».

A la rencontre d’un témoin de la foi :

Marie Durand, à 19 ans, une confinée de la foi qui a « résisté » pendant 38 ans !

Marie Durand (1711-1776), reste emprisonnée dans une tour (la tour de Constance), dans le sud de la France, pendant 38 ans car elle refuse de renier sa foi protestante. Va à sa découverte :

https://www.youtube.com/watch?v=DWQmhQ8ODjc

Prière :

Dieu,
Aide-moi à résister pendant cette crise. Aide-moi à résister au désespoir, à la peur de la maladie.
Je sais que je peux tout te dire, que tu me guideras, que tu m’éclaireras. Car tu n’abandonnes pas tes enfants et tu me protèges.
Aide-moi à avoir foi en Toi, à avoir confiance dans la Vie.
Je te demande beaucoup, mais j’ai oublié l’essentiel : merci, mon Dieu, d’être toujours près de moi.

Etape 2 : la ceinture de vérité et l’armure de la justice v14

« Tenez bon ! Portez autour de votre taille la vérité en guise de ceinture ; enfilez l’armure de la justice »

Soldat romain au 1er siècle ap. J-C

Les armes que « Dieu nous donne », sont décrites comme les armes des soldats romains du 1er siècle. Mais les armes de Dieu ne tuent pas ! Elles honorent le Vivant !

  • « la ceinture de la vérité »:

La ceinture militaire du soldat romain portait son glaive et son poignard. Elle était donnée et décorée selon son grade et ses mérites. Elle était la « carte d’identité » du soldat. Jésus dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Porter la ceinture de vérité, c’est avoir Jésus comme « carte » d’identité. C’est placer notre identité d’abord en Dieu, dans le Christ comme source et soutien de notre vie, c’est se reconnaitre comme filles et fils du Dieu Vivant.

  • « L’armure de la justice »:

L’armure du soldat romain lui permettait de résister aux mauvais coups. Pour continuer à se battre, à lutter. Dieu nous donne ainsi une armure pour résister aux mauvais coups et pour continuer à lutter, à nous battre pour plus de justice. Pour quel type de justice veux-tu te battre en 2021 ? Plus de justice sociale ou de justice climatique peut-être ?

A la rencontre d’un témoin de la foi : Nelson Mandela, en prison 27 ans, pour lutter contre l’apartheid !

Il est le premier président noir de la république d’Afrique du Sud. Il accède au pouvoir en 1994, suite aux premières élections nationales non raciales du pays, qu’il a grandement contribué à rendre possibles. Nelson Mandela a ainsi été un des personnages clés de la lutte contre l’apartheid et reste un symbole mondialement connu de la lutte contre le racisme. Son combat acharné lui a valu 27 années d’emprisonnement, mais aussi le prix Nobel de la paix en 1993.

Va à sa découverte (vidéo de 2 minutes 46 secondes) :

https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/afrique-du-sud/nelson-mandela/dans-le-retro-le-jour-ou-nelson-mandela-a-ete-condamne-a-vie_4006103.html

Prière : Invictus ! (Poème préféré de N.Mandela, écrit par W.Henley)

Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce à Dieu quel qu’il soit,
Pour mon âme invincible et fière.

Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Sous les coups du hasard,
Ma tête saigne mais reste droite.

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Et bien que les années menacent,
Je suis et je resterai sans peur.

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.

 

Etape 3 : Chaussures et bouclier : paix et foi !  vv15-16

« Mettez comme chaussures à vos pieds le zèle pour annoncer l’Evangile de paix, prenez en toute circonstance le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre toutes les flèches enflammées du mal »

  • Les chaussures de zèle:

A nos pieds, nous avons des chaussures qui ont du zèle ( ! ) pour annoncer la paix. Cela nous rappelle combien nous sommes des marcheurs, un peuple en marche, en mission. En mission pour la paix ! Jésus va à la rencontre des personnes, des blessé.e.s de la vie, en marchant. Il agissait pour que les personnes retrouvent une paix intérieure et entre eux. Tout comme ses disciples. Nous avons été choqué.e.s par la marche violente du 6 janvier 2021 sur le Capitole américain, contre la démocratie. Être chrétien, c’est marcher aussi bien en soi que sur les routes, pour la paix, pour la réconciliation !

  • Le bouclier de la foi:

A notre bras, nous portons le bouclier de la foi : pour empêcher « les flèches enflammées du mal de nous atteindre ». Le mal, c’est ce qui divise, ce qui rompt la qualité de nos liens. Ce que nous pouvons nommer aussi « le péché ». Porter le bouclier de la foi, c’est ne pas céder à ce qui nous divise avec nous-mêmes ou avec les autres. C’est résister face à l’adversité, refuser de baisser les bras, de céder au désespoir ou à la violence. C’est aimer !

A la rencontre de deux témoins de la foi : Betty Williams et Mairead Corrigan

 

Betty Williams, protestante et Mairead Corrigan, catholique, sont deux activistes pacifistes nord-irlandaises, elles sont lauréates du prix Nobel de la Paix en 1976. C’est la première fois que ce prix est décerné à deux femmes chrétiennes en même temps. En lutte contre la violence et la discorde entre les catholiques et les protestants en Irlande du Nord dans les années 70, elles ont fondé le « Mouvement des femmes pour la paix ».

Va à leur rencontre : (vidéos d’une à deux minutes)

https://www.nobelprize.org/prizes/peace/1976/corrigan/interview/

Prière :

Seigneur,

Secoue nos indifférences,
Rends-nous curieux des choses du ciel,
Mets en nous un grand désir de t’aimer,
De te rejoindre avec tous nos sœurs et nos frères.

Merci pour tes projets de paix,
Merci parce que tu nous ouvres l’avenir,
Parce que tu nous donnes l’espérance.

Etape 4 : Casque et épée ! Fin Prêt.e ! v17

« Faites aussi bon accueil au casque du salut et à l’épée de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu. »

  • Le casque du salut :

                                              ou…                              

Sur notre tête se tient le casque du salut. J’imagine ce casque comme deux mains pleines de tendresse et de douceur qui bénissent et protègent. Ne sommes-nous pas béni.e.s par Dieu, enveloppé.e.s de sa tendresse, sauvé.e.s par sa grâce seule, son amour seul ? être sauvé.e., c’est reconnaitre avec confiance que la souffrance et la mort n’ont pas le dernier mot. Que la vie, la résurrection a le dernier mot.

  • L’épée de la Parole:

A notre main se trouve l’épée de la Parole. La parole peut transpercer nos personnes, nos cœurs, nos âmes comme une épée. Elle peut être source de transformation, de conversion. De l’apôtre Paul en passant par Martin Luther King, avec son célèbre discours « I have a dream », nous sommes témoins de tant de puissantes transformations par la Parole, par une parole qui n’enferme pas, qui n’oppresse pas, mais qui porte la réconciliation et la Vie.

Dieu nous donne en Jésus-Christ, gratuitement et par pur amour, toutes ces armes. Avec ces armes, nous pouvons prendre soin de ce qui est fragile, vulnérable en nous, autour de nous, dans notre monde. En suivant le Christ, qui n’a eu de cesse de rencontrer, guérir et prendre soin, à notre tour, prenons soin, aidons, réparons.

