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Les œufs de Pâques d’Allenwiller

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Décoration d’œufs de Pâques d’Allenwiller. Dans ce petit village alsacien on se transmet, de génération en génération, une technique de décoration tout à fait particulière et qui n’est usité que le vendredi saint !

 

 

 

 

ImageLa technique est simple : il s’agit du procédé de réserve à la cire ou batik. Plus sophistiqué et plus largement répandu en Roumanie et en Ukraine, cette technique est ici dans son expression simplifiée. Ainsi de la cire d’abeille, maintenue liquide mais sans ébullition grâce à un petit réchaud de type  » lampe de berger » ou chauffe-plat, est ponctionnée grâce à une aiguille à tête d’épingle montée sur un petit bâton (traditionnellement un sarment de vigne qui a l’avantage d’être léger) – voir photo.

  • La veille, préparer la teinture d’oignons. Il faut mettre à bouillir  un volume de pelures d’oignons pour un volume d’eau, une fois que la teinte est prête,  laisser refroidir puis passer pour retirer les pelures d’oignons (ou les retirer à l’écumoire)

  • préparer la cire d’abeille fondue, (sous un réchaud à alcool) et maintenue tiède, grâce à une bougie chauffe-plat.

 

 

 

 

 

 

 

  • Les mouvements de l’artiste doivent être aussi rapides que précis, effectuant un continuel va et vient entre l’œuf posé au creux de la main et le récipient de cire fondue, un mouvement nécessaire pour chaque trait, chaque point, chaque virgule. La rapidité du mouvement de décoration est essentielle, parce qu’elle permet d’appliquer la cire sur l’œuf avant qu’elle ne durcisse, ce qui va extrêmement vite.

En effet, l’outil simple, la tête de l’épingle utilisée comme traceur, ne permet ni un trait fin, ni un trait régulier. Il induit par contre le point et la virgule, parfaitement arrondie à son point d’impact, avec une queue qui, étirée, s’affine vers son extrémité.

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C’est en associant harmonieusement les virgules et les points qu’on obtient des décorations tel le soleil, des marguerites, des hirondelles, des roues solaires (svastika), et, pourquoi pas, des croix huguenotes, lorsque les quatre hirondelles convergent vers un même point central.

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  • Mettre les œufs décorés à la cire dans la décoction froide( préparée la veille), chauffer et laisser bouillir le temps nécessaire pour que la cire fonde (d’où les paillettes visibles à la surface de la décoction – voir photo ci-dessous) et pour que les œufs soient cuits durs, mais pas plus, sinon la teinture va prendre aussi sur les parties qui étaient couvertes par la cire maintenant fondue…  Le réchauffement lent de cette décoction fera fondre le motif appliqué à la cire. Celui-ci, gardant la surface vierge de couleur va apparaître en blanc (couleur coquille) contrastant avec la couleur brun orangé qu’aura pris le restant (non décoré) de la coquille d’œuf.

  • Sortir les œufs un par un et les essuyer délicatement pour ne pas faire craquer les coquilles et pour ôter les résidus de cire. On peut – pour les rendre plus brillants – les frotter tout aussi délicatement d’un linge très peu huilé (traditionnellement de lard !)

  

  • Attention, les manipulations avec la teinture teintent efficacement les mains pour une bonne semaine – vigilance pour les pasteur.e.s qui devront cette semaine-là lever des mains bénissantes…

 MATERIEL POUR LA REALISATION DE CES ŒUFS PEINTS

  • des œufs crus, placés préalablement à la chaleur ambiante
  • de la décoction de pelure d’oignons en quantité suffisante et refroidie, préparée la veille
  • des bâtons, crayons, ou mieux, des sarments de vigne coupés comme des stylets, portant à l’un de leur bout un épingle à tête de verre ou plastique
  • un petit réchaud à bougie chauffe-plat, avec une petite coupe supportant la chaleur
  • de la cire d’abeille (seule utilisable)

À savoir : à chaque application de la cire fondue on ne peut que dessiner un point ou un trait droit ou en virgule.

Crédits : Evelyne Schaller –  Isabelle Alves – Point KT