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Comment « Pleinledo » est devenu « Lépido »

Comment « Pleinledo » est devenu « Lépido » ou  Le mystère de vie des petites morts ! Derrière ces titres bizarres, voici une narration de Frédéric Gangloff pour faire vivre l’expérience de Pâques aux enfants. Les papillons et leur cycle de vie deviennent un symbole pour expliquer la résurrection.

Adaptation de ce texte pour une célébration à la maison télécharger ici pleinledo-lepido def

 Personnages : Lépido adulte  et Préhisto-lépido

Lépido adulte : Je me souviens de ce moment comme si c’était hier… D’ailleurs, cela ne fait que quelques mois ; la vie de papillon est courte et passe à tire d’ailes ! Mais c’est de ma vie d’avant que je voulais vous parler…. Un matin, alors que nous faisions une pause assis entre deux fleurs, j’ai demandé à Papido : « Dis Pap’s ! Comment on fait des enfants papillons ? Quelle tête j’avais quand je suis né ? » Il avait l’air drôlement embêté : « J’ai pas le temps-là, je passe l’aspirateur à nectar, va voir ta mère ! » Mamido n’était pas non plus pressée de me répondre : « Désolée, Lépido ! Je dois aller me faire redresser les antennes, j’ai du mal à capter mes nouvelles fréquences de vol ! Mais vas voir l’ancien, Préhistolépido, je crois bien qu’il vole dans nos prairies depuis bien des lunes… Il saura te répondre : « Bon vol, mon fils ! » J’ai pris mon envol et assez d’élan pour planer jusqu’au rocher de l’ancien, que j’ai réveillé de sa sieste au soleil, dans un grand bruissement d’ailes…

Préhistolépido : Hein ! Quoi ! Qui ose m’enrhumer avec tout ce courant d’air devant ma porte ? Y a pas moyen de pouvoir lézarder au soleil ! Encore ces jeunes qui font crisser leurs ailes et qui redécollent à tombeau ouvert !

Lépido : Pardon l’ancien, mais mam’s m’a dit que vous sauriez m’expliquer comment j’suis né et surtout à qui je ressemblais… Pourquoi les papillons adultes y répondent jamais à ce genre de questions ? Sur la vie ? Sur la mort ? Sur qui on est ? Où on va ?

Préhistolépido : Holà ! Une chose à la fois ! J’suis qu’un papillon mâle un peu vieux ! Je pense que tu es assez grand maintenant pour que je te révèle les grands mystères de ton exceptionnelle vie Lépido, car tu es un papillon hors du commun !

Lépido : Ah bon ! Moi qui pensais que j’étais noyé sur la toile, presque transparent !

Préhistolépido : Non ! Tu es unique par ta forme, ta couleur et les motifs sur tes ailes… Tes lointains ancêtres vivaient déjà ici, dans cette verdure, il y a 200 millions d’années à côté d’énorme lézards ! Quant à toi, ta vie a commencé, à quelques kilomètres d’ici dans le village de Bethlehem !

Lépido : C’est connu comme endroit ?

Préhistolépido : Oh ! Que oui ! Grâce à un personnage, comme toi, un peu spécial, qui a changé le cours de l’existence des êtres humains !

Lépido : Mais, vénérable… Don Papillon… En quoi est-ce que je suis si unique ?

Préhistolépido : Tu fais partie de ces êtres vivants qui passent par des stades de développement ; à chaque fois, tu changes de peau et tu ne ressembles plus à ce que tu étais avant. Laisse-moi te compter le passage rituel par ces quatre stades du grand mystère de la vie :

  1. L’œuf

Les enfants forment un œuf que l’on pourrait recouvrir d’une toile… On verrait juste bouger à l’intérieur…

Préhistolépido : Au commencement… tu n’avais pas du tout la même tête ! Tu t’es formé dans un œuf !

Lépido : C’est quoi un œuf ? Jamais vu !

Préhistolépido : C’est un truc rond ou ovale ! Entièrement fermé ! Nul ne sait où est le début et où est la fin. C’est comme une couche de protection qui t’isole de l’extérieur et où des tas de choses se passent à l’intérieur. Mais personne ne peut vraiment voir ni comprendre ce qui se passe avec toi, dans ton œuf ! Tout cela t’appartient ! Tout ce que je sais c’est que tu grandis et grossis jusqu’au jour où tu as besoin de casser cet œuf trop petit pour te contenir et en sortir le plus vite possible !

Lépido : Trop cool ! Et m’envoler vers le soleil levant, en chantant : « Butterfly, oh Butterfly… dans un mois, je reviendrai… »

Préhistolépido : Minute papillon ! C’est pas aussi simple que cela… Avant de pouvoir s’envoler dans les airs de ses propres ailes, il faut apprendre à ramper par terre à plusieurs pattes ! Toujours est-il que les humains s’imaginent, depuis très longtemps, que le monde est né d’un œuf et qu’il en a les contours… C’est aussi ce que les plus anciens papillons m’ont raconté concernant la naissance d’un enfant un peu particulier comme toi. Sa mère était un peu ronde, comme un œuf, et beaucoup de choses se sont passées pendant les mois où elle le portait ! C’est comme si cet enfant symbolisait le début d’une nouvelle création, d’un recommencement pour l’humanité et pour nous aussi !

Lépido : Hum ! L’ancien, ce n’est pas que je voudrai être malpolis, mais tu papillonnes, tu papillonnes ! Revenons à moi… Tu disais qu’il me faudrait… ramper…

  1. La chenille

Les enfants forment une chenille !