A la rencontre de jeunes témoins de la foi : Visages pluriels

  • Vidéos sur des jeunes de notre église

http://lelab.church/a-propos/#Qui

https://www.reformes.ch/story/2017/11/la-jeunesse-celebre-le-500e-anniversaire-de-la-reforme-geneve-reformaction-reportage

  • Charlotte Frison, 24 ans

« Accro à la montagne, accro à Dieu. » À 24 ans, Charlotte Frison combine ses deux passions au sein des Randos Frassati. Tous les deux mois, cette assistante commerciale, née à Chambéry et familière de la haute Maurienne où elle passait ses vacances, organise un week-end de rando. Que ce soit sur le thème du bonheur, de l’amour ou sur un passage de la Bible, les jeunes montagnards partagent leurs idées en petits groupes.

Cet engagement est aussi pour elle l’occasion d’une ascension intérieure. Car Charlotte ne connaissait « pas grand-chose à la foi », lorsqu’elle a pris en 2016 les rênes des Randos Frassati, qu’un autre jeune épris de montagne et de spiritualité, Loïc Molina, venait de créer avant d’entrer au séminaire. D’une famille « croyante mais pas pratiquante », Charlotte s’était laissé guider dans la foi par un jeune pilote d’hélicoptère, rencontré lors des JMJ en Cracovie, alors que tous deux préparaient leur confirmation, qu’elle épousera en mai.

  • Matthieu Devillard, président de PhilOrient, 27 ans

Il y a quelques années encore, il ne connaissait rien à l’Orient. C’est uniquement « sensibilisé par l’actualité » – l’exode forcé des chrétiens d’Irak et de Syrie – que Matthieu Devillard a eu envie de s’engager pour eux. Ainsi est né en 2016 « PhilOrient », un réseau qui vise à organiser des rencontres entre jeunes chrétiens orientaux et occidentaux, pour « œuvrer à l’unité des chrétiens, en enracinant chacun dans sa culture, sa terre et sa foi ».

C’est l’année qu’a passée Matthieu à Philanthropos, l’institut de formation à l’anthropologie chrétienne de Fribourg (Suisse), qui lui a inspiré l’idée de PhilOrient. « Philanthropos repose sur trois piliers : le spirituel, le fraternel et le culturel. La situation des chrétiens d’Orient faisait écho à ces trois aspects : leur patrimoine religieux est détruit, ils vivent la guerre, et ils risquent de disparaître au Moyen-Orient », explique-t-il.

Prière :

Seigneur, aide-moi à te faire confiance!
Si aujourd’hui tu me demandes
quelque chose qui me dépasse,
comme un pardon ou un partage nouveau,
inspire-moi!

Donne-moi la force et le courage
de répondre à ton appel,
de le prendre chez moi,
de le laisser germer et croître en moi
jusqu’à ce que je voie naître
quelque chose de nouveau dans ma vie.

Dieu de patience,
délivre-moi de la tentation de me culpabiliser
si je ne réponds pas tout de suite à ta parole.
Aide-moi seulement à prendre chez moi,
dans la profondeur de mon être,
ce que tu me demandes si doucement.

Un jour, j’en suis sûre,
je poserai un geste nouveau,
je dirai une parole neuve!

Crédit : Service catéchèse, formation et animation de l’Eglise Protestante de Genève (EPG)




Le sommeil du juste – Psaume 4

Psaume 4, 9 : Le sommeil du juste !

En paix, je me couche en même temps que je m’endors !

Car toi (seul), le seul Yhwh, tu me fais -demeurer(habiter) en confiance (sécurité)

Cette traduction, plus littérale, essaye de rendre compte d’un verset qui, mine de rien, n’incite guère au sommeil, mais bien plus à l’insomnie, tellement chacun de ses termes est lourd de sens… Invitation à une petite immersion dans ce texte riche avant de s’écrouler de fatigue :

Les Psaumes

Dans sa forme finale, ce que l’on nomme le Psautier, est d’un point de vue littéraire une anthologie de divers textes. Les éditeurs ont recherché des œuvres variées qu’ils ont regroupées selon un classement bien précis et théologique. Le recueil est, par exemple, divisé en cinq collections débutant par un prologue (Psaume 1) et ouvrant sur un épilogue (Psaume 150). Les 5 collections 1. Psaumes 2 à 41 ; 2. Psaumes 42 à 72 ; 3. Psaumes 73 à 89 ; 4. Psaumes 90 à 106 ; 5. Psaumes 107 à 149. Notre extrait est la conclusion du Psaume 4, qui se situe dans la première collection. Par la symbolique du cinq, les compilateurs des Psaumes signifient que le Psautier est un enseignement primordial dans le domaine liturgique. Mais revenons à nos moutons que nous allons compter, cherchant vainement le sommeil, une fois l’ensemble du Psaume 4 parcouru…

Psaume 4

Le psaume fait partie de la collection des Psaumes dits de « confiance » où un croyant harcelé par son entourage, se sait exaucé par Dieu en milieu hostile. Il vaut la peine de parcourir tout le chemin pour vraiment comprendre sa conclusion au verset 9.

  • v.1 : Indications de la provenance, du genre musical et de la dédicace…
  • v. 2 : Invocation à Dieu du plaignant comptant sur la justice divine !
  • v. 3 : Reproches à ceux qui le calomnient par des paroles mensongères et creuses -Pause-
  • v. 4 : Le Seigneur entend la plainte du fidèle
  • v. 5 : Ceux qui parlent trop, mettez-la en veilleuse car la nuit porte conseil une fois que vous aurez ruminé tout cela en vos cœurs… -Pause-
  • vv. 6-7 (eux) : Les actes de justice contribuent au bonheur des individus…
  • v. 8 (moi) Le bonheur est dans mon cœur et non dans les temps de prospérité !
  • v. 9 Une fois cela intégré, je dors du « sommeil du juste » !

L’on constate que jusqu’au verset 5, celui qui parle, crie, supplie, invoque… dénonce une situation de stress où des gens mal intentionnés lui mettent la pression ! Ce n’est qu’une fois qu’il les réduit au silence – en tous cas il en a fermement l’intention-, qu’il leur indique une voie à suivre et qu’il sombre dans un sommeil profond et non plus peuplé de cauchemars.

Psaume 4, 9 ou comment passer de l’insomnie au sommeil réparateur ?

Comment cet individu peut-il passer du stade du harcèlement et de la médisance à un abandon à la confiance divine ? Comment peut-il se calmer intérieurement en un temps record, alors que je mets un temps fou à réduire cette nervosité qui ne me quitte pas ? Cette conclusion, en guise de happy end, contient différents thèmes, regroupés de manière condensée ici :

  • Le shalom (la paix) qui n’est pas simplement un état de non-guerre, mais bien cette condition ultime où plus rien ne saurait m’atteindre…
  • Le processus de se coucher implique une attitude physique, mais également une symbolique forte. Se coucher à terre évoque l’idée d’être renversé de son trône, de la position d’être humain debout et digne… L’acte dernier étant la mort à travers la fameuse expression du Livre des Rois : « Il se coucha avec ses pères…»
  • L’endormissement est vu comme un processus dangereux qui place l’humain en situation de grande vulnérabilité. Selon l’Ancien Testament c’est l’apanage du paresseux et de l’indolent, sans cesse fatigué et très mal vu par la littérature de sagesse…
  • S’asseoir, s’installer, se laisser mettre en place, habiter, demeurer sont inhérents à la sédentarisation de l’individu. C’est tout de même vu comme un grand luxe à cette époque ou le commun des mortels passe le plus clair de son temps dans des activités agricoles ou en chemin, à gagner sa « croûte ». La sédentarisation reste une affaire de « riches » … C’est lorsque l’on a le temps de se poser de tout son long que la machine à « ressasser » démarre…
  • Pour avoir accès à cette sédentarisation, il faut un climat de confiance et se sentir en sécurité… Du style : « Prière de ne pas déranger… »

La qualité de la literie à l’époque

L’humain ordinaire, en ces temps bibliques, dormait quotidiennement à même le sol sans véritable confort. Quelquefois on pouvait utiliser une simple natte, que l’on roulait en journée ou emportait en voyage, comme « tapis de sol » contre l’humidité. Il n’y avait pas vraiment de pièce réservée au couchage et la famille au sens large dormait ensemble. Les « riches » avaient néanmoins des lieux « privés et climatisés » -chambres hautes- avec de véritables cadres de lits, assortis de matelas fins et d’une literie raffinée. L’humble devait se contenter d’une couverture ou de son long manteau dont il pouvait se recouvrir… A part le mobilier de luxe qui possédait une sorte de porte-nuque, il n’y avait pas non plus d’oreiller pour poser sa tête… En général, le repos est considéré comme quelque chose de mérité après une rude journée de labeur, mais il met aussi l’individu en position de fragilité… En effet, la nuit est le royaume des démons où rodent tous les dangers. Pour cette raison, Dieu ne dort jamais… Il est sans-cesse sur le qui-vive ! Etant donné la mortalité très importante, sombrer dans le sommeil pouvait aussi impliquer ne plus se réveiller le lendemain ! Il semblerait que les gens de l’époque avaient plutôt le sommeil léger et qu’ils se méfiaient de cette tentation de sombrer dans les bras de « Morphée ». D’ailleurs ceux qui y ont cédé, sont plutôt raillés dans les textes ou ont pâti de certaines conséquences désagréables (jugement peut-être un peu trop subjectif) :

  • Dieu envoie Adam faire la sieste et il en ressort sans côte, mais avec une partenaire…
  • Elie ridiculise Baal parce qu’il dort et qu’il a du mal à se réveiller…
  • Samson s’endort sur les genoux de Dalila et se retrouve « chauve » …
  • Jonas dort à fond de cale pendant que le tempête menace…
  • A plusieurs reprises dans le nouveau Testament, ceux qui veillent sont valorisés au détriment de ceux qui s’endorment…

Et nous, ça nous parle ?

Un rap des années 80 qui décrit bien nos situations

Ce précurseur dans le domaine peut être un point de départ pour amorcer les discussions avec des adultes ou des enfants :

Cinq heures du mat’ j’ai des frissons/Je claque des dents et je monte le son
Seul sur le lit dans mes draps bleus froissés/C’est l’insomnie, sommeil cassé
Je perds la tête et mes cigarettes/Sont toutes fumées dans le cendrier
C’est plein d’Kleenex et d’bouteilles vides

J’suis tout seul, tout seul, tout seul…

 (Chagrin d’amour : « Chacun fait c’qui lui plait… »)

Questions à débattre avec les jeunes

  • Pour beaucoup d’entre nous c’est l’insomnie, sommeil cassé… Le stress, les soucis, les rumeurs, les critiques, la pression des résultats, la responsabilité croissante, la peur d’un avenir incertain ; voilà déjà de quoi alimenter le débat…
  • Mais aussi tous ces simulateurs qui, sans cesse, nous maintiennent en éveil : les ordinateurs, les smart phones, les téléviseurs, les SMS et autres notifications sonores à toutes heures de la nuit… N’est-ce pas une forme de harcèlement à laquelle nous nous soumettons de bon gré et comment la surmonter ?
  • Tous ces stimuli ressemblent à un train de jour et de nuit qui ne cesserait de rouler, à fond, vers nulle part sans arrêt ni but… Le tout serait de nous maintenir éveillé pour ne plus être en état de penser ?
  • Si les adultes ont le sommeil agité, beaucoup d’enfants également. Cette idée, des démons de la nuit, se retrouve dans leurs cauchemars et peurs…
  • Le doudou n’est-il pas cet « objet » de confiance que l’on traîne avec soi dans des endroits inconnus ?
  • Et si foncer, éveillé et toujours sollicité, était une manière d’oublier Dieu, d’oublier de trembler, de peser les choses, d’avoir peur, trembler de vigilance face à moi-même et me retrouver seul avec mon « cœur » ?
  • Qu’est-ce qui perturbe ma vie et m’interdit le repos ? La routine, la vitesse, le désir, la norme, l’opinion des autres, la barre que je me place trop haute ?

Et si cette confiance (sécurité) offerte en Dieu, rendait l’humain qui tremble et fuit en avant, soudain capable de vivre sa propre solitude et ses limites en les déposant dans son cœur et justifié devant Dieu ?    En paix, je me couche en même temps que je m’endors ! Car toi (seul), le seul Yhwh, tu me fais -demeurer (habiter) en confiance (sécurité) !

Crédit Frédéric Gangloff (UEPAL) – Point KT




Les béatitudes : Méditations à usage catéchétique

Parcours en 8 étapes

Tu as le souhait de faire découvrir à tes catéchumènes « les Béatitudes », comme un texte facile d’accès et porteur de sens, dans notre contexte actuel de crise, avec cette pandémie ?

Tu as envie de leur permettre d’expérimenter un approfondissement spirituel autour de la prière, en lien avec la pratique de la fraternité des Veilleurs ?

  1. Voici un parcours sur 8 jours ou 8 étapes à ta convenance, qui se base sur une béatitude par jour.

Chaque étape contient :

  • Une courte explication de la béatitude, incluant une actualisation dans notre contexte actuel.
  • La possibilité de vivre, pour chaque jeune, un temps de prière personnel chez soi à la pause de midi, en communion avec les membres de la fraternité des Veilleurs. Puisque chaque midi, les membres de la fraternité prient de là où ils sont, en récitant les Béatitudes et en priant pour un sujet d’intercession. Des centaines de veilleurs de part le monde le font à la même heure.

2. En créant un groupe whats’ app avec tes catéchumènes par exemple, tu peux envoyer chaque jour l’explication de la béatitude avec la proposition du temps de prière. Ou par mail ou autre…

Si la fraternité des Veilleurs t’intéresse, ou pour transmettre le lien à tes jeunes :
https://sites.google.com/site/fratspirituelledesveilleurs/la-fraternite-des-abeilleres

3. En introduction à ces 8 étapes :

  • Transmettre l’explication de cette démarche, à ta façon, à partir des éléments que je viens de te donner.
  • Transmettre aussi le texte des Béatitudes dans l’évangile selon Matthieu 5, 1-11 :

1 A la vue des foules, Jésus monta dans la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. 2 Et, prenant la parole, il les enseignait :

3 « Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux.
4 Heureux les doux : ils auront la terre en partage.
5 Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés.
6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés.
7 Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde.
8 Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu.
9 Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu.
10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux.

