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Actes du colloque « Les (rois) Mages »

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Le colloque annuel organisé par la revue Graphè, fidèle à une alternance entre Ancien et Nouveau Testament, a été consacré en 2010 aux (rois) Mages, figure emblématique des récits de l’enfance dans les évangiles où histoire et théologie s’avèrent intimement liées.
Seul Matthieu rapporte la présence des Mages (Luc met en scène l’adoration des bergers) au moment de la Nativité. Mais la péricope (Mt 2, 1-12) ne les désigne pas comme monarques (d’où la parenthèse dans le titre du colloque), n’indique pas leur nombre et ne mentionne pas leur nom

Venus d’Orient et guidés par une étoile, ils viennent honorer « le roi des Juifs qui vient de naître » à Bethléem, et lui apportent trois présents : l’or, l’encens et la myrrhe. Au-delà du simple récit proche du conte, le texte révèle un fort antagonisme entre Hérode le Grand et le nouveau-né présenté comme le Messie. Peut-on d’ailleurs lire la scène sans prendre en compte le massacre des Innocents ? Dans un jeu de cache-cache avec le roi, les Mages représentent les nations païennes et constituent un témoignage décisif dans l’histoire du salut.
Face à la sobriété du récit et à sa dimension dramatique, la tradition – relayée par la piété populaire – va s’emparer de ces versets pour amplifier, préciser et compléter les quelques éléments historiques et géographiques donnés dans le passage matthéen. C’est ainsi que, suivant les sources, le nombre de protagonistes oscille entre deux, trois ou douze, et qu’un quatrième roi, énigmatique, apparaît dans la littérature contemporaine. Le pays d’origine est lui-même objet de questionnement. Chaque Mage se verra attribuer une patrie dans la lointaine filiation des fils de Noé et portera bientôt un nom.

Les trois présents ont également nourri une riche symbolique. La littérature apocryphe offre à ce sujet de nombreuses variantes dont témoigne La Légende dorée. Le récit invite à s’interroger sur l’étoile qui guide les Mages et sur le thème de l’universalisme qui sous-tend la narration et justifie la fête de l’Épiphanie dans le rite latin. Quant à l’itinéraire de retour, il a conduit les mystérieux voyageurs jusqu’aux frontières de l’Inde avant que leurs reliques ne soient honorées d’abord à Milan, puis à Cologne. L’iconographie est tout aussi abondante. La scène de l’« adoration des mages » apparaît dès l’époque paléochrétienne dans les catacombes. Dans la fameuse mosaïque de Sant’Apollinare Nuovo à Ravenne, les Mages sont vêtus en costume persan et portent le bonnet phrygien. Des programmes sculptés des cathédrales aux représentations plus anecdotiques des XVIe et XVIIe siècles, la scène s’inscrit souvent dans les cycles narratifs comme pendant de l’annonce aux bergers.
La visite des Mages fait partie de ces épisodes bibliques qui ont copieusement nourri l’imaginaire occidental. Elle a l’allure d’une véritable (en)quête où une étoile, un roi jaloux et un oracle prophétique constituent des indices précieux. Dans une démarche intertextuelle et pluridisciplinaire, le colloque a porté sur la figure des mages dans les Écritures, sur son évolution
au gré des époques, et, toujours en miroir du texte biblique, sur les relectures littéraires, philosophiques et artistiques qu’elle a pu susciter au fil des siècles.
L’ensemble des communications est parue dans le numéro 20 de la revue Graphè.

Pour tout renseignement, s’adresser à :
Université d’Artois / Maison de la Recherche
Revue Graphè numéro 20 – colloque « Les (rois) Mages »
9 rue du temple BP 10665 F – 62030 Arras cedex
téléphone : 03 21 60 38 26 / télécopie : 03 21 60 38 12
courriel : mariejeanne.dessery@univ-artois.fr
www.univ-artois.fr/graphe