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Marie servante

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« Marie servante » est une narration  proposée par le pasteur Christian Kempf, pour présenter la vie de Marie, d’après la perspective protestante. Le texte est long, complet. On aura intérêt à couper le texte et de ménager un suspens… pour le reprendre lors de la prochaine rencontre.

Dans la cour ensoleillée de la maison d’Antonius, Anaé est la seule fille. Elle est aussi la plus grande de ces enfants dont les parents, réfugiés de Palestine, sont logés par l’intendant Antonius et par sa femme Jeanne, la maman d’Anaé.

Jeanne est la veuve de Kouza, intendant du roi Hérode (Judée). Elle a eu plusieurs fois l’occasion d’écouter Jésus de Nazareth, elle a été profondément touchée par ses paroles et elle a rejoint le groupe des disciples aussi souvent qu’elle pouvait. Elle est devenue l’amie des autres femmes de l’entourage de Jésus, comme Marie de Magdala et Marie la mère de Jacques et de Joseph, et surtout de Marie de Nazareth, la mère du prophète. Un an après la mort et la résurrection de Jésus, Jeanne a fui Jérusalem, où les disciples de Jésus de Nazareth sont pourchassés. A Ephèse, elle a été recueillie par Antonius, ami de son mari décédé et intendant du gouverneur romain de la ville. L’année d’après, elle l’a épousé. Anaé, leur fille et seul enfant, a maintenant 12 ans.

Anaé parle le grec qui est la langue de tous les jours à Ephèse. Elle parle aussi le latin, qui est la langue de son père Antonius, et l’araméen, la langue de Jeanne, sa mère.

Elle aime bien jouer aux jeux de tous ces garçons, même aux batailles avec bâtons, mais ce qu’elle préfère, c’est rester avec la vieille dame qui vit derrière la maison dans une grande pièce avec une terrasse ombragée. La vieille dame, c’est Marie. Ici, elle est la protégée de Jeanne. Et d’ailleurs tous la respectent hautement, dans la maison. Elle est la mère de Jésus, quand-même !

Comme Jeanne, et comme les autres parents logés dans la maison d’Antonius, Marie a dû fuir loin de Jérusalem, quand les chefs du Temple ont lancé la chasse à ceux qui croient et qui disent que Jésus de Nazareth est redevenu vivant après être mort sur la croix. On ne les appelait pas encore des chrétiens, on disait « ceux de la Voie » puisqu’ils avaient marché à la suite de Jésus, ou « ceux de Jésus ».

Et Anaé adore les histoires de Marie. Bon, ce ne sont pas des histoires, puisque Marie n’invente rien, elle raconte ses souvenirs. Mais elle les raconte si bien !
– « Je ne voudrais pas retourner à Jérusalem ! » soupire Marie quand Anaé vient s’asseoir à côté d’elle sur le banc à l’ombre de la vigne grimpante, sur la terrasse. Elle dit ça comme si elle sortait d’une longue méditation solitaire.
– « On est bien ici, non ? » glisse Anaé.
– « Oui. Pourtant… Jérusalem, tu sais… »
– « Ben… non, je ne sais pas, Tante Marie. Je n’y suis jamais allée. Maman en parle quelquefois, mais elle dit qu’elle est chez elle ici, maintenant. »
– « Oh ! je la comprends », fait Marie en soulevant les mains. « Elle a refait sa vie ici, grâce à ton père. Mais pour moi, tout s’est arrêté à Jérusalem. »
– « Parce que le Seigneur Jésus est mort là-bas ? » Un silence. Marie ne répond pas tout de suite.
– « Non, puisque trois jours après il était de nouveau vivant. Ce qui s’est arrêté, c’est… » Elle se tait encore. Anaé respecte ce silence.
– « Ce qui s’est arrêté, » reprend Marie, « c’est d’être la maman de ce grand jeune homme devenu un prophète. »

La conversation est interrompue par Jeanne, qui arrive d’un pas pressé :
– « Anaé ! J’ai à te parler. Et c’est très bien que je te trouve chez Marie, elle pourra nous aider. »
– Elle s’assied, prend une grande respiration, puis elle dit : « Ma fille, nous avons une décision à prendre. Voilà. Ton père va faire un long voyage, il doit aller à Jérusalem avec le gouverneur Sertius, il va y rester pendant deux ou trois mois, peut-être même six. C’est long, il va habiter dans une grande maison où il va recevoir des gens pour des réunions et pour des banquets et le gouverneur a demandé que j’y sois comme maîtresse de maison.