4. Transmettre enfin les consignes pour la prière du temps de midi :

« Mets-toi dans un lieu calme et en silence. Respire profondément trois fois, puis récite/ lis les « Béatitudes ». Puis pense/prie pour les malades, et le personnel soignant pour leur transmettre plein de positif. Prêt.e pour ce défi ? »

5. Tu peux aussi adjoindre une photo sympa pour chaque béatitude.

A titre d’exemple, tu as une proposition pour chaque étape.

Parcours sur les béatitudes avec photo

Crédit Nicole Rochat – Point KT




Jésus et l’aveugle Bartimée

Francine Guyaz raconte l’histoire de l’aveugle Bartimée avec des marionnettes en photo.

Une jolie manière de faire découvrir que Jésus porte son attention envers ceux que tous rejettent et veulent faire taire.

 

 

 

 

 

Crédit : Nicole Rochat




« Man Hû »

Vous cherchez comment raconter des histoires bibliques à l’aide d’objets symboliques ? Le site « Man Hû » recèle tout plein de trésors pour vous !

« Man Hû » est un outil de narration biblique et d’animation approprié pour l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte, ainsi que pour des rencontres intergénérationnelles et œcuméniques, outil développé par le Centre Œcuménique de Catéchèse de Genève (COEC). Il s’inspire directement de l’approche catéchétique Godly Play®, notamment dans la façon de présenter les histoires bibliques, de les raconter et les questions posées en fin de narration.

L’intitulé « Man Hû » fait référence au récit de l’Exode 16 :

“Du haut du ciel, je vais faire pleuvoir du pain” (v.4)

Le peuple de Dieu se voit offrir cette nourriture lors de sa traversée du désert, suscitant un questionnement :

“Qu’est-ce que c’est ?” (v.15)

Susciter un questionnement, chercher des pistes, des ébauches de réponses… voilà le type de spiritualité que nous souhaitons favoriser.
Ainsi, des récits bibliques ou liturgiques sont racontés aux participants en s’appuyant sur des objets symboliques.
Parfois, il s’agit d’une animation ou d’un atelier s’attachant à la symbolique.

Pour en savoir plus :
Qu’est-ce que c’est ?

Comment ça marche ?

Qui sommes-nous ?

Crédit : Nicole Rochat – Point kt




Le sage sur le roc…

Étude de Matthieu 7,24-27 : les deux maisons. Voici une parabole que l’on raconte volontiers aux enfants… et si les adultes l’étudiaient… qu’en feraient-ils ?

Introduction à l’évangile selon Matthieu- sa place dans la Bible. Un des livres du Nouveau Testament Le Nouveau Testament (NT) comprend 27 livres de longueurs variables, tous écrits en grec par divers auteurs à des dates différentes au cours du 1er siècle. Ils ont été transmis par d’innombrables manuscrits, le plus ancien est daté de l’an 135. Les livres sont rangés par leur genre littéraire : évangiles, actes, lettres, apocalypse et par leur longueur. Chaque livre est divisé en chapitres, selon la division proposée par Etienne Langton et attestée en 1226. Les chapitres ont été eux-mêmes divisés en versets par Robert Estienne, au cours d’un voyage en diligence en 1551[1]. Ces précisions sont importantes : elles obligent tout lecteur du Nouveau Testament à lire de manière critique les extraits bibliques, à vérifier le début et la fin de chaque « histoire » et à prendre en considération, ce qui précède, ce qui suit et même tout le livre. Le livre de Matthieu est composé de 28 chapitres et de 1068 versets. (Il a presque la même taille que l’évangile de Luc).

 Matthieu, le premier évangile Le mot français « évangile » est directement dérivé du grec « euaggelion » qui désignait primitivement la récompense que l’on accordait à un messager pour la transmission d’une bonne nouvelle. Par extension, ce terme désigna la bonne nouvelle elle-même [2]. Cette Bonne Nouvelle concerne Jésus de Nazareth, le fils de Dieu, le Messie. L’auteur de l’évangile de Matthieu respecte profondément le livre et l’autorité de Marc, qu’il recopie. Il a conservé 606 des 661 versets de Marc, bien qu’il abrège presque chaque épisode de Marc (de 20 à 30 % en moyenne). Mais en bon scribe, il traduit et interprète. Plus exactement, il réécrit l’évangile de Marc pour donner un sens nouveau à son texte [3]. Il a 330 versets que l’on ne retrouve ni chez Marc, ni chez Luc [4]. En évangéliste, Matthieu rapporte, à sa manière propre, la vie et l’enseignement de Jésus [5], le Christ. L’intention de l’œuvre est donnée dès le début du livre : Son nom sera Emmanuel, « Dieu avec nous » et il va « être avec » les disciples jusqu’à la fin des temps [6].

 Un plan de livre difficile à établir. Les spécialistes discutent la question de la composition du livre de Matthieu. Trois plans différents se dégagent aujourd’hui

Le plan géographique permet de situer le ministère de Jésus en Galilée (4,12 à 13,58), puis dans les régions limitrophes et en route vers Jérusalem (chapitres 14 à 20) et enfin à Jérusalem même (chapitres 21 à 28). Nul n’a pu montrer l’intention théologique d’une telle répartition qui a le mérite de donner un cadre géographique [7].

Le plan didactique met en évidence les cinq « discours » de Jésus, chacun se rapportant à un thème précis. Ils se terminent tous par la formule « Or, quand Jésus eut achevé ces instructions… ». De fait, on distingue cinq blocs : les chapitres 5 à 7 ; 10 ;13 ;18 et 24-25. Chaque discours est précédé d’une section narrative plus ou moins longue. Les récits de l’enfance inaugurent le livre de Matthieu et les récits de la Passion et de la Résurrection de Jésus terminent le livre [8].

Le plan en deux parties. Dans la première (chapitres 3 à 13), Jésus se présente à son peuple, mais celui-ci refuse de croire en lui. Tout puissant en œuvres et en paroles, Jésus envoie ses disciples annoncer la Bonne Nouvelle ; les auditeurs sont confrontés à l’option pour ou contre lui. Dans la deuxième partie (chapitres 14 à 28) Jésus parcourt le chemin qui le mène à Jérusalem, de la croix à la Résurrection [9].

 Histoire du livre de Matthieu Si Matthieu 22,7 fait allusion à la destruction du Temple et de Jérusalem, alors la rédaction de l’évangile selon Matthieu peut être située après les années 70 de notre ère. Les spécialistes s’accordent pour situer la rédaction du livre de Matthieu vers les années 80-90 [10].