Préhistolépido : Oui ! Les humains nomment cela une chenille ! C’est le stade le plus long de ton développement, mais qui te rendra mobile et curieux de tout ! Tu vas apprendre à te déplacer, à te nourrir et à changer encore plusieurs fois de peau ! Parce que tu vas grandir, grossir, changer de couleur et d’aspect ! Les humains ne nous aiment pas sous cette forme. Certains pensent même que nous sommes nuisibles, méchants ! C’est vrai qu’on est moche, mais eux, ne sont pas tous beaux non plus ! Le plus dur c’est de déplacer son corps un peu mou le plus rapidement possible ! Sans compter que tu as des fausses pattes et des vraies ! Quand tu passes la ligne d’arrivée, il faut attendre que le derrière suive !

Lépido : Trop drôle ! Mais cela signifie que la plus grosse partie de ma vie, je l’ai passée à ramper, à traîner mon corps et mes pattes, à me nourrir et à éviter de me faire manger par les autres ?

Préhistolépido : Cela n’a rien de dramatique ! Regarde les humains ! Au début ça braille et fait caca dans les couches ! Ils mangent, font leurs dents et essayent de marcher ! Ensuite, ils sont dépendants de leurs parents pour tout le reste ! Il paraît même qu’ils arrivent, pour beaucoup, à l’âge bête ! C’est un peu comme nous ! Ils n’aiment pas leur corps, qui comme le nôtre, change de peau et d’aspect ! Ils sont un peu maladroits…  Il paraît que, même l’enfant de Bethlehem, en grandissant, a plusieurs fois mué ; il a fait une fugue en laissant ses parents en plan ! Une chenille ça n’a pas l’air sexy, mais il faut en passer par là, pour arriver à digérer toutes les transformations de notre corps !

Lépido : Et comment de la chenille… Quand on en a plein le dos, on redémarre pour devenir papillon ?

  1. La chrysalide

Les enfants s’enferment dans un sac de couchage et ne bougent plus !

Préhistolépido : Justement ! On ne démarre pas vraiment ! Mais on s’arrête plutôt ! On appelle cela le troisième stade : La chrysalide ! Une fois, qu’en étant chenille, tu as assez mangé et gambadé, tu te tisses une sorte de cocon, ou bien tu t’enterres à l’abri, pour te donner du temps de devenir papillon. En fait, tu ne te déplaces plus, tu ne manges plus et ton corps se restructure complètement jusqu’à se transformer en quelque chose de totalement différent d’avant ! Et cette transformation se fait à l’abri du regard des autres, dans une coque protectrice !

Lépido : C’est comme si j’étais enfermé dans un tombeau, prisonnier de cette chrysalide ! Mais c’est horrible !

Préhistolépido : Ne t’en fais pas, tu as l’air mort de l’extérieur, mais à l’intérieur tu vis et tu te développes en sécurité en prenant le temps qu’il te faudra. Ce qui est remarquable, c’est que toi, Lépido, tu avais accroché ta chrysalide juste à côté d’une grande pierre plate. Je crois que les humains appellent cela une tombe. C’est là, qu’ils avaient mis le jeune homme, devenu célèbre sous le nom de Jésus de Nazareth, dont je te parlais avant. Il était, comme toi, enroulé dans des draps et ils l’ont déposé dans le ventre de la roche.

Lépido : Cela veut dire que pour vraiment vivre, il faut passer par plusieurs petites morts afin de changer de peau ?

Préhistolépido : En tous cas, avant de devenir un papillon adulte, il faut un certain temps à l’abri dans sa chrysalide pour accepter et assumer tous ces changements ! Là où nous, les papillons, fabriquons un cocon pour nous protéger, les humains, quelquefois, se réfugient derrière plusieurs carapaces, seules capables de maintenir en vie leur zones sensibles !

Lépido : Et comment on devient finalement papillon ?

Préhistolépido : Ça c’est à toi de le décider !

  1. Le Papillon

Les enfants mettent leur  costume de papillon !

Préhistolépido : Je ne sais pas combien de temps a duré ton processus de transformation, mais à l’aube du troisième jour, tu as commencé à te débarrasser de ta peau morte et à sortir de cet abri en superbe papillon. Tu t’es suspendu au rocher, la tête en bas, pour laisser tes ailes mouillées se sécher au soleil ! Il se raconte, qu’au même moment, la grande pierre plate de la tombe avait été déplacée et que les rayons du soleil ont pénétré à l’intérieur !

Lépido : Et où était Jésus emmitouflé dans son linceul ?

Préhistolépido : Certains disent qu’il n’était déjà plus là. Trois femmes étaient venues d’un pas lourd et triste et se sont enfuies, apeurées, en courant. Et puis, deux hommes sont entrés tout à tour et ressortis avec le linge dans les mains. Ils étaient étonnés et, en même temps, ils se réjouissaient aussi… Au même moment, tu avais séché tes ailes et pris ton premier envol pour ta toute nouvelle vie ! Voilà, et maintenant, stp, laisse-moi me reposer ; ce genre d’histoire ça me donne le bourdon ! J’espère que tu as tout de même compris tout le chemin que tu as fait et qu’à force de mourir et de changer de peau, tu ne peux jamais être le même hier, aujourd’hui et demain ?

Lépido : Dites l’ancien et si ce Jésus-là, s’était finalement transformé en papillon ! C’est pour cela qu’ils ne l’ont pas retrouvé !

Préhistolépido : Peut-être ! Mais je ne suis pas sûr que cela soit humainement possible ! Les anciens disaient de cet homme, qu’il n’était plus le même ! Plus personne n’était capable de la reconnaître tellement il avait changé de peau, même pas la femme dans le jardin ! Il était vraiment vivant, mais autrement ! Et son message de vie a fait le tour de la terre de manière à la changer radicalement pour tous les êtres humains. Et tu ne devineras jamais, mais je me dis que l’on pourrait appeler cela : « l’effet papillon » !

Crédit : Frédéric Gangloff (UEPAL)

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