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L’arbre et ses fruits

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cherry-212601_640Objectif de la séance :  Faire découvrir aux enfants le texte biblique d’une façon très imagée. Réfléchir ensemble sur les notions de bon et de mauvais en s’appuyant sur le ressenti personnel face à des situations différentes. Aider les enfants à développer l’intelligence du cœur dont parle Jésus. Animation proposée par Laurence Marty

Contexte biblique
Pour élargir la compréhension de ce passage qui s’inscrit dans un contexte plus large, nous vous conseillons de lire le texte biblique de l’évangile de Luc, chapitre 6, du verset 12 au verset 49.
Ce petit texte s’inclue dans les premiers enseignements que Jésus donne aux 12 apôtres qu’il vient d’appeler à le suivre pour répandre avec lui la Bonne Nouvelle. Il y développe les thèmes du bonheur et du malheur (les Béatitudes, Luc 6,20-26), dans la perspective de ce que Dieu offre à l’homme qui s’engage dans un chemin de vérité et de vie, puis le thème de l’amour, comme fondement essentiel de notre lien aux autres.
Jésus vient de descendre de la montagne et il se retrouve alors sur une plaine avec les apôtres. Avec cette petite parabole, il va utiliser des images de la nature environnante, pour expliquer quelles sont les conséquences provoquées par deux attitudes humaines opposées : la bonté, fruit de celui qui essaye de vivre les paroles de Jésus, et la méchanceté, fruit de celui qui ne les applique pas. Il décrit donc des végétaux aux particularités bien différentes que chaque auditeur peut visualiser et repérer facilement. Pour la bonté, il choisit des fruits, la figue et le raisin, à la peau douce, juteuse et sucrée, au goût savoureux que l’on prend plaisir à déguster. Pour la méchanceté, il choisit des plantes, le cactus et les plantes piquantes comme les ronces, pleines d’épines, dures, sèches et résistantes, dont on ne s’approche pas par crainte de se faire mal en s’écorchant sur leurs piquants.
Jésus nous dit ainsi tout simplement qu’il y a des choses impossibles à réaliser, que l’on ne verra jamais arriver, dans la nature ou, par transposition, dans la société humaine : un cactus ne produit pas de raisin, par conséquent un humain malveillant ne produit pas de bonnes choses, et vice-versa.
Images très efficaces pour nous permettre d’entrer dans sa vision du Royaume de Dieu. En effet, afin de parvenir dans ce Royaume, Jésus nous amène à comprendre que l’homme aura à choisir entre devenir un arbre plein de vie, produisant de bons fruits savoureux comme la figue ou le raisin, parce que capable d’actions bonnes envers les autres, ou d’être un arbre malade, produisant de mauvais fruits, parce que par ses pensées et ses actions il est plein de piquants malveillants pour les autres.
C’est une interpellation directe, pour chacun d’entre nous, hier et aujourd’hui, à regarder ce qui est au fond de soi (dans notre « cœur », siège de l’intelligence et des sentiments dans le langage biblique) : notre part sombre et notre part lumineuse, pour tenter de prendre un nouveau chemin, en s’éveillant à l’amour véritable ; celui qui demande d’aimer jusqu’à nos ennemis, de faire le bien, de donner, d’être dans le non-jugement et le pardon. Bref, à mettre en pratique ce que Jésus vient d’énoncer juste auparavant.
Dans cette catéchèse la morale n’est pas absente (morale n’étant pas moralisme), même si, volontairement, le choix de la bonne réponse avec la bonne attitude n’apparait pas. Jésus est là pour nous faire réagir, nous montrer le chemin mais il ne choisit pas à notre place ce que nous allons décider de faire. Dieu, à travers lui, respecte notre liberté, mais il en appelle à notre conscience et à notre responsabilité, et lui-même montre l’exemple en nous pardonnant malgré tout, quoi que nous décidions de faire.
Bien sûr nous savons que nous sommes invités à avoir le cœur empli de bonnes choses, afin de pouvoir donner le meilleur autour de nous, en tirant justement le meilleur de nous-mêmes. Mais Jésus nous dit aussi implicitement que ce n’est pas toujours facile et qu’y travailler, c’est déjà être en chemin, avec lui à nos côtés pour nous y aider (verset 40).
Il conclut, enfin, en affirmant que c’est la vérité de ce que nous sommes qui transparait dans nos paroles, d’où ce conseil qui en ressort de « faire silence », de tourner sept fois notre langue dans notre bouche, pour ne pas en laisser sortir des mots blessants mais également, à l’inverse, de ne pas craindre de lancer, élever, crier nos mots d’amour, vers les autres et vers Dieu, sans aucune retenue !

