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Dieu et le hasard

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1er étape de la réflexion : Une vidéo qui présente une théorie de complot

A chaque crise le nombre de théories du complot augmente… La crise actuelle, dans une période où les réseaux sociaux jouent un rôle important, voit le nombre de telles théories augmenter de manière exponentielle.

La vidéo sous ce lien présente une théorie de complot qui est inventée de A à Z par des lycéens pour montrer et décrypter ses mécanismes. Très instructif pour visualiser et échanger avec des adolescents.

2e étape de la réflexion : Un article dans l’hebdomadaire « Réforme » du 16 juillet 2020

Titre : « La mécanique bien huilée du conspirationnisme »

Auteur : Louis FRAYSSE

Citations

« ‘Parler de ‘complots’ n’a rien d’une aberration, car leur existence est avérée dans l’histoire’, relève Julien Giry, chercheur en science politique à l’université de Rennes 1. ‘En revanche, l’appellation ‘théorie du complot’ me semble être un faux ami. Le propre d’une théorie scientifique est en effet d’être réfutable, ce qui n’est pas le cas des théories du complot où tout est mensonge, sauf l’hypothèse centrale : l’existence même du complot. Je préfère parler de ‘conspirationnisme’, qui évoque un système de pensée où tout événement peut être intégré à une sorte de mégacomplot universel.’ »

« Davantage que la construction longuement réfléchie d’une critique, le conspirationnisme s’apparente plutôt à un ‘réflexe interprétatif’, note Aurélie Ledoux (1). En témoigne, pour ne prendre qu’un exemple, la rapidité foudroyante avec laquelle les thèmes complotistes apparaissent lorsque survient un événement majeur. En janvier 2015, les premières rumeurs complotistes étaient ainsi apparues sur Internet moins d’une heure après la fusillade à Charlie Hebdo – les conspirationnistes disposent donc d’un appareil rhétorique prêt à être promptement mobilisé. Le conspirationnisme, par ailleurs, ne laisse aucune place au hasard, avance la philosophe : ‘Il considère que tout ce qui arrive possède une signification cachée, qu’une regard perçant pourra atteindre.’ S’il n’y a pas de hasard, c’est que tout est intention. Les complotistes, résume Aurélie Ledoux, n’admettent pas qu’un événement ait lieu indépendamment de la volonté, généralement perverse, de quelques hommes tout-puissants. L’espèce humaine a une très mauvaise appréhension du hasard, on le voit avec les nombreux biais cognitifs dont nous sommes tous victimes, précise Loïc Nicolas. »

Philosophe.

Pour faire découvrir l’article aux jeunes, il est possible d’utiliser le texte à trou du document joint ici  Article Reforme à trous – hasard

Quelques remarques sur l’article

  • Dans cet article le terme « conspirationnisme » est utilisé de manière presque synonyme de ce que nous appelons souvent une « théorie du complot ». L’auteur explique dans le premier paragraphe pourquoi il préfère ce terme.
  • L’auteur explique que selon une théorie du complot, il n’y a pas de hasard. Tout ce qui nous arrive doit avoir une explication. Si elle n’est pas apparente, alors elle est secrète (on nous la cache !) et on l’invente (ou selon les conspirationnistes : on la révèle).

3e étape de réflexion : Dieu et le hasard

Mettre une nappe en papier ou deux grandes feuilles de papier sur une table, avec deux citations à commenter. On commente les citations selon la méthode du dialogue muet : chacun.e écrit sa réaction sur la nappe. On peut ensuite commenter les commentaires des autres (bien sûr en respectant leur point de vue, sans gros mots…).

Les deux citations

  • Albert EINSTEIN : « Le hasard, c’est Dieu qui se promène incognito ».
  • Pour le chrétien, le hasard n’existe pas.

Quelques points de réflexion

  • Dans l’histoire, le hasard a été utilisé (en science et philosophie) pour nier Dieu comme origine de notre vie et de celle du monde. Cette pensée n’est pas neutre : c’est penser que le hasard fait les choses aussi belles qu’une terre qui tourne autour du soleil et a amené la complexité d’une vie humaine/animale… En même temps, n’oublions pas que la science ne peut avoir « Dieu » comme présupposé et explication et qu’elle doit baser ces théories sur des choses qu’on peut vérifier.
  • Le complotisme nie le hasard, mais ce n’est pas la même chose que quand des chrétiens nient le hasard. Pour les premiers une source malveillante ou perverse nous cache des choses, tandis que pour des chrétiens qui disent que le hasard n’existe pas, c’est souvent pour dire qu’une source bienveillante est à l’origine de ce qui nous arrive : un Dieu d’amour.
  • Le hasard ne peut pas devenir la raison pour laisser notre vie se dérouler sans se poser un minimum de questions. Le hasard n’exclue pas notre responsabilité. En tant que chrétiens nous refusons le hasard comme fatalité qui régnerait sur notre vie. Dans ce qui nous arrive, nous cherchons plutôt les signes de la présence de Dieu.
  • Dieu/hasard, source malveillante ou bienveillante : c’est une façon de donner sens à ce qui nous arrive et qu’on ne peut pas expliquer avec notre raison.