Qui est Matthieu ? Qualités littéraires Matthieu insiste sur les Écritures juives qu’il connaît, sur la Loi et les coutumes juives qu’il n’explique pas : ses auditeurs ou lecteurs doivent donc comprendre le sujet du débat, étant du même milieu que lui. Il insiste sur l’accomplissement de l’Écriture en la personne de Jésus. Le Christ est présenté comme le Messie promis, mais aussi comme le Maître par excellence, enseignant une nouvelle justice, une nouvelle fidélité à la loi de Dieu [11]. Il ne s’agit pas d’être un « nouvel Israël » mais « LE véritable Israël » [12]. La différence est importante, car la nouveauté religieuse était assimilée à une secte alors qu’en affirmant que Jésus accomplit la tradition juive, Matthieu proclame Jésus comme le Messie attendu -et non reconnu- par Israël. Le livre de Matthieu montre l’accomplissement par Jésus des prophéties faites à Israël.

Sa théologie (en lien avec l’histoire des deux maisons) : pour l’auteur de l’évangile, Jésus est le Messie. Il propose une nouvelle Alliance, qui est ouverte à tous. Il s’agit maintenant de faire le bon choix.

 D’après la tradition historique. La plus ancienne tradition ecclésiale (Papias, avant l’an 150) identifie l’auteur avec l’apôtre Matthieu-Lévi, ainsi que le feront de nombreux Pères de l’Eglise (Origène, Jérôme…). A travers son œuvre, l’auteur se révèle être un lettré juif, devenu chrétien, versé dans les Écritures et passé maître dans l’art de présenter Jésus, insistant toujours sur les conséquences pratiques de son enseignement. Le texte est pétri de traditions juives et utilise un vocabulaire palestinien [13].

 Aujourd’hui la thèse selon laquelle le disciple Matthieu est l’auteur de l’évangile (9,9 et 10,3b) n’est plus défendue [14]. Certains exégètes pensent que Matthieu a « fait son autoportrait » dans le scribe « devenu disciple du royaume des cieux » (Matthieu 13,52) [15]. La grande majorité pense que Matthieu était sans aucun doute un juif. Probablement de Palestine, qu’il a pu être témoin de la guerre juive de 66-73. On trouve des allusions possibles à la destruction du Temple de Jérusalem en l’an 70. Il pourrait appartenir à une communauté hellénistique, composée de juifs convertis et de gentils, ce qui expliquerait son bilinguisme. Pour certains, Matthieu est le témoin d’une transition douce entre le judaïsme et le christianisme [16]. Pour d’autres, Matthieu est le témoin d’une séparation consommée entre la communauté à laquelle s’adresse l’évangéliste et le judaïsme de son temps.[17]. Certains spécialistes pensent que l’Église de Matthieu était importante, souvent identifiée à l’Église d’Antioche de Syrie [18].

Tous reconnaissent en Matthieu un génie bilingue. Il écrit en grec, pense en hébreu [19] et développe une très grande qualité de composition pour son écriture (voir les différentes propositions de plan ci-dessus). Il utilise un vocabulaire typiquement palestinien et le texte a pu être écrit en Syrie ou en Phénicie. Il y a des expressions typiquement matthéennes, par exemple « leurs synagogues – votre synagogue ». Elles prouvent que l’auteur est dans une situation non définie, encore mouvante et complexe. Il semblerait que les chrétiens ne vont déjà plus à la synagogue mais n’ont pas encore coupé les ponts avec le judaïsme officiel. « Il s’agit de frères ennemis non encore séparés [20]».

Les deux maisons

Les discours Cinq discours rythment le livre de Matthieu :
  • chapitres 5 à 7 – le discours sur la montagne, règlemente la vie pour ceux qui suivent Jésus. Relations humaines et relations avec Dieu.
  • Au chapitre 10 : ordres et conseils à ceux qui partent annoncer la Bonne Nouvelle,
  • puis au chapitre 13 : présentations de paraboles du royaume et clauses de la vie dans la future Église.
  • Le chapitre 18 aborde comment vivre ensemble entre frères et sœurs dans une communauté chrétienne
  • et les chapitres 24-25 : comment attendre la victoire finale ou les évènements eschatologiques.

Le discours du Sermon sur la montagne. Le « Sermon sur la montagne » est le premier des cinq discours de Jésus. Il représente presque un cinquième de l’évangile de Matthieu. C’est un joyau, qu’il s’agit de lire entièrement, mais aussi à l’intérieur de l’évangile, afin de n’en pas perdre le sens. Le sermon sur la montagne n’est pas le début de l’histoire de Jésus. D’après Matthieu, des disciples le suivent, des guérisons ont eu lieu. Le discours s’adresse à des chrétiens, lesquels viennent du judaïsme, et qui se demandent comment vivre harmonieusement la Loi de Moïse et sa mise en pratique à la lumière de l’exigence de Jésus.

 Parabole des deux maisons. Qu’est-ce qu’une parabole ? Ce n’est en tout cas pas un message simplifié du Christ, des paroles pour les enfants. Au contraire, la parabole est difficile, « son vrai sens est réservé, non pas à l’intellectuel, mais au croyant.[21]» Jésus utilise la parabole pour trier les croyants des incroyants, pour donner une image du Royaume de Dieu… il emploie ce langage caché qui contraint à la recherche.

╬ Animation

Attention : nous étudions uniquement le texte de Matthieu 7 (pas de comparaison avec Luc ou autre source – pour le moment)
Avant d’entrer dans la parabole que nous connaissons peut-être, écrivons ce dont nous nous souvenons chacune pour soi. Restituer le texte biblique de tête aiguisera notre attention lors de la lecture qui suivra.
Mise en commun (avons-nous, ensemble, restitué tout le texte) : Dessiner l’histoire façon Bande Dessinée
Lire le texte : (plusieurs traductions)
Travailler les sentiments : qu’est-ce que je n’aime pas ? qu’est-ce qui me dérange ? qu’est-ce qui me met mal à l’aise ?
Travailler l’intellect : qu’est-ce qui distingue les deux personnes ? La tempête est-elle de même intensité ?
En groupe de 2 personnes, reconstituer le puzzle (télécharger le puzzle)

Quels versets pourrions-nous superposer ? Cet exercice nous fait découvrir la structure du texte.

Mathieu 7,24-27 « Donc tout (homme) qui écoute ces miennes paroles et les pratique sera comparé à un homme sage qui a bâti sa maison sur le roc. Et la pluie est tombée et les torrents sont venus et les vents ont soufflé et ils se sont précipités contre cette maison, et elle n’a pas croulé car elle avait été fondée sur le roc. Et tout (homme) qui écoute ces miennes paroles et ne les pratiquant pas sera comparé à un homme fou qui a bâti sa maison sur le sable.Et la pluie est tombée et les torrents sont venus et les vents ont soufflé et ils se sont heurtés contre cette maison et elle a croulé et sa chute était grande »

Donc (oun) L’expression ne doit pas être négligée : la suite du texte introduite par « donc » est directement liée à ce qui précède, au minimum les versets 21 à 23 (traduction TOB) « Il ne suffit pas de me dire : ‘Seigneur, Seigneur !’ pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. Beaucoup me diront en ce jour-là : ‘Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ? En ton nom que nous avons chassé les démons ? En ton nom que nous avons fait de nombreux miracles ? Alors je leur déclarerai : ‘Je ne vous ai jamais connus ; écartez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité !’ » Ces paroles sont très dures ! Matthieu, préfère l’expression « Royaume des cieux » à celle de « Royaume de Dieu » des autres évangiles. La nature de ce Royaume et les modalités de son avènement sont longuement décrites dans les paraboles des chapitres 13 et 22. Le Royaume des cieux est déjà là, mais d’une façon cachée. Il est surtout une réalité paradoxale : avant d’être promis aux justes, il l’est aux pécheurs ; avant d’être promis aux Juifs, il l’est aux païens. Enfin, l’entrée dans le Royaume est exigeante, les richesses sont considérées comme un obstacle majeur [22].

