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Félix et Simon : qui est Jésus ?

Dans cet article : un conte pour le temps des rameaux et une prédication pour son actualisation…

En l’an 30 de notre ère, à Jérusalem, un jeune garçon regarde la ville du haut de la forteresse Antonia. La ville, si on peut dire. Ici, c’est un bled. Les gens sont bizarres, sales, ils ne vont pas aux bains, c’est contraire à leur religion, ils ne se rasent pas, ne s’épilent pas. Ils ne font pas de sport, ils n’aiment pas les jeux du cirque. Il n’y a vraiment rien à faire. Félix ne voit pas pourquoi il n’aurait pas pu rester à Césarée. Mais voilà, on ne pouvait pas lui attribuer de garde, toutes les troupes de son oncle étaient déployées à Jérusalem. Il y avait même des renforts venus de Syrie. Tout ça pour quelques paysans.
Félix soupire. Il s’ennuie. Dans la rue au moins, il y a de l’animation. Mais son oncle Ponce est formel : trop dangereux pendant les fêtes, il y a souvent des émeutes. Quelqu’un arrive : la livraison de vin. Félix descend en vitesse et se faufile par le portail laissé entrouvert.

Quel bruit, quelle poussière ! En vrai, on se croirait à Rome, sauf bien sûr que les gens sont bizarrement habillés. Bien sûr, personne ne parle latin, sauf les soldats que Félix évite soigneusement, mais bien d’autres langues se font entendre, et parmi elles, du grec. Le grec, Félix connait, son précepteur le lui a fait entrer dans la tête à coups de trique !

Oui, il y en a du monde. Il parait que c’est chaque fois la même chose quand il y a une fête. Ils vont tous au temple de leur dieu. Encore un truc bizarre : un seul dieu, un seul temple. Pas étonnant qu’on les ait battus. Mais il ne faut rien dire, ils ont le droit, c’est l’empereur lui-même qui l’a dit.

Félix ne regarde pas du tout où il va et se cogne violemment contre un autre garçon, un peu plus âgé que lui, un gars du pays. Ce dernier marmonne quelque chose, regarde Félix et dit alors en grec : « Fais donc attention, j’ai failli faire tomber l’étal du boulanger. Qu’est-ce que tu fais là ? On ne voit guère que les soldats quand c’est l’époque des fêtes. Les autres Romains restent chez eux. »

Félix explique qu’il vit avec son oncle et sa tante depuis la mort de son père, mais qu’il s’ennuyait et qu’il a voulu visiter la ville. « Et toi, qui es-tu ? »

– Moi, je suis Simon et je viens de Cana de Galilée pour la fête. Là, je dois rejoindre mon oncle, il est resté à Béthanie avec son maître. Je suis parti en avant, préparer leur arrivée. Mais aujourd’hui, ils arrivent. IL arrive.
– Ton oncle est donc esclave ? Et toi aussi ?
– Mais non, oncle Nathanaël n’est pas esclave. Il est disciple du plus grand rabbi de tous les temps, Jésus de Nazareth
– Rabbi ? Ah oui, vos religieux qui ne sont pas prêtres. Quelle importance ont-ils ? Déjà les prêtres doivent obéir à mon oncle, alors les autres !
– Jésus n’obéit à personne. Il est différent. Viens avec moi, ils arrivent par la porte dorée, tu verras.
Les deux adolescents se faufilent à travers la foule et se postent à la porte.
– Regarde, là, en bas, tu vois cette foule ?
– Oui, et alors ?
– Alors, c’est Jésus, ses disciples et ceux qui le suivent. C’est qu’il a rendu la vie à Lazare de Béthanie l’autre jour. Depuis, on n’arrive presque plus à s’approcher de lui.

Une femme intervient : oui, ma sœur était là et moi, je l’attends aussi. C’est lui, le roi qui doit venir, le roi d’Israël.
– Méfie-toi Salomé, l’autre garçon, c’est un romain.
– Ce serait plutôt à lui de se méfier, Jésus va tous les chasser, les Romains.

Félix se tait, il se méfie de ces gens. Il est seul et sans armes. Mais il n’en pense pas moins. Qui pourrait battre l’armée de César ? Personne, à l’évidence ! Alors certainement pas un rabbi juif !

La foule approche. Il distingue maintenant un homme perché sur un âne. Il n’a ni armes, ni char, ni chevaux. Quel piètre général ! Les gens l’entourent et brandissent des palmes. Hum ! les palmes, comme pour César, c’est séditieux tout de même ! Ils couvrent le sol de leurs vêtements.

– « Qu’est-ce qu’ils crient ? » demande Félix à Simon.
– Ils crient « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ».

Maintenant, Jésus est à leur niveau. Il voit Simon et l’appelle « Viens avec nous Simon ». Simon entraîne Félix et s’approche de son maître. Jésus regarde Félix et lui sourit. « Shalom, jeune homme » dit-il en grec. « Je vois que tu viens de loin ». Félix est gêné, il n’a pas envie que tout le monde le regarde. Tout à coup, il se sent exclu de quelque chose d’important parce qu’il est romain. C’est ridicule. Jésus continue de le fixer. Comme s’il avait entendu les pensées de Félix, il ajoute « Je suis venu pour toi aussi ». Puis, il s’éloigne vers le temple.
Quelle phrase bizarre. Quel homme étrange. En tous cas, ce n’est pas un roi. Et ses compagnons n’ont rien d’une armée.

Simon explique à Nathanaël qu’il a prévenu Joseph et Nicodème comme convenu et que tout est prêt. Puis il se tourne vers Félix : « Tu viens avec nous ? »

– Non, il faut que je rentre, sinon, ma tante va envoyer la cohorte à ma recherche. Tu sais, ton rabbi, ce n’est qu’un homme ordinaire. Je ne vois pas ce que tu lui trouves.
– Ce n’est pas un homme ordinaire, il vient de Dieu, il est venu pour nous montrer le chemin et pour nous libérer. Il nous a parlé de l’amour de Dieu. Il a fait des miracles, il a rendu la vie à Lazare. C’est lui, le roi d’Israël.
– Écoute, ton dieu, je ne le connais pas. Il n’a pas empêché Rome de conquérir ton pays. Sans doute qu’il est trop faible devant tous les dieux de Rome et de l’Empire. Ce que j’ai vu, c’est un homme au milieu d’une foule, un homme ordinaire. Et ne dis pas trop fort qu’il est roi d’Israël. Il n’y a qu’un roi, c’est César. Je l’ai vu, et je peux te dire que ton Jésus ne ressemble en rien à Tibère. Félix frisonne en repensant à la fois où son père l’a présenté à César.
– Jésus t’a dit qu’il est venu pour toi. C’est ça que moi je retiens. Si tu veux nous revoir, demande la maison de Nicodème, il saura nous trouver. Alors, porte-toi bien, Shalom !
– Salut Simon, fais attention à toi !

Félix rentre lentement vers la forteresse. Il va se faire punir. Mais peut-être que s’il raconte à sa tante ce qui lui est arrivé, ce ne sera pas trop terrible, elle aime en savoir plus sur ces Juifs bizarres.
Ce Jésus, ce n’est qu’un homme, qui vient comme ça, pour une fête sans importance, dans un pays sans importance. Mais Félix est mal à l’aise. Il se rappelle les paroles de Jésus. Et surtout, il se rappelle son regard.

Lecture de Jean 12, 12-19

 

Frères et sœurs, et vous les jeunes

Pourquoi ce conte ? Je voulais souligner plusieurs points : tout d’abord, qu’il y a eu, dès le départ, un choc des cultures. Le monde gréco-romain n’était pas préparé à ces idées de dieu unique, de messie, de résurrection, même si le judaïsme était bien répandu dans l’empire et au-delà. Félix représente ce monde-là, un monde qui se sent supérieur, qui n’a pas besoin de ce dieu unique, de ces juifs trop différents, trop inassimilables. Et cela n’a arrêté en rien la diffusion de l’Évangile.
Bien sûr que nous héritons du christianisme au niveau culturel. Personne ne s’interroge devant un calvaire breton ou devant la déclaration des droits de l’homme. Mais le monde que représente Félix pourrait être traduit dans des termes que nous connaissons bien : la religion, c’est pour les faibles, les crédules, c’est de l’obscurantisme. La supériorité de l’Occident vient de l’essor de la science. Ce qui ne se démontre pas n’a pas d’intérêt, etc. Le choc des cultures n’est plus culturel, il est spirituel. Mais il n’y a pas un « autrefois » et un « aujourd’hui » dans la question « Jésus de Nazareth », les différents points de vue sont, au fond, toujours présents dans notre occident christianisé et peut-être déchristianisé, en tous les cas au niveau spirituel.

Ce que j’ai voulu manifester aussi en décrochant l’attention d’un texte trop connu ou trop éloigné de notre monde, c’est la question de l’identité : pour Félix, Jésus n’est qu’un rabbi d’une province isolée et pauvre, sans pouvoir et sans influence, au départ en tous les cas. J’ai laissé ouvert, parce que chacun peut changer de point de vue, chacun peut découvrir qui est Jésus véritablement. On peut le rejeter comme sans intérêt au départ et finir par le reconnaître comme le roi de sa vie.

Pour certains, il est celui qui va libérer le peuple au sens propre. Ils se rendront compte très vite qu’ils se sont trompés. Au cours des siècles, beaucoup de personnes ont vu le Christ comme celui qui intervient du ciel dans nos vies – ou qui n’intervient pas, d’ailleurs. Et elles l’ont priée de descendre à leur secours, l’ont parfois rejeté parce que les cieux ne s’ouvraient pas sur le miracle exigé.

Pour d’autres, il est celui qui a rendu la vie à Lazare. Sans doute, de mon point de vue, sont-ils plus proches de la foi. Certes, Lazare n’est qu’un signe, il finira par mourir à nouveau, mais Jésus est bien celui qui nous propose une vie qui a une dimension supplémentaire par rapport à nos vies biologiques, cette vie qu’il appelle la vie éternelle et qui n’est pas une vie qui commence après la mort mais une vie qu’il nous offre tout de suite, là, maintenant.

Mais au fond, le plus important est ailleurs : nous avons en tête la scène, mais nous avons oublié l’essentiel : Jésus est celui qui vient parmi nous. Il est là, au milieu des gens qui le pressent, qui l’entourent, lui parlent, le touche. Nous pouvons le comprendre parce qu’il est humain. Fils de Dieu, certainement, mais ce qui résonne le plus fort en nous, c’est son humanité. C’est cela qui nous attire avant de comprendre ce que Fils de Dieu signifie. C’est parce qu’il est humain que nous nous sentons proche de lui. C’est parce qu’un humain nous parle de Dieu que nous apprenons à faire confiance.

Certes, le roi d’Israël est entré à Jérusalem ce jour-là, mais ce qui nous sauve c’est l’humanité qu’il partage avec nous. Amen

Crédits : Anne Petit (EPUdF), Point KT, illustration Pixabay




Salam – chant de Daniel Priss

Salam, Shalom deux mots pour dire « paix ». Le premier est en arabe, le second est en hébreu. Le chant a été composé pour l’offrande des enfants en lien avec la Palestine.

Découvrir tous les chants de Daniel Priss.

 

 

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Texte (PDF)

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Daniel Priss : Chant, guitares, basse, oud, darbouka.
Françoise Priss : Chœurs.
Julien Pidancier : Violon.

Les paroles de la chanson

Salam, Salam, Salam, Salam,
Alsalam aleykum.
Salam, Salam, Salam, Salam,
Alsalam aleykum.
Alsalamu aleykum,
Que la paix soit sur vous.
Alsalamu aleykum,
Que la paix soit en nous.

Palestine, Palestine,
Une terre si fragile,
Une terre de sables et de vents.
Palestine, Palestine,
Une terre si fragile,
Tachée du sang de ses enfants,
Ces innocents,
Nous leur offrons notre chant,
Nous leur offrons notre chant.

Palestine, Palestine,
Ton histoire est si fragile,
Récits venus du fond des temps.
Palestine, Palestine,
Ton histoire est si fragile
Tachée du sang de tes enfants,
Ces innocents,
Nous leur offrons notre chant,
Nous leur offrons notre chant.

Palestine, Palestine,
L’amour est si fragile,
Balayé par des nuits, des vents.
Palestine, Palestine,
L’amour est si fragile,
Dans le regard de tes enfants,
Ces innocents,
Nous leur offrons notre chant,
Nous leur offrons notre chant.

Salam, Salam, Salam, Salam,
Alsalam aleykum.
Salam, Salam, Salam, Salam,
Alsalam aleykum.
Alsalamu aleykum,
Alsalam minna wa ‘iileykum.
Alsalamu aleykum,
Alsalam minna wa ‘iileykum.

Crédits : Daniel Priss (UEPAL), Point KT, Illustration Pixabay




Le vieux manteau

Conte pour la fête des Rameaux

Il est tard, la nuit tombe sur Jérusalem. Un voyageur s’approche de la ville. Il se nomme Démétrios. C’est un marchand grec. Il s’est fait attaquer par des bandits. Son argent a été volé, ses serviteurs tués. Il retourne à Jérusalem pour que ses compatriotes lui prêtent l’argent de son voyage de retour. Mais il est trop tard pour les chercher dans la ville. A l’approche de la Pâque, il y a bien trop de soldats romains et ils sont bien trop nerveux, mieux vaut éviter d’attirer leur attention si on ne veut pas passer la nuit en prison. Démétrios a décidé de dormir en dehors de la ville, à la belle étoile. Soudain, il voit par terre un vieux manteau plein de poussière parmi toutes sortes de branches à moitié fanées. Il s’approche, le ramasse, l’examine sous toutes les coutures. Oui, c’est vrai, ce manteau n’est pas très propre. Il est aussi un peu déchiré. Mais les nuits de printemps sont froides. Un manteau de plus pour se couvrir quand on dort dehors, cela ne fait pas de mal. L’homme s’en va, s’installe en s’enveloppant dans le manteau et s’endort.
Cette nuit-là, il fait un rêve très étrange.

Pensez ! Le manteau qu’il avait trouvé lui parlait ! Et voici son histoire :

Moi, je suis un vieux manteau. Je suis bien usé, j’ai eu plusieurs propriétaires. Je suis bien content de pouvoir encore servir à quelque chose. Je vais te remercier de m’avoir ramassé ce soir en te racontant ce qui s’est passé aujourd’hui.
Mon propriétaire, ou plutôt mon ancien propriétaire, Elias le maçon, est un vrai excité. Tout le temps en train de parler de politique avec ses amis. Ils détestent les Romains qui occupent le pays et obligent les habitants à payer beaucoup d’impôts. Elias parle sans cesse de révolte, de guerre. Il attend le Messie. Tu sais, le Messie que les prophètes nous ont annoncé. Celui que Dieu va nous envoyer, un roi de la famille de David qui va rendre au peuple d’Israël sa grandeur d’autrefois.

Évidemment, les choses étaient bien différentes du temps du grand roi David. Ah oui, c’est vrai, tu es grec toi, tu ne connais pas notre histoire. Alors voilà : David a su réunir les 12 tribus d’Israël en un seul État. Jamais le pays n’avait été aussi grand et puissant. C’était un grand chef de guerre. Il a battu les Philistins, il aurait bien su chasser les Romains. Il faut dire qu’il avait été choisi par Dieu et qu’il lui a toujours été fidèle. Oh, ce n’était pas un homme parfait, loin de là, mais il savait reconnaître ses fautes et Dieu l’a récompensé de sa fidélité en lui promettant une maison, c’est-à-dire une famille, qui régnerait toujours sur Jérusalem. Et des rois de la famille de David, il y en a eu, c’est sûr. Son fils Salomon, et tous ses descendants pendant plusieurs siècles.
Le problème, c’est que ce n’est plus le cas depuis longtemps.  Alors, les prophètes nous ont annoncé que Dieu enverrait un roi de la famille de David pour sauver son peuple.

Quand Élias a entendu parler de ce Jésus de Nazareth, de la famille de David, il a dressé l’oreille et s’est renseigné. On lui a dit qu’il était sage, comme Salomon ; qu’il enseignait et guérissait les malades ; qu’il chassait les démons. Ces choses-là n’annoncent-elles pas la venue du Messie selon certains ? Et ce Jésus était en route pour Jérusalem. On l’avait vu à Béthanie, tout près. Élias a décidé d’aller voir, avec ses amis à quoi ressemblait ce Jésus.

Ils n’étaient pas les seuls. De toute part, on l’acclamait sur son passage. Il était monté sur un petit âne, qu’il avait réquisitionné sans difficulté, comme s’il y avait eu droit. Il entrait dans la ville comme Salomon y était entré, après avoir été sacré roi par le prêtre Sadoq. Et les gens criaient :

Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Béni soit le règne qui vient, le règne de David, notre père !
Hosanna dans les lieux très hauts !

Élias et ses amis se disaient :
Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! C’est ce que l’on proclame lors de la fête des Tentes, des cabanes, et on sait bien que Dieu choisira cette fête pour venir régner sur terre. Et puis, on est bientôt à Pessah, la Pâque, et on sait bien que le Messie viendra lors de la nuit de la Pâque. Ce Jésus, c’est sûrement lui, c’est le Messie ! Enfin, nous allons être débarrassés des Romains ! Enfin nous serons à nouveau une grande nation.
Et hop ! Ils ont enlevé leurs manteaux et les ont jetés devant l’âne, tout comme il y a si longtemps le peuple avait jeté des vêtements sur le passage d’un autre roi envoyé de Dieu, le roi Jéhu.

Et moi, je me suis retrouvé dans la poussière du chemin. Il est passé, il est entré dans Jérusalem. La foule l’a suivi et Élias, excité comme toujours, a oublié de me récupérer.
Mais moi, vieux manteau, j’ai réfléchi. Cet homme qui est venu comme un roi n’avait pas l’air de vouloir faire la guerre. Il n’avait ni arme ni soldat. Et j’ai entendu ses disciples qui parlaient entre eux tout bas. Ils ont peur pour lui. Ils pensent que c’est très dangereux de venir à Jérusalem. Ils se rappellent qu’il leur a dit qu’il allait mourir à Jérusalem. Cela ne ressemble pas du tout à des plans de bataille cela.
Alors, quelle sorte de roi est-il ? Que va-t-il lui arriver ? Aujourd’hui, c’était la fête. Mais demain ?

Le lendemain, Démétrios se réveille et réfléchit. Les rêves viennent des dieux, c’est certain. Alors, cet homme, ce roi qui vient d’entrer dans la ville, il faut qu’il le voie. Quelle sorte de roi est-il ? Démétrios ne le sait pas, mais ce qu’il a compris, c’est qu’il est venu pour lui.

Crédit : Anne Petit (EPUdF), Point KT, illustration Pixabay




Une maison pour Dieu ?

Narration ayant pour thème : « La parole a dressé sa tente parmi nous et nous avons vu sa gloire pleine de grâce et de vérité. »

Lecture – 2 Samuel 7, versets 1 à 3 :

Le roi David s’installa dans son palais. Le Seigneur le protégeait de tous les ennemis qui entouraient son royaume. Un jour, le roi dit au prophète Nathan : « J’habite une maison en bois de cèdre et le coffre sacré de Dieu n’a pour abri qu’une tente de toile. Qu’en penses-tu ? »
– « Tu as certainement une idée à ce sujet, répondit Nathan. Vas-y, réalise-la, car le Seigneur est avec toi ».

♪ (Assis) Alléluia 51-14 : Quand l’Esprit de Dieu habite en moi

 

Le temps de la prédication est une histoire inventée, se situant entre le verset 3 et le verset 4 de 2 Samuel 7 :

Narrateur : Il était une fois…

La « foi » d’un roi qui vivait, il y a bien longtemps – il y a 3 000 ans – en moins 1 000 avant notre ère. Ce roi s’appelait David 1er. Comme c’est le « premier » – on ne disait même pas « David 1er » – mais « David » tout court. Lui qui était parti de rien (il avait commencé sa vie comme berger. Il était aussi harpiste à ses heures) – David donc, habitait maintenant dans un palais majestueux, recouvert de bois de cèdre. Pour lui, l’ascenseur social avait fonctionné à fond. Il en avait même un peu honte, car il habitait dans un palais – quand l’arche de Dieu (qui contient les dix paroles de Dieu !) campait sous tente. Il avait tout reçu, mais il ne savait comment remercier Dieu.

David 1er décida de bâtir un temple pour Dieu, si généreux. Il appelle donc un architecte.

David 1er – Je voudrais un Temple pour loger mon Dieu.
Architecte – Pas de soucis, comment s’appelle ton dieu ?
David 1er – … ?… Heu… A vrai dire…, Il ne « S’appelle » pas.
Architecte – Comment ça, il ne s’appelle pas ?
David 1er – Il s’appelle par quatre lettres imprononçables qui ont un rapport avec le verbe « être ». Quelque chose comme : « Je-suis »
Architecte (perplexe) – Heu… « Je-suis ». OK. