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Philippe et l’eunuque éthiopien, fiche biblique

Texte : Actes des Apôtres 8/26-39

 Éléments d’explication 
  • Contexte : Après la mort d’Étienne, les chrétiens de Jérusalem sont victimes de persécution. Pour y échapper, beaucoup quittent Jérusalem et se dispersent. C’est le cas de Philippe qui quitte Jérusalem pour la Samarie où il va annoncer l’évangile. Les Actes des Apôtres présentent cette dispersion à la fois comme une épreuve et comme une chance : les chrétiens souffrent d’être séparés, mais leur dispersion permet à l’Évangile d’être annoncé dans de nouvelles zones géographiques. Donc ce qui devait affaiblir l’Église naissante, la fait en fait grandir.
  • Philippe : Il fait partie des Sept qui ont été choisis pour aider les Apôtres (voir Actes 6/1-6). C’est probablement un « Helléniste », c’est-à-dire un Juif né hors Palestine et dont la langue maternelle est le grec (à ce moment-là de l’histoire de l’Église, les chrétiens se considèrent encore comme des Juifs, disciples du Christ). Choisi dans un premier temps pour la diaconie (entraide), il a également annoncé l’Évangile au même titre que les Apôtres : c’est le cas dans sa rencontre avec l’eunuque éthiopien, comme également en Actes 8/5. Actes 8/40 précise qu’il poursuit sa mission d’évangélisation en Samarie et jusqu’à Césarée où Paul le rencontrera un jour : Paul précise en Actes 21/8 avoir séjourné à Césarée chez « Philippe l’évangéliste », surnom qui n’a pu lui être donné qu’en raison d’une intense activité missionnaire.
  • « un ange du Seigneur » : pour l’auteur du texte, il est clair que c’est Dieu qui conduit Philippe sur cette route où il va rencontrer l’Éthiopien.
  • « un eunuque éthiopien… venu à Jérusalem pour adorer Dieu » : Même s’il y a eu des juifs en Éthiopie (impossible de savoir si c’était le cas à cette époque), il n’est pas possible que cet eunuque éthiopien soit juif car le judaïsme interdit fermement la castration.
    • C’est un sympathisant du judaïsme : il est venu de très loin pour chercher Dieu.
    • Il est peut-être un « craignant Dieu ». Les « craignants-Dieu » étaient des païens, ils n’étaient pas membres du peuple juif, mais ils s’efforçaient de respecter les prescriptions de la Loi juive à l’exception de la circoncision. Ils étaient souvent dans une situation difficile car les païens ne les comprenaient pas et les Juifs ne les considéraient pas comme des membres du peuple juif.
    • Il est peut-être un « prosélyte » c’est-à-dire un païen qui s’est converti pleinement au judaïsme et en respecte donc toutes les règles y compris la circoncision. Mais il est peu probable que l’Éthiopien ait été accepté en tant que prosélyte en raison de sa castration.
      Mais quoi qu’il en soit : comme il est eunuque (mutilé sexuellement et ne pouvant pas avoir d’enfant), dans le judaïsme de l’époque, il ne peut pas avoir accès au Temple de Jérusalem, ni à la bénédiction de Dieu (Deutéronome 23/1). De fait, son séjour à Jérusalem ne semble pas avoir comblé ses attentes et sa recherche de Dieu : c’est seulement après son baptême qu’il est « tout joyeux ».
  • « haut fonctionnaire … » : c’est un homme riche et puissant, mais cette réussite sociale ne le comble pas puisqu’il est en recherche de sens, comme le prouve son voyage à Jérusalem.
  • « Candace, la reine d’Éthiopie » : Candace n’est pas un nom propre, ni un prénom, c’est un titre (comme « pharaon » pour désigner les rois d’Égypte).
  • Passage d’Ésaïe : cité d’après la Septante (la plus ancienne traduction de l’Ancien Testament en grec : pendant un temps, elle a été utilisée par les Juifs vivant hors de Palestine qui parlaient grec, avant d’être complètement abandonnée dans le judaïsme)
  • « Philippe descendit dans l’eau avec lui » : le baptême a donc lieu par immersion.
  • « il continua son chemin tout joyeux » : sa rencontre avec Philippe qui a permis une rencontre avec le Christ a changé et embelli sa vie ! Malgré sa couleur de peau (le racisme existait aussi à cette époque !), malgré la mutilation qu’il a subie, il est accepté tel qu’il est par Dieu. Être accepté tel qu’il est, n’a pas dû lui arriver si souvent ! En racontant cette histoire, Luc défend un christianisme qui n’exclut personne, alors que l’Église chrétienne naissante s’interroge sur son identité et les conditions d’entrée dans l’Église (annonce de l’évangile seulement aux juifs ou aussi aux païens ? circoncision pour tous ou non ?…). L’eunuque éthiopien est le premier « étrange étranger » (à plus d’un titre : noir, pas membre du peuple juif, mutilé sexuellement) à entrer dans l’Église chrétienne. Il ne sera pas le dernier !
  • « Eunuque » : Il y a peu de chance que les enfants sachent ce que cela veut dire, donc ils risquent de poser la question : il vaut mieux avoir un peu réfléchi avant, pour savoir comment répondre.

Quelques conseils :

  • utiliser des mots simples, par exemple : un eunuque est un homme qui a subi une opération qui le rend incapable d’avoir des enfants et le fait paraitre moins masculin (pas de barbe qui pousse par exemple) ;
  • ne pas avoir peur d’appeler un chat « un chat » si les questions sont précises. Par exemple : cette opération consiste à enlever les testicules (mot à expliquer simplement s’ils ne le connaissent pas : tout dépend de l’âge des enfants et de la connaissance qu’ils ont de leur corps ou qu’elles ont du corps des garçons) ;
  • ne pas minimiser : c’est une mutilation !

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Crédits : Claire de Lattre-Duchet, (UEPAL), Point KT