Il faut faire la volonté de mon Père. Dans le discours de Jésus, il y a ceux qui parlent (« Seigneur ! Seigneur ! ») … et ceux qui font. Et parmi ces derniers, il y aura encore une distinction précisée plus tard.

mon Père qui est aux cieux. L’expression rappelle la prière « Notre Père… », donnée en Matthieu 6,9. Reconnaître Jésus comme Seigneur n’est pas suffisant, il faut aussi faire la volonté du Père. La puissance de Dieu est totale dans le ciel. Le ciel devient un modèle que la prière « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » évoque mal. Il vaudrait mieux dire « Que ta volonté soit faite sur la terre comme elle l’est déjà au ciel ». Aujourd’hui, placer Dieu dans le ciel, c’est l’envoyer très loin de notre vie quotidienne. Or, il s’agit de le placer au cœur de nos choix et de notre vie : dans notre ciel intérieur !

Beaucoup me diront en ce jour-là… Faut-il comprendre l’expression « en ce jour-là » comme le jour du jugement ? Le texte rappelle Matthieu 25, 31 et suivants. Jésus replace toute la vie de l’homme chrétien dans la perspective du jugement dernier qui finalement révélera la manière dont la Parole du Royaume aura été mise en pratique. [23]

Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ? en ton nom que nous avons chassé les démons ? en ton nom que nous avons fait de nombreux miracles ? Voilà l’autre catégorie de personnes mentionnée plus haut. Des personnes chassent les démons au nom de Jésus, elles font même des miracles, mais elles ne seront pas reconnues par Jésus lorsque le temps viendra de rendre des comptes ; Et pour aider à apprendre à distinguer les prophètes des faux prophètes, Jésus donne deux images : les fruits des arbres (verset 15 à 20) et les deux maisons (versets 24 à 27)

Traduction TOB « Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous vêtus en brebis, mais qui au-dedans sont des loups rapaces. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Cueille-t-on des raisins sur des buissons d’épines, ou des figues sur des chardons ? Ainsi tout bon arbre produit de bons fruits. Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un arbre malade porter de bons fruits. Tout arbre qui ne produit pas un bon fruit, on le coupe et le jette au feu. Ainsi donc, c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. »

Donc, quand un discours commence par « donc », il faut se prendre le temps de se souvenir de ce qui a été dit avant. Et « donc » ici devient presque menaçant : personne ne saurait se soustraire à l’avertissement qui va suivre.

Tout homme qui écoute mes paroles – mes paroles que voilà – ces miennes paroles  (tous logous toutous aux versets 24,26 et 28) Les paroles sont celles de Jésus : elles ont été déployées dans les trois chapitres précédents, dans son enseignement. L’expression insiste sur l’autorité de l’enseignement de Jésus. Nous avons lu depuis le verset 21, mais « ces paroles que voilà » font référence au début du discours (chapitre 5). Pour Matthieu, Jésus est le Messie que le peuple Juif attendait. Ses paroles sont bien plus puissantes que les paroles de rabbins ou de prophètes. « N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi et les Prophètes : je ne suis pas venu abolir mais accomplir ». L’affirmation de Jésus en Matthieu 5,17 se trouve être un passage particulier à Matthieu. L’auteur du livre de Matthieu veut prouver que Jésus de Nazareth est bien le Messie annoncé par les Prophètes. Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus reconnait l’autorité de la Torah et l’accomplit par son enseignement et sa manière d’être. L’enseignement de Jésus se termine, et l’auditeur, tout comme le lecteur actuel sont mis en face d’une grande alternative : celle de suivre les commandements et en conséquence, de recevoir les bénédictions… ou de ne pas mettre en pratique et d’encourir le malheur [24]. L’examen de conscience peut commencer.

 Mettre en pratique /ne pas mettre en pratique – Faire /ne pas faire (poiein) Dans cet exemple, nous avons donc deux catégories de personnes : ceux qui écoutent les paroles de Jésus, les mettent en pratique… et ceux qui ne les mettent pas en pratique ; ils sont comparés tous deux à un homme qui construit sa maison. « Mettre en pratique », à la lumière de l’Ancien Testament, est très fortement lié au vocabulaire de l’Alliance contractée entre Dieu et son peuple. Mais ce qui est révolutionnaire dans le livre de Matthieu, c’est qu’on n’entre plus dans l’Alliance en appartenant au peuple d’Israël, mais en reconnaissant Jésus comme Seigneur et Maître. Le déplacement théologique est considérable : le pilier de la foi n’est plus la Loi, mais la reconnaissance du Christ comme Messie, qui a autorité sur elle. Il y a ici une tension, car pour bien écouter, il ne faut rien faire (cela nous rappelle Marthe et Marie). Et l’auditeur est à l’écoute de l’enseignement de Jésus. Mais justement, pour Jésus, écouter ne suffit, il faut une mise en application, il faut faire. Le verbe poiein se trouve en Matthieu 5,19 et 46 ; 7,12, 24 et 26. Le verbe « faire » revient 9 fois dans les versets 13 à 27 ; Lorsque la négation est associée au verbe, elle se teinte d’une notion menaçante. Pour ceux qui ne mettent pas en pratique, c’est la ruine qui leur est annoncée. La lecture de ces versets nous questionne (même aujourd’hui) : qu’elle action as-tu faite pour être témoin de ma Bonne Nouvelle, pour réaliser les volontés de mon Père ? [25] La pointe de la parabole est très précise et plutôt agressive : elle en veut à ceux qui écoutent mais ne mettent pas en pratique.

 Sera comparé à un homme (omoiothesetai) Le grec utilise le futur pour dire que l’homme sera comparé (omoiothesetai) … l’expression n’est pas très logique en grec, car l’homme ne sera pas comparé dans une circonstance future, comme au jour du jugement. C’est maintenant, (imparfait sémitique) que Jésus va dire à qui cet homme ressemble [26]. L’utilisation du futur indique le temps du jugement qui viendra… et le thème de la tempête qui surgit dans la suite du texte permet l’association d’idées avec le jugement [27].

Sage /fou Le premier homme est qualifié de prudent, de sage (phronimos). Le deuxième constructeur est qualifié de fou, de stupide, d’insensé (moros). Il est facile de retenir cette parabole en utilisant les parallélismes antithétiques comme homme sage/homme fou ou bâtir sur roc/bâtir sur le sable. Mais pourquoi sont-ils qualifiés de sage et de fou ? Tous deux ont entendu l’enseignement de Jésus, tous deux construisent une maison… mais sur des terrains différents ! Et c’est le choix de ce terrain qui les qualifie de sage ou de fou.