1-LA PARABOLE A VISUALISER avec les enfants (20mn)
Matériel à prévoir : Fiche 1 (texte à trou), Fiche 2 (dessins), Fiche 3 (photos). Feutres de couleurs, ciseaux, colle
Il s’agit de trouver les mots manquants du texte sous forme de petits dessins à replacer dans les cases correspondantes.
La première fiche donne le texte à trou. Il y a 12 mots manquants, dont certains sont identiques, qui sont indiqués dans un ordre mélangé en bas de cette fiche.
A vous de faire le choix de distribuer, ou pas, suivant l’âge des enfants, la seconde fiche avec les photos ou la troisième fiche avec les dessins, à découper et coller. Les grands peuvent, en effet, tout à fait réaliser eux-mêmes ces petits dessins dans les cases, en faisant fonctionner leur imagination et leur créativité.

Fiche 1 la parabole à visualiser Texte
Vous pouvez également faire un entre-deux et décider de ne pas donner la liste des mots manquants mais juste le texte à trou et les 12 dessins ou les 12 photos.

Fiche 2 la parabole à visualiser Dessins

Fiche 3 la parabole a visualiser Photos
Ci-dessous, le texte complet qui vous aidera à guider les enfants dans leurs recherches :

« Un bon arbre ne produit pas de mauvais fruits et un arbre malade ne produit pas de bons fruits. On reconnait les arbres à leurs fruits. On ne cueille pas des figues sur des plantes piquantes, on ne récolte pas du raisin sur des cactus. La personne bonne tire le bien de son cœur qui est plein de bonnes choses. La personne mauvaise tire le mal de son cœur qui est plein de mauvaises choses. Oui, ce qui remplit le cœur de quelqu’un, voilà ce qui sort de sa bouche. »
Lire le texte tous ensemble lorsqu’il est reconstitué.

2-DISCERNER LE BON DU MAUVAIS (30mn)
Matériel à prévoir : Grande feuille pour noter les questions, gros feutre
Ce n’est pas facile de se confronter à cette question que nous pose Jésus : Et toi qu’est-ce que tu as au fond de ton cœur ? car cela va nous demander d’aller regarder en vérité ce que nous pensons, ce que nous disons et ce que nous faisons pour découvrir quels sont les cactus si piquants ou les fruits immangeables qui y demeurent mais aussi les trésors de jolis fruits que nous avons envie de donner et de partager avec les autres.

A/Questions sur bon/méchant : Répondre aux 6 questions ci-dessous en recherchant ce qui nous frappe dans les paroles, les comportements des autres et/ou autour de nous (famille, amis, à l’école, à la TV…). Demander aux enfants d’être concrets, à partir d’exemples qu’ils ont vu, entendu ou vécu. Noter les réponses (le catéchète devra ensuite synthétiser les réponses en quelques mots)
Etre méchant c’est penser… / Etre méchant c’est dire… / Etre méchant c’est faire…
Etre bon (gentil) c’est penser… /Etre bon (gentil) c’est dire… / Etre bon (gentil) c’est faire…
Quelques exemples : Penser « je te déteste », – dire « tu es nul » – donner une gifle – penser « j’aimerai que X guérisse » – dire « est-ce que je peux t’aider ? » – prendre la main du copain qui pleure…
Essayer de comprendre « Pourquoi » la personne s’est comportée comme cela, à chaque fois, si cela est possible : Pourquoi il ou elle a pensé cela ? Pourquoi il ou elle a dit cela ? Pourquoi il ou elle a fait cela ? Parfois il n’y a pas de raisons ou c’est trop compliqué à expliquer, ne pas hésiter alors à le dire.
Qu’est-ce que l’on ressent lorsqu’on fait du bien ou du mal ? : En reprenant les exemples déjà donnés, demander aux enfants ce qu’ils ont ressenti comme émotions en disant ou faisant cela (colère, peur, tristesse, joie) ? Là encore l’idée est de sortir d’un « jugement » négatif ou positif. Cela peut permettre de comprendre que le mal ne se repère pas si facilement que ça.
Et si justement c’était l’amour tel que Jésus nous en parle qui pouvait nous servir de boussole, nous donner des repères ? « Faites pour les autres exactement ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous » (voir la « règle d’or » dans Luc 6,31).

