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Luther dessine-moi une rose

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luther-2623843_640Voici une petite saynète (comprenant quatre personnages) pour présenter Luther, et plus particulièrement sa vie et sa rose. Trois personnages sont actuels… le dernier est tout logiquement Luther ! Saynète proposée par Corinne Scheele.

4 Personnages : Luther , un Couple : Francis et Jeannette (ou tout autre couple !) et une Vendeuse

Accessoires : Poupée Dark Vador, Canard Luther, boite de médicaments Lutherol, rose de Luther, Pancarte de magasin : « À la bonne réforme », Pancartes « Promotions de la semaine »,  T-Shirt Réformation (vendeuse), Carton, Playmobil Luther, Plume, Encrier, Bible, Bible en grec et un Cahier

Jeannette et Francis se promènent, comme dans une rue piétonne

Jeannette : eh bien, Francis, je suis heureuse d’avoir fini nos emplettes ! Nous avons trouvé des cadeaux pour tout le monde, nous allons faire des heureux ce dimanche !

Francis : à qui le dis-tu? Je déteste faire les magasins ! Surtout le samedi, avec tous ces retraités qui se pressent, alors qu’ils ont toute la semaine pour se dégourdir les jambes en ville, non ?

Jeannette : Rohh, arrête de râler, pense plutôt à la joie de ton petit-fils quand il va découvrir son jouet !

Francis : tu as raison… Alors, ça, il va adorer (il sort la poupée Dark Vador), ce truc est trop rigolo, avec sa cape, et son…

Jeannette : cependant, je ne vois toujours pas ce que c’est, ce personnage, on dirait le pasteur, le dimanche, avec un casque de motard !

Francis : mais enfin Jeannette, Stars Wars? (Jeannette fait non de la tête) La guerre des étoiles? Luke Skywalker? Dark Vador ?

Jeannette : Dark Vador?

Francis : c’est lui, Dark Vador ! (prend une voix sépulcrale) Je suis ton père !

Jeannette : je suis ton père? Mais qui voudrait d’un père pareil ? Il est flippant, ton père !!

Francis : ben oui, d’ailleurs, quand Luke Skywalker combat avec lui, avec son épée laser, il ne sait pas que c’est son père, parce que tu comprends, Dark Vador, c’est le méchant de l’histoire ! D’ailleurs, qu’est-ce que tu crois que ça veut dire, Dark Vador, hein? Figure toi qu’en hollandais, Père se dit Vader, donc certains pensent que…

Jeannette : mais qu’est ce que c’est que ce cadeau, Francis? Tu veux que ton petit-fils fasse des cauchemars ?

Francis : mais non, je… (il regarde autour de lui pour trouver un échappatoire à la conversation) oh, Jeannette, regarde, une nouvelle boutique !  Ils s’approchent

Jeannette, regardant les pancartes : « À la bonne Réforme »… oh, regarde, ils font des promotions !

Francis, (voulant faire oublier la précédente discussion) : on peut y faire un tour, si tu veux?

Jeannette, (souriant en se moquant de lui) : Francis, au fond de toi, je crois que tu es un retraité qui adore faire les magasins le samedi ! Ils entrent, et commencent à regarder les objets vendus

Jeannette : Oh, regarde, le joli playmobil !

Francis : Ah, parce que lui, il ne ressemble pas au pasteur ?

Jeannette : Rohh, comme tu es ! Oh, regarde, le petit canard, comme il est rigolo !

Francis : Tu devrais plutôt prendre ça, non, ça ressemble à des médicaments : voyons voir, du… Lutherol… qu’est-ce que c’est que ça? Quelle drôle de boutique… !

Jeannette : en effet… que peut bien signifier ce symbole (prenant la rose de Luther)

Vendeuse, arrivant : bonjour Monsieur-dame ! Bienvenue à « La bonne réforme » !

Jeannette : Bonjour Madame, nous nous demandions quel était l’objet de votre boutique ? Ce bonhomme, là?

Vendeuse : Non, non, vous n’y êtes pas ! Ce que vous voyez là, ce sont des petits objets rigolos pour parler de grandes choses ! C’est que cette année, nous fêtons un grand anniversaire, 500 ans que ce petit bonhomme, justement, Luther, nous a rendu le Père !

Jeannette : Le Père? (S’adressant à Francis) Décidément, après Dark Vador…

Vendeuse : Ne bougez pas, je vais vous chercher de la documentation pour vous expliquer tout ça… (Elle s’en va ; Francis et Jeannette restent là)

 Cantique (installation Luther qui écrit, traduisant)

Luther : Alors, voyons voir : dikaïosunè gar théou èn autô apokaluptetaï ek pisteos eïs pistine, katos guegtaptai : o dé dikaïos ék pisteos ksèsetaï.. ok, facile : c’est en lui, en effet, que la justice de Dieu est … apokaluptetaï… hon… (se gratte la tête… regarde autour de lui, remarque Jeannette et Francis)… eh vous, apokaluptetaï, vous traduisez comment?

