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Noël des animaux et pourquoi pas ?

Image « Et les animaux, pourquoi ils n’ont pas de cadeaux ? »
Par cette question, les enfants nous demandent à leur façon : que fêtons-nous à Noël ? Un événement qui n’a de valeur que pour nous, les humains ? Ou qui concerne aussi les animaux et l’ensemble de la création ?

Dans l’imagerie populaire, par exemple dans de nombreux contes de Noël, les animaux ont une place importante. Autour de la crèche, outre le bœuf et l’âne traditionnels, on représente souvent d’autres animaux venus pour la naissance de Jésus. Durant la nuit de Noël, disent certaines histoires, les bêtes peuvent même se mettre à parler.

Bien sûr, on peut estimer cette imagerie mièvre et sentimentale. Mais elle témoigne, à sa manière, d’une authentique dimension de Noël : celle d’une réconciliation de toute la création. Dans le témoignage biblique, c’est en effet pour le monde entier qu’est attendu un messie. Afin que soient restaurées la paix et la justice sur l’ensemble de la terre, pour toutes les créatures.

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Une promesse pour toute la terre
Dans le livre d’Esaïe, l’annonce de la naissance d’un nouveau David, issu de la racine de Jessé, est suivie par une magnifique évocation d’un monde réconcilié :
« Alors le loup séjournera avec l’agneau, la panthère aura son gîte avec le chevreau.
Le veau et le lionceau se nourriront ensemble, et un petit garçon les conduira.
La vache et l’ourse se lieront d’amitié, leurs petits seront couchés côte à côte.
Le lion comme le bœuf mangera du fourrage.
Le nourrisson jouera sur le nid du serpent,
et le petit garçon pourra mettre la main dans la cachette de la vipère.
On ne commettra ni mal ni dommage sur toute la montagne consacrée au Seigneur,
car la connaissance du Seigneur remplira le pays
aussi parfaitement que les eaux recouvrent le fond des mers. [Es 11,6-9]
Alors pourquoi, au-delà des images d’Epinal, ne pas se réjouir à Noël la naissance de celui qui est venu fonder sur la terre règne de justice et de paix pour les êtres humains et l’ensemble de la création de Dieu.
Par exemple, si on en a la possibilité, en célébrant un Noël des animaux.Vivre Noël au cœur de la nuit
Il y a deux ans, lors d’une émission de la télévision suisse romande, Gabriel de Montmollin, théologien, racontait comment se déroule dans sa famille ce rite d’un Noël des animaux.

Chaque année, petits et grands se rendent dans la forêt, au cœur de la nuit. Et là, après avoir décoré un arbre, ils déposent des cadeaux pour les animaux : des graines, quelques fruits ou légumes. Puis, après un chant, on retourne à la maison en laissant l’arbre éclairé dans la nuit, sans se retourner. Car la tradition veut que si l’on regarde, les animaux disparaissent.

Il y a dans cette habitude familiale bien des éléments intéressants. A commencer par un côté à la fois féerique et ludique, rituel et spontané. Sortir dans la nature, quitter l’agitation et les zones éclairées autour des maisons pour entrer dans le silence et l’obscurité de la nuit donne une autre dimension à ce moment d’une célébration de Noël. Les participants se retrouvent au fond dans la même situation que les personnages de l’histoire biblique, vivant au cœur de la nuit un mystère qui les dépasse.

Par la venue du Christ la terre est habitée par une présence qui n’éblouit pas les regards, mais dont on cherche des signes, comme des traces de lumière au milieu de la nuit.
Noël est alors une invitation à reprendre pied dans la simplicité de notre monde, dans ce qu’il a de humble et de concret. A se redécouvrir reliés non seulement aux autres, mais aussi à tout ce qui vit, à l’ensemble de la création. Parce que tous, nous sommes portés par l’amour de Dieu, et appelés à découvrir et à vivre son règne sur cette terre qu’il a créée.Déposer dans la nuit, au pied d’un arbre bien vivant, quelques légumes pour les animaux, n’est-ce pas rappeler, à Noël, quelque chose de la dimension universelle que Dieu a voulue pour la naissance du Christ ?
(Crédit: Nicolas Künzler)