4e étape de la réflexion : Le hasard dans la Bible

2 textes bibliques qui parlent de hasard

JONAS 1 (traduction NFC)

1La parole du Seigneur fut adressée à Jonas, fils d’Amittaï :
2« Lève-toi, pars pour Ninive, la grande ville. Prononce des menaces contre elle, car sa méchanceté est arrivée jusqu’à moi. »
3Et Jonas se leva… pour fuir à Tarsis, loin du Seigneur. Il se rendit à Jaffa, où il trouva un navire prêt à partir pour Tarsis. Il paya sa place et embarqua avec l’équipage pour aller à Tarsis, loin du Seigneur.
4Mais le Seigneur lança un vent violent sur la mer. Il y eut une telle tempête que le navire sembla prêt à se briser.
5Les marins furent saisis de peur, chacun appela son propre dieu à grands cris. Puis ils jetèrent le chargement à la mer pour alléger le navire. Jonas, lui, était descendu au fond du bateau, il s’était couché et dormait profondément.
6Le capitaine du navire s’approcha de lui et l’interpella ainsi : « Que fais-tu là ? tu dors ? Lève-toi donc, appelle ton dieu au secours ! Il se souciera peut-être de nous, lui, et il ne nous laissera pas mourir. »
7Les marins se dirent entre eux : « Tirons au sort pour connaître le responsable du malheur qui nous arrive. » Ils tirèrent au sort et le sort tomba sur Jonas.
8Ils lui dirent alors : « Raconte, d’où nous vient ce malheur ? Que fais-tu ici ? D’où viens-tu ? Quel est ton pays, ton peuple ? »
9Jonas leur répondit : « Je suis hébreu et c’est le Seigneur, le Dieu qui est dans les cieux et qui a créé les mers et les continents, qui est mon Dieu. »
10Les marins furent saisis d’une grande crainte en apprenant qu’il s’enfuyait loin du Seigneur. « Pourquoi as-tu agi ainsi ? lui demandèrent-ils.
11Que devons-nous faire de toi pour que la mer s’apaise autour de nous ? » La mer était en effet de plus en plus démontée.
12Il leur répondit : « Prenez-moi, jetez-moi par-dessus bord et la mer s’apaisera. Car c’est à cause de moi que vous subissez cette grande tempête. »
13Les marins ramaient pour essayer de gagner la terre ferme ; mais ils ne réussirent pas, car la mer se déchaînait encore plus.
14Alors ils appelèrent le Seigneur au secours : « Ah, Seigneur, ne nous laisse pas perdre la vie à cause de cet homme ! Ne nous rends pas non plus responsables de la mort de quelqu’un d’innocent. Car c’est toi, Seigneur, qui as agi comme tu l’as voulu. »
15Puis ils prirent Jonas, le jetèrent par-dessus bord, et la tempête cessa de faire rage.
16Alors ils furent remplis de crainte à l’égard du Seigneur ; ils lui offrirent un sacrifice et lui firent des promesses solennelles.

LUC 10 (traduction NFC)

25Un spécialiste des Écritures intervint alors. Pour tendre un piège à Jésus, il lui demanda : « Maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle ? »
26Jésus lui dit : « Qu’est-il écrit dans notre Loi ? Comment le comprends-tu ? »
27Il répondit : « “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force et de toute ta pensée.” Et aussi : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” »
28Jésus lui dit alors : « Tu as bien répondu. Fais cela et tu vivras. »
29Mais le spécialiste des Écritures voulait se justifier. Il demanda donc à Jésus : « Et qui est mon prochain ? »
30Jésus répondit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho lorsque des brigands l’attaquèrent, lui prirent tout ce qu’il avait, le battirent et s’en allèrent en le laissant à demi-mort.
31Par hasard, un prêtre descendait cette route. Quand il vit le blessé, il passa de l’autre côté de la route et s’éloigna.
32De même, un lévite arriva à cet endroit, il vit le blessé, passa de l’autre côté de la route et s’éloigna.
33Mais un Samaritain, qui voyageait par là, arriva près du blessé. Quand il le vit, il fut bouleversé.
34Il s’en approcha davantage, versa de l’huile et du vin sur ses blessures et les recouvrit de pansements. Puis il le plaça sur sa propre bête et le mena dans une auberge, où il prit soin de lui.
35Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, les donna à l’aubergiste et lui dit : “Prends soin de lui ; lorsque je repasserai par ici, je te paierai moi-même ce que tu auras dépensé en plus pour lui.” »

Comme support d’un échange avec les jeunes, voici quelques pistes de réflexion

  • Qu’en pensez-vous de ces deux textes ?
  • @ Jonas : Est-ce qu’on peut croire que Dieu désigne toujours la bonne personne en tirant au sort ?
  • @ Le bon samaritain : Quand nous rencontrons des personnes qu’on peut aider, est-ce que c’est par hasard qu’elles croisent notre route ?

Crédits : Marlies Voorwinden avec les catéchumènes de l’EPUdF de Beaucaire-Tarascon et du Pays d’Arles , séance de janvier 2021 – Point KT