Construire une maison Dans la parabole de Matthieu, l’homme qui écoute l’enseignement de Jésus ressemble à l’homme construisant sa maison. L’exemple n’est pas absurde, l’homme est dans ce qu’il construit. Matthieu de donne pas de détails : l’homme est-il seul à construire ? a-t-il des amis ? des ouvriers ? est-ce une grande maison ? ou une petite ? combien de pièces ? Pas de détail architectural : maison palestinienne ? romaine ? toit plat ? Ces détails aucune importance pour l’enseignement donné. Par contre, le choix du lieu de la construction est très important. Là est la sagesse de l’homme prudent qui a su choisir le bon fondement. Là est la folie de l’homme qui a construit sur le sable.

Roc/Sable Matthieu met en scène deux sols différents : le roc et le sable. En Palestine, le roc propice à la construction ne manque pas. Le constructeur n’est pas spécialement intelligent, il fait ce qu’il y a à faire dans les conditions concrètes du sol palestinien. Le rocher (petra) y est propre à la construction en Galilée comme en Judée [28]. Luc utilise la même image, mais y ajoute bien plus de sueur car son constructeur avisé doit creuser et poser des fondations sur le roc.   Cette partie de l’image est souvent comprise ainsi : on fait de la parole de Jésus le roc sur lequel édifier sa vie. Mais la pointe du texte est ailleurs : elle est dans le fait de mettre en pratique les paroles de Jésus [29]. Il n’est pas précisé comment ces deux constructeurs mettent en pratique la parole de Jésus. Le sable (ammos) dans l’Ancien Testament est qualifié de sable de mer, mais c’est aussi une terre meuble comme celle de l’Egypte. On peut songer en Galilée à ces terres légères qui sont au sud du lac ou dans la plaine de Génésareth. Choisir un pareil sol est insensé. C’est ainsi que la parabole de Matthieu est parfaitement cohérente. Personne dans le pays ne se soucie de faire des fondations profondes : le sage bâtit sur la roche, l’autre sur un terrain peu résistant [30]. L’un est qualifié de sage, l’autre de fou parce qu’ils ont choisi le terrain de construction [31]. Le fou aurait pu être sage s’il avait construit sa maison sur des pilotis, donnant ainsi des fondations solides à sa maison.

 Et …L’écrivain grec a placé 14 fois cette conjonction (kai), elles donnent du rythme à l’histoire et tiennent le lecteur en haleine.

Pluie, torrents, vents Arrivent la pluie, les torrents et les vents. La pluie (broke) peut désigner la pluie d’irrigation ou la pluie orageuse. Ici pas de doute, c’est bien d’une pluie d’orage qu’il s’agit. Les torrents (potamoi) sont les torrents de la mauvaise saison palestinienne (de décembre à mars). Ils se forment pendant les grosses pluies, sont imprévisibles et surtout, ils emportent tout sur leur passage [32]. Les vents (anemoi) sont la dernière calamité météorologique de l’histoire. Certains les comprennent comme des tourbillons locaux [33] . Le père Lagrange préfère y voir une météorologie normale et connue des habitants du bord du lac de Galilée « Il est rare que le vent renverse une maison. Mais outre que le vent est l’accompagnement inéluctable des grandes pluies, il est quelquefois assez violent pour abattre des toits et même des murs en terre battue, comme nous l’avons vue à Jéricho en 1912 .[34]» Bref, ce sont les grosses bourrasques de vent et de pluie mêlées. L’image de la tempête, dans l’AT désigne souvent la colère et la condamnation divines. Attention à une interprétation hâtive ! Cette tempête ne fait probablement pas allusion aux difficultés courantes de la vie (maladie, deuil, adversités diverses). Les versets 25 et 27 sont des parallélismes exacts selon les habitudes sémitiques. Et introduisent deux conclusions différentes…

Se sont précipités contre / sont venus battre (prosepesan) / (prosekopsan) Le radical de ce verbe est utilisé à deux reprises. Et pourtant, la nuance pourrait induire que l’intensité de la tempête était grande, bien plus grande que la seconde tempête. Le plus important, c’est la suite.

Elle n’a pas croulé car elle avait été fondée sur le roc – Elle a croulé et sa chute était grande Le résultat de l’histoire est différent par rapport à l’attitude du début ! Une maison en place pour l’un, une maison écroulée pour l’autre propriétaire. Les derniers mots du discours produisent un effet chez le lecteur que nous sommes. « Il n’est pas possible d’échapper à une réflexion sérieuse sur l’enjeu vital qui accompagne la décision inéluctable de conformer ou non son existence à l’enseignement de Jésus. [35]» Ce qui est clairement mis en avant dans cet enseignement, c’est l’action éclairée après l’écoute de l’enseignement de Jésus. Après le Sermon sur la montagne, un temps nouveau a commencé. Un temps qui ne détruit pas le monde existant, dans lequel nous sommes appelés à vivre intelligemment, qu’il faut gérer, pour soi et pour les autres en attendant la fin. Ici un appel est fait à l’intelligence, par opposition à la bêtise. Il est intelligent et profitable d’écouter la parole de Dieu et celui qui l’explique avec clarté, Jésus.

  • Les deux maisons chez … Elicha ben Abouyà

Vers 130 après JC Elicha ben Abouya disait « Celui qui a beaucoup de bonnes œuvres et sait bien résoudre les difficultés d’après la Loi, à qui ressemble-t-il ? A un homme qui en construisant met d’abord des blocs de pierre, puis des briques. Les flots qui viennent battre la construction ne peuvent l’entrainer de sa place. Au contraire celui qui a de grandes connaissances de la Loi, mais peu de bonnes œuvres, à qui ressemble-t-il ? A un homme qui en bâtissant met d’abord les briques, puis ensuite les blocs ; le bâtiment tombe pour un peu d’eau.[36]». D’après Lagrange, cette citation rabbinique ne pourrait être la source de la parole de Jésus, au contraire ! Elle aurait été utilisée par Elicha pour développer la pensée de Jésus.

… et chez Luc 6,47-49 Dans Matthieu, comme dans Luc, la réinterprétation de la loi par Jésus se termine par cette parabole : « Tout (homme)  venant à moi et écoutant mes paroles et les pratiquant, je vous montrerai à qui il est comparable. Il est comparable à un homme bâtissant une maison, qui a creusé et approfondi et a posé le fondement sur le roc. Une crue s’étant produite, le torrent s’est rué contre cette maison et il n’a pu l’ébranler, pour cela (qu’) elle avait été bien bâtie. Mais celui qui a écouté et n’a pas pratiqué est comparable à un homme ayant bâti une maison sur la terre, sans fondement, contre laquelle s’est rué le torrent, et aussitôt elle s’est écroulée et la ruine de cette maison fut grande. »

Les différences de contenu entre les deux versions de la parabole :