Francis : Eh bien, euh, je ne sais pas trop…

Luther : Vous n’avez pas fait de grec?

Jeannette : Eh bien, euh, non…

Luther : Hon, alors j’imagine que l’hébreu, je repasserai… bon, tant pis… (Revenant à ses affaires)… apoka -machin : révélée, ainsi qu’il écrit : le juste vivra par la foi… (Content de lui) yeap !

Jeannette : Excusez-nous, Monsieur, euh, mais que faites-vous?

Luther : Luther, ma bonne dame, Martin Luther, pour vous servir ! Enfin, pour servir Dieu, et donc du coup, pour vous servir, vous voyez, quoi…

Francis : Pas vraiment, non…

Luther : Je traduis la bible, mon bon monsieur ! Pour vous !

Francis : C’est fort gentil, Monsieur, mais j’ai ce qu’il faut à la maison, une bible déjà toute en français!

Luther : (interloqué) ah bon? (Regarde autour de lui) ah oui, pardon, j’avais oublié où j’étais, tout occupé que j’étais à ma tâche… Mais revenons au passé ! Il y a 500 ans, vous n’auriez pas pu avoir une bible en langue vernaculaire dans vos mains !

Francis : En verna-quoi ? Qu’est ce que j’en ferais?

Luther : Vernaculaire, la langue que vous parlez, vous, donc le français pour vous… sans vouloir me vanter, c’est un peu grâce à moi que vous pouvez la lire, vous faire une opinion par vous-même, et rencontrer le Père !

Francis : Comment ça?

Luther : Moi, j’étais un moine ! Comme la plupart des moines de mon époque, je ne connaissais pas la bible par moi-même, en entrant au couvent… d’ailleurs, personne ne l’avait jamais lu, parmi le peuple, puisque la bible était toujours lue en latin, et que seule une poignée de gens avait appris le latin! Moi, avant d’ouvrir la bible, j’étais bien obligé de croire, comme tout le monde, ce que disaient les prêtres, ceux qui savaient ! Alors je vivais dans la peur, nous vivions dans la peur, vous n’imaginez même pas, du péché, le véniel, le capital, de l’enfer, du Purgatoire, de Dieu lui-même !! Alors, vous comprenez, payer des indulgences pour aller plus vite au paradis ou éviter l’enfer, pour soi-même ou pour ses proches, morts ou vivants, ben on était d’accord ! Un peu d’argent éphémère contre le paradis éternel, ce n’était pas si choquant, au fond !

Jeannette : Et qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis?

Luther : J’ai ouvert la bible, ma chère, j’ai pu lire par moi-même ! Et là? Là? Incroyable ! Incroyable, je vous dis ! Le Dieu qu’on nous vendait, au sens littéral, c’était portnawak !! La grâce, sola gratia, La foi, sola fide, ce sont ses premiers et derniers mots, Jean-Pierre !!

Francis : Non, moi, c’est Francis !

Luther : Justement ! Dieu sait comment vous vous appelez, Francis, et il vous aime, vous !!

Francis (en montrant sa femme) : et Jeannette ? Elle aussi, il l’aime?

Luther : elle aussi, bien sûr ! Et tout ce que vous avez à faire, c’est de croire en cet amour, c’est de l’accepter, c’est avoir foi en ce Père que Jésus-Christ est venu nous révéler ! Au diable les indulgences! Payer la grâce de Dieu!!?? Mais enfin, quel mensonge !!! Rien que d’y penser, ça m’énerve encore !!

Jeannette : Respirez, à votre âge, ce n’est pas conseillé !! Voilà, c’est mieux… alors, qu’avez-vous fait?

Luther : J’ai enfoncé le clou, vous pensez ! J’ai placardé mes 95 thèses contre les indulgences sur la porte de l’Eglise de Wittenberg !! Paf paf paf !!

Jeannette : Et que s’est-il passé?

Luther : Oh, j’ai eu un chouïa d’ennuis après, évidemment… on a cherché à me faire taire, même à me tuer, mon Église m’a fichu dehors, plutôt méchamment ! Heureusement, des gens ont compris mon combat, m’ont protégé et m’ont aidé… ainsi, j’ai pu continuer mon travail : j’ai traduit toute la bible, depuis l’hébreu et le grec, en allemand, pour que tout le monde puisse la lire… donc, Francis, en langue quoi, si vous m’avez écouté ?

Francis : En langue vernaculaire, j’ai bien compris… bravo, sacré travail ! Et après?

Luther : Après, grâce à tout cela, et parce que des princes étaient acquis à ma cause, j’ai pu reprendre une vie normale… enfin, normale, j’ai épousé une bonne sœur, moi, l’ancien moine, et j’ai continué mon ministère, à partager le trésor de la bible, sola scriptura, la grâce de Dieu, sola gratia, et la foi de l’homme en réponse, sola fide !! De bourgade en bourgade, de région en région, de pays en pays, chacun homme a pu rencontrer Dieu et sa parole lui-même !

Jeannette : Monsieur Luther !! Quel homme !! Que ne savez-vous faire ? (Prenant la rose) C’est vous qui avez dessiné cette charmante rose?

Luther : Monsieur Francis, vous en avez de la chance, avec Madame Jeannette, elle est charmante, elle me fait penser à ma chère Catherine, si attentive… oui, chère madame, dans cette petite rose, j’ai dessiné l’essentiel de ma foi…

Jeannette : Dites-nous !

Luther : Une seconde, le temps que je rassemble mes affaires… pendant ce temps-là, chantez, chantez la grâce du Seigneur!

Cantique

Jeannette : Alors, Monsieur Luther ?

Luther : Oui, donc… (Il dessine en même temps) tout part du centre, là… qu’est ce qui est au centre de la foi? La Croix, La Croix du Christ, mort et ressuscité à Pâques !! C’est le centre… puisque c’est le centre, c’est dans notre cœur, c’est ce qui nous donne vie, c’est ce qui nous motive !! Cœur, donc… vous suivez? Ok… quand on vit avec Jésus dans le cœur, notre vie est transformée, comme on est aimé, on aime à notre tour, voici la rose blanche, symbole de la foi qui rayonne autour de nous, symbole de la joie et de la paix ! Pour nous y aider, Dieu est avec nous par son esprit, avec les petites flammes qui sont là, l’esprit qui donne au croyant de rayonner !! Tout cela, nous le vivons sous le bleu du ciel, couleur de l’espérance que nous donne Dieu ! Et tout cela, encore, est dans un cercle doré, comme l’or, qui est éternel, pour rappeler que la promesse de Dieu à notre égard ne passera pas…

Francis : Pas mal, vous pourriez bosser dans La PUB !

Jeannette : Mais c’est superbe, en fait, votre rose, c’est vrai qu’il y a toute la relation entre Dieu et l’homme !

Luther : Tout à fait, merci Jeannette ! Comme dit, Francis, vous avez de la chance de…

Francis : Oui, c’est bon, j’ai compris ! (Se tournant vers Jeannette) … c’est quand même franchement pas mal, ça, on pourrait acheter quelques roses à offrir dimanche, tu ne crois pas?

(Pendant ce temps là, Luther s’est éclipsé) Monsieur Luther, on va prendre une douzaine de roses à offrir, s’il vous plaît ?

(La vendeuse revient, les bras chargés de sa documentation)

Vendeuse : Pardon? Il n’y a que moi ici… voilà, j’ai trouvé de quoi satisfaire toute votre curiosité à propos de Luther!

Jeannette : Non, merci, ça ira, nous avons réfléchi, pendant votre absence, et nous avons décidé de prendre des roses… et un playmobil pour notre petit-fils, un canard pour moi, et du Lutherol pour Francis (qui fait la moue)

Vendeuse: Ah bon, très bien… (elle calcule et tend la note au couple, qui la regarde)

Jeannette : Mais vous n’avez pas compté les roses ?

Vendeuse : Ah, mais non, Madame, les roses, c’est gratuit, comme la grâce de Dieu !

Chant des enfants : Libre Martin (sur la musique de Pauvre Martin, de Georges Brassens)

1/ Avec une Bible à l’épaule, avec son cœur et son allant, avec son cœur et son allant ;

Avec à l’âme un grand courage, il s’en allait prêcher aux gens.

Refrain : Libre Martin, Martin Luther, parcourt la terre, défie le temps.

2/ Pour semer la Parole de vie, de l’aurore jusqu’au couchant, de l’aurore jusqu’au couchant,

Il annonçait partout la grâce, en tous les lieux par tous les temps.

3/ Sans laisser voir sur son visage, ni l’air blasé, ni l’air pédant, ni l’air blasé, ni l’air pédant,

Il traduisait de page en page l’amour de Dieu pour les vivants.

4/ Et quand les grands lui ont fait signe de s’arrêter encore à temps, de s’arrêter encore à temps,

Il se leva et d’un air digne il refusa de faire semblant.

5/ Et aujourd’hui fils de Luther, fils de Calvin, fiers protestants, fils de Calvin, fiers protestants,

Nous disons tous sans frontière : de Dieu nous sommes les enfants.

Refrain final : Merci Calvin, merci Luther, Dieu nous libère, nous sommes vivants !

(Les enfants regagnent leur place)

Épilogue

Jeannette : Eh bien Francis, cette fois ci, je suis bien contente d’avoir fini nos emplettes, et quelles emplettes ! Ces dernières, tu vois, je les ai dans mon cœur, j’ai envie de faire pousser des roses en moi et autour de moi !

Francis : Moi aussi… sacrée rencontre, ce Luther qui nous a rendu le Père…

Jeannette : Et Dark Vador, alors ?

Francis : Ben tu l’as dit toi-même : on dira que c’est le pasteur avec un casque de moto, ça les fera rire !

Auteure : Corine Scheele