La question est : est-ce que tu viens avec moi, ou est-ce que tu tiens compagnie à Tante Marie, ici ? De toute façon, nous aurons à Jérusalem des serviteurs recrutés sur place, ceux d’ici ne quitteront pas la maison, ils obéiront à Tante Marie, nos frères et sœurs de la communauté veilleront sur elle. Alors, qu’est-ce que tu en penses ? »

Anaé a d’abord écouté avec de grands yeux. Puis son visage s’est fermé, et à la fin il s’est même assombri. Elle se lève, tourne le dos et croise les bras sur sa poitrine. Elle ne dit rien.

Jeanne pousse un soupir :

– « Je sais, Anaé, je sais, c’est dur de rester toute seule sans papa et maman, mais tu seras avec Tante Marie ! C’est bien, non ? »
– « Je VEUX aller avec toi, » dit Anaé en se retournant, l’air renfrogné, « mais Tante Marie doit aussi venir. »
– « Anaé ! non ! Ce serait bien trop pénible pour elle, regarde-la ! elle est âgée, elle ne supporterait pas le voyage ! »

Anaé se tourne vers Marie.
– « Ta maman a raison, Anaé », dit Marie en penchant la tête. « Je suis trop vieille pour un tel voyage. Et puis je te l’ai dit tout à l’heure : Jérusalem, je ne voudrais pas avoir à y retourner… j’y ai beaucoup souffert, ça me fait encore mal aujourd’hui quand j’y pense, même si je célèbre la présence vivante de Jésus chaque fois que la communauté d’Ephèse se réunit. Va avec ta maman, ma chérie, je ne suis pas seule ici. »
– « Ah ! tu vois, Anaé, je te l’avais dit ! C’est bon, on fait comme ça. » Jeanne prend sa fille par la main et s’en va avec elle. Avant que les deux ne sortent de la cour, Marie entend encore Anaé dire :
– « Mais maman ! Je voulais juste que Tante Marie me montre elle-même sa ville et son pays ! »

Le lendemain, la maison est toute remuée par les préparatifs du voyage. Le départ n’est prévu que le mois prochain, mais pour tout le monde la vie de tous les jours n’est déjà plus la même.

On explique aux hôtes et aux serviteurs qu’Antonius va jouer un rôle important à Jérusalem : avec le gouverneur Sertius, il va mener des négociations de paix avec les mouvements de révolte qui ont pris de l’importance en Palestine ces dernières années et qui agitent la vie en société avec des attaques et des attentats. L’empereur de Rome, qui a besoin de ses armées dans d’autres régions de l’empire, ne veut pas faire intervenir la force militaire romaine, il veut qu’une solution pacifique soit trouvée.

Pour ces négociations, le gouverneur de la Judée et les révoltés ne seront pas seuls face-à-face, il y aura une troisième partie, qui sera neutre, en la personne de Sertius assisté d’Antonius. Et comme les révoltés ne sont pas tous regroupés sous le même commandement, il faudra négocier aussi en ordre dispersé.

Quelques jours plus tard, Anaé reçoit dans sa chambre une visite inattendue : Tante Marie a fait l’effort de monter par l’escalier. Anaé et elle ne se sont vues depuis l’annonce du voyage à Jérusalem. Pour mieux accueillir les embrassades de la fillette, Marie s’assied.

– « Ta maman est dans les parages ? »
– « Je vais lui dire que tu es là ! »

Marie annonce à Jeanne et à sa fille qu’elle a changé d’avis et que si l’intendant Antonius est d’accord elle sera volontiers du voyage. Sous les cris de joie d’Anaé, Marie explique : elle se sent tellement en sécurité ici, à Ephèse, mais elle pense aux sœurs et aux frères qui vivent dans des conditions difficiles à Jérusalem et en Palestine, elle se dit que, puisque l’occasion s’en présente, son devoir est d’aller les soutenir en tant que servante du Seigneur.

– « Mais tu n’es pas une servante, Tante Marie ! » l’interrompt Anaé. « Tu es juste la maman de Jésus ! »
– « Oui, tu as raison, Anaé. Mais quand j’ai su, moi la jeune fille même pas mariée, que je devais porter et mettre au monde l’enfant voulu par le Seigneur Dieu, j’ai d’abord été très effrayée. Puis j’ai compris que ce qui m’arrivait était beaucoup, beaucoup plus grand que moi, que j’avais bien de la chance d’avoir été choisie pour porter ce bébé. Dire « je suis la servante du Seigneur », c’était une manière de dire « oui » au Seigneur Dieu et à son projet. »

– « Oh… », Anaé hésite… « tu veux dire… tu aurais aussi pu dire ‘non’ ? »
– « Ah ! Peut-être bien ! Je ne me suis jamais posé la question ! »
– « Marie, je suis très heureuse de ta décision », intervient Jeanne, « je vais en parler à Antonius. Je crois que tu peux commencer à préparer tes affaires. »

Jeanne ne met pas longtemps à convaincre son mari. Bien sûr, la présence de Marie pendant le voyage et ensuite à Jérusalem va nécessiter des moyens supplémentaires, mais le gouverneur Sertius lui a donné toute liberté et des larges moyens financiers pour organiser cette mission très importante. Pas de problème pour inclure Marie.

Le voyage a lieu. Le personnel non officiel n’embarque pas sur les galères, mais dans des bateaux équipés de voiles et manœuvrés par des marins ordinaires. Anaé est aux anges, elle veut tout savoir sur l’art de serrer ou détendre les voiles et d’actionner le gouvernail. Elle grimpe au mât pour rejoindre la vigie, elle descend par l’échelle pour visiter la soute, elle court de la proue à la poupe pour regarder les dauphins qui sautent sur les vagues.

Pour Jeanne et Marie c’est un peu plus pénible, tangage et roulis les soumettent au mal de mer, leur cabine est rudimentaire, la nourriture est maigre et salée, le soleil est brûlant toute la journée. Heureusement, les vents sont favorables et aucun mauvais temps ne vient perturber la navigation.

L’arrivée à Jérusalem a lieu tard le soir, après un convoi terrestre de plusieurs jours depuis Césarée, le port préféré des Romains. Antonius et sa suite s’installent dans une villa au bord du quartier romain, à l’extérieur des murailles au nord de la ville. Ils sont sous la protection de l’armée romaine, mais avec un accès sur la campagne de Judée, ce qui va être extrêmement utile à certains moments délicats des négociations qui s’engagent.

Jeanne n’attend pas longtemps pour renouer contact avec la communauté des croyants. Habillée comme une femme de Jérusalem, suivie par deux serviteurs d’Antonius chargés de veiller sur elle, elle se faufile un matin dans les rues de la ville jusqu’à la maison de Asher, où elle retrouvait les sœurs et les frères onze ans auparavant.

Elle tombe sur une ruine, barrée de planches. Plus personne n’habite là. Sans hésiter, elle prend la direction de chez Esther, une sœur mariée à un gardien du Temple et qui, à l’époque, recevait à l’arrière de sa maison des petits groupes de croyants, en cachette de son mari, aux heures où celui-ci était de garde. Esther accueille Jeanne avec des embrassades et des larmes.

Elle lui explique que la communauté des croyants à Jérusalem a dû apprendre à se cacher, la persécution n’est plus aussi intense mais toujours réelle. Elle lui indique les endroits où ceux qui n’ont pas fui de l’autre côté du Jourdain ou vers Antioche ou Ephèse se réunissent pour prier, se rappeler les paroles du Seigneur et écouter les anciens, comme Jacques le frère du Seigneur.

Jacques est le plus jeune fils de Marie et de Joseph. Dans les années qui avaient suivi la résurrection de Jésus et la fondation de la communauté à la Pentecôte, il avait milité pour que la mère de Jésus soit honorée pour son rôle dans la venue du Christ. Pour lui, elle devait faire partie du cercle des apôtres et des principaux disciples, témoins du message et de l’action de Jésus.

Mais elle avait résisté à cela, estimant qu’elle n’avait pas été plus qu’une mère portant son enfant jusqu’à la naissance et le nourrissant ensuite jusqu’à ce qu’il devienne autonome. Que son fils soit mort avant elle la faisait terriblement souffrir, mais ça n’avait rien d’exceptionnel, avait-elle dit et répété, bien des mères vivent cela.

Pour elle, l’important, dans le temps nouveau inauguré par le matin de Pâques, était la transmission du message du Fils de Dieu à propos de l’immense bonté de Dieu le Père. L’accomplissement des promesses des prophètes sur la venue du Messie. L’annonce de la vie plus forte que la mort. L’ouverture à l’Esprit donné par Dieu le Père. Ces nouveautés changeaient réellement la vie des croyants, beaucoup plus que l’admiration devant quelqu’un comme elle, qui n’avait fait que son devoir, disait-elle à qui voulait bien l’entendre.

Esther fait courir la nouvelle du retour de Marie dans la ville du Temple. Des réunions discrètes s’organisent un peu partout, à Jérusalem et aux environs. Avec de grandes précautions, Marie y assiste autant que possible, en compagnie de Jeanne et d’Anaé. Jacques lui aussi manifeste sa joie de revoir sa mère. Il n’a pas renoncé à son idée de réserver à Marie une place spéciale dans la communauté.

Les négociations de paix voulues par l’empereur commencent très vite. Pas dans la citadelle Antonia, dont les rebelles se méfient beaucoup, puisque beaucoup d’entre eux y ont déjà été retenus prisonniers à différents moments de leur existence. Mais dans des maisons particulières, ou sur des places publiques. Et bien sûr dans la maison d’Antonius.

Les choses se présentent bien, les Romains ne sont pas les seuls à désirer pour la Judée et toute la Palestine des conditions de vie plus calmes, moins risquées. Les extrémistes, qui exigent que la terre des Ancêtres doit être rendue à sa pureté originelle, se font plus rares.

En revenant d’une réunion de croyants où Jeanne et sa fille sont allées sans Marie, trop fatiguée, Anaé est tout excitée :

– « Tante Marie, tante Marie ! Tu sais quoi ? Chez Esther, des messieurs ont récité un poème où il est question de toi. Attends ! je crois que je le sais par cœur :

Mon âme exalte le Seigneur
et mon esprit s’est rempli d’allégresse à cause de Dieu, mon Sauveur,
parce qu’il a porté son regard sur son humble servante. »

– « Anaé, ma chérie, est-ce qu’on t’a dit aussi d’où vient ce poème ? »
– « Ouuii ! Il est de toi, quand tu as visité ta cousine Elisabeth, la maman de Jean le Baptiste ! »
– « Exact. Je suis allée lui rendre visite parce que j’avais appris qu’elle aussi était enceinte. Elle, elle était normalement trop âgée pour avoir un bébé, et moi vraiment trop jeune. Elle était au sixième mois, je n’en étais qu’au troisième, on s’est merveilleusement bien entendues.

Et quand on s’est rencontrées, c’est elle qui m’a dit la première : Tu es bénie plus que toutes les femmes, béni aussi est le fruit à l’intérieur de ton corps. Bienheureuse celle qui a cru : ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s’accomplira !

J’étais tellement heureuse, Anaé ! Comme soulevée de terre par la joie ! Et je me suis mise à chanter : mon âme exalte le Seigneur ! Je ne savais pas que ces paroles étaient encore connues de nos jours. C’est peut-être Zacharie, le mari d’Elisabeth, qui a tout noté ? »

Lors d’une des séances de négociation dans la maison d’Antonius, un des représentants d’un groupe d’activistes pose une condition surprenante : il s’appelle Shmuel et il sait que Marie habite ici, il veut l’entendre dire elle-même si oui ou non il peut faire confiance à Antonius.

Marie vient à la réunion, elle assure à tous que l’intendant Antonius est un homme auquel on peut parfaitement faire confiance. Mais Shmuel n’est pas satisfait. Il veut qu’elle fasse la même déclaration devant ses compagnons, dans leur lieu secret quelque part en Judée, loin du regard et du contrôle de son hôte romain. Antonius proteste : Marie n’est pas en état de faire une telle expédition ! Mais elle se dit prête à tenter l’aventure.