  • Luc décrit avec force détails la technique de construction : il faut creuser, excaver profondément avant de poser les fondations. Chez Matthieu, pas autant d’efforts ! La solidité de la maison matthéenne dépend du fondement (roc) alors que chez Luc, l’accent est mis sur la construction (décrit par trois verbes : creuser, approfondir, fonder sur le roc).
  • Matthieu décrit les pluies torrentielles de la Palestine, alors que Luc dépeint une inondation venant de la crue d’un cours d’eau.
  • Enfin, Matthieu détaille l’intempérie pour arriver à une chute, alors que Luc parle de ruine. Il est certain que les auteurs ont adapté la parabole aux conditions géologiques et climatiques de leur milieu.
  • Pour Luc il faut prendre de la peine. De même qui quiconque n’a pas pris la peine de creuser des fondations est exposé à voir tomber sa maison au jour de l’inondation, ainsi le disciple qui ne pratique pas résolument ce que le Christ a enseigné se laissera emporté par l’épreuve.[38] Pour Matthieu, le message est de mettre en pratique l’enseignement de Jésus.
  • Matthieu a répété son texte sans avoir peur de lasser son auditoire : au contraire, ses répétitions permettent de s’en souvenir par cœur : c’est un procédé mnémotechnique rabbinique. Chez Luc, l’histoire est la même, mais le parallélisme bien moins grand. Ce qui fait dire aux spécialistes que l’écriture de Luc est plus tardive que celle de Matthieu [39].

 Conclusion Finalement, quelle actualisation tirer de l’enseignement de Jésus ? Tous entendent l’enseignement de Jésus. Certains mettent en pratique cet enseignement … et ils vivront heureux. La conclusion renvoie au début de la parabole, ces gens-là seront comparés à un homme sage. D’autres ne mettent pas en pratique les paroles entendues, leur folie n’est pas de ne pas avoir discerné les paroles de Jésus, mais d’en n’avoir rien fait. Et pour eux, la chute sera grande. A la lumière de 1 Corinthiens 10,4, la tradition de l’Eglise a souvent interprété cette parabole comme une allégorie, affirmant que le roc, c’était Jésus [40]. Lecture devenue courante chez les réformateurs. Mello ose une double conclusion « La parole, c’est l’écoute. La roche c’est la pratique. Une écoute qui n’a pas de fondation s’évanouit. La foi doit s’enraciner dans l’amour. Mais peut-être que la parabole de Matthieu est une parabole en acte : la maison c’est le discours sur la montagne, au terme duquel nous sommes arrivés, et la roche c’est la ‘Loi et les Prophètes’ sur lesquels il est fondé : il ne peut y avoir d’écoute des paroles de Jésus qui ne tienne compte de l’Ancien Testament. L’enseignement de Jésus est ‘l’accomplissement’ de la construction, mais ses fondations incontournables sont celles-là même que le Père avait déjà mises en place par la bouche de Moïse et des prophètes. [41] » Pour Thayse, « Mettre en pratique, c’est aller à la rencontre de la réalité quotidienne, c’est s’immerger dans la vie, vocation de chaque homme…. Le génie de Jésus a été de de percevoir que c’est dans la vie ordinaire la plus simple, dans des actes accessibles à tous, et donc compréhensibles par tous, que se joue et se construit la vie, que se parcourt le chemin où ‘la vie de l’ego va se changer en celle de Dieu lui-même’ (M. Henry). [42]» Pour Suzanne de Diétrich, « Jésus veut être obéi ; croire en lui, c’est accepter de se laisser constamment juger et rappeler à l’ordre par sa parole ; c’est naître à cette vie de l’amour que lui seul peut créer en nous ; c’est vivre jour après jour le du pardon de Dieu… [43]» Roux de son côté est affirmatif « Autrement dit, la foi qui ne produit pas les œuvres n’est pas la foi ; et, inversement, les œuvres ne peuvent pas exister sans la foi … mais pouvons-nous délibérément nous ranger de nous-mêmes et avec sérénité du côté de ceux qui écoutent la Parole et la mettent en pratique ? [44]»

Actualisation d’écriture « Celui qui entend vraiment les paroles que je dis et les transforme en actes est semblable à un maçon qui construit sur le roc : bien des cataclysmes surviendront, mais la maison résistera. Celui qui m’entend sans m’entendre, qui ne transforme pas les intentions en actes, est semblable au maçon qui construit sur le sable : si les mêmes cataclysmes surviennent, la maison de sa vie sera emportée.[45] »

La conclusion du Sermon sur la montagne, versets 28-29, développe ce que la parabole a commencé « Quand Jésus eu achevé ces instructions, il arriva que les foules étaient hors d’elles-mêmes du fait de son enseignement ; c’est qu’il enseignait avec autorité, non comme leurs scribes.[46]» 

Bibliographie

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ROUX Hébert, L’Evangile du Royaume. Commentaire sur l’Evangile selon saint Matthieu. Editions labor et Fides, Genève, 1956
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[ 1] Léon-Dufour, Introduction XV,3 [ 2] Jay, page 87 [ 3] Mello, page 23-24 [ 4] Jay, page 95 [5] Les spécialistes actuels abandonnent de plus en plus la théorie d’une seconde source appelée « Paroles de Jésus » ou « Logias » ou « Source Q » (du mot allemand Quelle = source). Matthieu et Luc auraient utilisés cette collection de Paroles, ce qui expliquerait les points en communs entre ces évangiles. [ 6] TOB, Introduction à Matthieu [ 7] TOB, Introduction à Matthieu, page 1611 [ 8] Jay, pages 96-97 [ 9] Bonnard nomme Léon-Dufour, page 7 [10] TOB, Introduction à Matthieu [11] TOB, Introduction à Matthieu [12] TOB, Introduction à Matthieu, page 1613 [ 13] TOB, Introduction à Matthieu [ 14] Cuvillier, page 22 [ 15] Mello, page 15 [16] Mello, page 52 cite K. Stendahl « The School of St Matthew and Its Use for the Old Testament » [ 17] Cuvillier, pages 22-23 [ 18] Jay, page 106 [19] Mello, page 16 [20] Bonnard, page 3 [21] Maillot, page 10 [22] Jay, page 103 [23] Roux, page 88 [24] Dumais, page 306 [25] Bonnard, page 107 « Ces versets ne décrivent pas une loi psychologique selon laquelle l’obéissance à la loi renouvelée assurerait la solidité de l’homme ; ils sont un avertissement prophétique adressé à des auditeurs déjà menacés par un certain quiétisme spirituel. » [26] Lagrange, page 157 [27] Dumais, page 306 [28] Lagrange, page 157 [29] Bonnard, page 109 [30] Lagrange, page 158 [31] Bonnard, page 109 Attention. Il ne faudrait pas y voir une allusion aux passions, désirs, bonnes volontés fragiles de la vie sans Dieu [32] Lagrange, page 157 [33] Bonnard, page 109 [34] Lagrange, page 157 [35] Dumais, page 306 [36] Lagrange, pages 158-159 [37] Benoit et Boismard, paragraphe 75 [38] Lagrange, page 158 [39] Dumais, page 305 [40] Dumais, pages 306-307 [41] Mello, page 152 [42] Thayse, pages 67-68 [43] De Diétrich, page 58 [44] Roux, page 89 [45] Parmentier, page 38 [46] Bonnard, page 110

Crédit, Laurence Gangloff (UEPAL) – Point KT