B/Les socles essentiels de l’amour : Demander aux enfants s’ils connaissent les socles de l’Amour. A partir de la réponse « Aimer Dieu, aimer les autres et s’aimer soi-même » (Luc 10, 27), prendre 2 ou 3 exemples d’actions considérées comme négatives dans ce qui vient d’être partagé et voir comment on pourrait les rendre positives en pensant, parlant, agissant avec amour, en respectant les 3 socles, avec l’aide de Dieu. (Car ce n’est pas avec nos seules forces qu’on peut y arriver. L’amour est le fruit de l’Esprit, voir Galates 5,22-23)

Faire des petits mimes ou scénettes, à 2 ou 3, pour exprimer ce qui s’est dit.
Si les exemples vous manquent, vous pouvez partir de ces 2 situations proposées :
1- Julie en veut beaucoup à Claire parce qu’elle a confié un de leur secret à une autre fille de la classe. Julie n’a qu’une envie maintenant, c’est d’être méchante avec Claire. Imaginez comment voir les choses avec amour pour changer cette situation.
2- Les voisins très âgés de Pierre sont fâchés parce qu’ils trouvent que la famille de Pierre est trop bruyante alors qu’ils ont un chien qui aboie tout le temps. Que peut dire Pierre, en respectant les trois  socles de l’amour, quand il les croise dans l’escalier ?

C/Approfondissement avec les plus grands (15mn)
Il faut apprendre à repérer avec son cœur ce qui est juste pour soi ou pour les autres mais cela se ressent, plus que ça ne se comprend !
Demander aux enfants, par exemple : Est-ce qu’aimer faire quelque chose suffit pour être sûr de faire une « bonne » chose ? et ne pas aimez faire quelque chose signifie-t-il que c’était une « mauvaise » chose ? Ou plus précisément : Est-ce que je peux faire cette chose-là ? Est-ce que je serai en sécurité en la faisant ? est-ce que ça sera utile aux autres ?
La réponse est évidemment « pas toujours » mais pour l’expliquer, laissez les enfants chercher des exemples ou sinon, proposer ceux qui sont en-dessous.
Il faut savoir faire des efforts et aller parfois à l’encontre de ce qu’on avait d’abord pensé. Grandir ça va être justement d’apprendre à reconnaitre ce qui me plait ou pas et à le mettre en phase avec ce qui est utile ou pas aux autres. Ça passera forcément par quelques petites erreurs et ajustements, du style : ne pas forcer mon petit frère à monter dans l’arbre avec moi sous prétexte qu’il doit apprendre et que ça me fait plaisir… Refuser d’aller acheter le pain parce que c’est au tour de ma grande sœur qui traine dans sa chambre… mais ça peut me permettre aussi de savoir dire non, sans me culpabiliser, à cette personne qui me demande un service sans que je sois encore suffisamment grand pour en mesurer les conséquences (c’est ainsi savoir respecter mon âge en demandant avant, par exemple, l’avis de mes parents).

3-LES FRUITS DE LA VIE (20mn)
Matériel à prévoir : Une grande feuille avec un arbre dessiné dessus, post-it ou étiquettes en forme de fruits, feutres, colle
Noter les réponses des enfants du début de la séance dans l’arbre, en laissant un peu de place pour la suite de l’animation (synthétiser les réponses longues). Nous vous laissons faire preuve d’imagination et d’adaptation aux conditions et à l’environnement qui vous sont propres.
Inscrire, coller, dessiner… les réponses dans l’arbre en faisant le choix avec les enfants de l’emplacement (mauvais/bon mélangés ou séparés, suivant ce que les discussions auront nuancées), des couleurs retenues, du matériel utilisé (peinture, feutres, papiers colorés…). On peut prévoir différents supports en fonction des âges (étiquettes autocollantes, contours de différents petits fruits, cactus…).
Enfin inscrire sous l’arbre, en dessinant des racines, le verset biblique qui se trouve sur le tract de l’offrande de l’école du dimanche « la personne bonne tire le bien de son cœur qui est plein de bonnes choses ».