En fait, elle connaît Shmuel. A l’époque, il avait fait partie de ceux qui marchaient sur les chemins de Palestine à la suite de Jésus. Il était même un de ses plus ardents disciples. Comme Judas Ischariote, un des autres disciples, il était d’avis que Jésus devait prendre la tête d’une révolte armée contre l’occupant et contre les autorités juives complices des Romains. Quand Jésus avait annoncé qu’il ne prendrait pas les armes et qu’il acceptait de mourir plutôt que de se battre, Shmuel s’était mis en colère et l’avait quitté pour rejoindre ses amis zélotes.

Pour donner une chance aux négociations, Marie accepte donc de partir avec Shmuel. Mais en grand secret. Seuls Antonius, Jeanne et Anaé sont au courant. Alors, dans la communauté des croyants, le bruit se répand que Marie a disparu. Dans un groupe de prière où ce sujet est abordé, Anaé dit, pour blaguer :

– « Peut-être qu’elle est allée au ciel ?! » Elle se retient de rire, puisqu’elle connaît la vraie raison de l’absence de Tante Marie. Mais certains la prennent au sérieux. Et bien que Marie soit de retour chez Antonius quelques jours plus tard, l’idée de sa « disparition au ciel » reste ancrée dans la mémoire de quelques-uns.

Avec Jeanne et sa fille et quelques croyants, et en prenant toutes les précautions nécessaires, Marie fait le tour des lieux de Jérusalem où, d’après ses souvenirs, Jésus a passé durant son ultime séjour dans la Ville Sainte.

Par exemple la porte par laquelle il était entré en traversant une foule enthousiaste, alors même qu’il était assis sur le dos d’un simple âne. La cour du Temple où il a renversé les tables des changeurs de monnaie et ouvert les cages des colombes vendues pour les sacrifices. La piscine de Bethesda où il a guéri des malades. L’endroit, maintenant en ruine, où s’était trouvée la maison dans laquelle il a partagé son dernier repas avec ses disciples. Le jardin de Gethsémani où le disciple Judas l’a livré à la troupe armée envoyée par les grands-prêtres. Et bien sûr le mont Golgotha où il a été mis en croix.

Le lieu de la tombe par contre, elle ne peut pas le visiter : d’une part la colline a été totalement rasée pour effacer l’endroit où Jésus a été enterré et faire oublier qu’il est ressuscité, et d’autre part l’accès est interdit par des palissades et des gardes armés.

Après plus de six mois, les négociations se terminent par un accord de paix signé par les représentants de l’empereur et ceux des groupes de rebelles. Fiers de ce succès, Antonius et les siens s’apprêtent à repartir pour Ephèse.

Marie hésite d’abord. Beaucoup de choses la retiennent maintenant à Jérusalem. Toutes ces relations nouées avec les jeunes membres de la communauté et renouées avec les anciens. Ces souvenirs maintenant apaisés. Ces espérances pour un possible épanouissement de la foi en Jésus en Palestine-même.

D’autant que Shmuel et d’autres activistes ont, sur l’insistance de Marie, finalement choisi de renoncer à la violence et de s’intégrer à la communauté. Mais en exagérant tout de suite dans l’autre sens : ils soutiennent Jacques, le chef de la communauté de Jérusalem, qui persiste avec entêtement à vouloir faire de Marie une figure clé parmi les croyants.

Et ça, Marie ne peut et ne veut pas l’accepter. Elle embarque donc avec Jeanne et Anaé. Devinez qui est la plus heureuse de toutes ? Anaé, bien sûr !

A peine sont-ils tous réinstallés dans la maison d’Antonius à Ephèse qu’une triste nouvelle leur parvient : les troubles ont recommencé en Palestine. Un des groupes de zélotes a trahi ses promesses et a repris ses actions violentes. Nous laisserons aux historiens le soin de dire si oui ou non il s’agit de l’ancien groupe de Shmuel et si la menace d’une intervention des armées romaines va vraiment se réaliser, avec destruction de Jérusalem et de son Temple.

Crédit : Christian Kempf, 2021, (UEPAL) – Point KT – photo et illustrations : Pixabay