4-PRIERE A BATIR (5mn)
Demander son aide à Dieu pour nous guider à discerner entre le bon ou le mauvais et à bien choisir, c’est tout simplement prier ensemble autour des mots déposés sur l’arbre par les enfants. S’il vous est difficile de le faire de manière spontanée, préparez tranquillement cette prière entre les 2 séances ou utilisez celle qui vous est proposée, ou terminez par le Notre Père. L’idéal étant bien sûr que les enfants puissent relire eux-mêmes quelques paroles ou mots déposées sur l’arbre.

5-LA FABRICATION D’UNE BOITE A TRESOR (15mn)
Matériel à prévoir : fiche n°5 (plan d’une boite à trésor), feuilles de magazines

Fiche 5 plan boite à trésor
Une étape pour se mettre en chemin et essayer de mettre en œuvre, chaque jour, l’intelligence de son cœur.
Nous vous proposons un modèle tout simple à réaliser rapidement mais il existe plein d’autres possibilités et de supports. N’hésitez pas à aller sur les sites internet de bricolage !
Chaque enfant réalise sa boîte qu’il emmène chez lui.
Demander aux enfants de glisser dedans, durant une semaine, toutes les bonnes pensées, bonnes paroles et bonnes actions qu’ils auront réalisées, sous forme de petits mots ou juste de petits « fruits » (à découper par exemple dans des magazines – prévoir quelques pages à distribuer aux enfants). Ne mettre dans la boîte qu’un seul bon mot, pensée ou geste par jour, celui qui « compte » le plus : parce que le plus difficile à réaliser, ou celui qui a paru faire le plus plaisir lorsqu’il a été reçu, ou celui qui a vraiment changé une situation… L’idée n’est pas de faire la course à la bonne action mais d’abord de mesurer ce que l’on fait.
Leur demander de ramener cette boite à la séance suivante.

6-ETRE DANS LA JOIE DE DEVENIR « SMART » (15mn)
Matériel à prévoir : les boites à trésor des enfants, l’arbre avec ses fruits, colle, texte du chant
A la séance suivante : Ouvrir les boites à trésor en début de séance. Chacun(e) vient coller ses fruits, mots… sur l’arbre. Il ne s’agit pas de savoir qui a fait quoi (sauf si les enfants ont besoin de l’exprimer), ni de porter de jugement. Simplement de pouvoir être dans le plaisir d’avoir réussi à donner un peu de soi-même, régulièrement, durant un temps donné, en remerciant le Seigneur de nous y avoir aidé.

Conclusion : être « SMART », c’est avoir cette intelligence du cœur qui nous fait choisir tout ce qui peut être bon pour les autres, comme nous le demande Jésus lorsqu’il nous dit :

« faites pour les autres tout ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous ».

Rappeler aux enfants que participer à l’offrande pour les écoliers indiens, c’est aussi une façon de faire preuve de bon cœur en étant généreux. En profiter pour préciser que ce n’est pas le montant de la somme versée qui est important mais bien le geste fait. Et puis, quel plaisir de devenir ainsi un peu « SMART » à son tour !

Chanter : « Tu nous appelles à t’aimer » (Alléluia 36-30) avant d’enchainer sur une autre activité.
Tu nous appelles à t’aimer, en aimant le monde où tu nous envoies, Oh Dieu fidèle donne-nous, en aimant le monde, de n’aimer que toi.
1. Allez par les chemins, Criez mon Evangile ; Allez, pauvres de tout, Partagez votre joie.
2. Soyez signes d’amour, De paix et de tendresse, Ayez un cœur d’enfant, Soyez simples et vrais
3. Pour être mes témoins, Veillez dans la prière ; Mon Royaume est en vous, il attend votre cœur
4. L’Esprit vous conduira, Sur des routes nouvelles ; Allez, ne craignez pas, je demeure avec vous

Crédits : Laurence Marty (EPUdF), Point KT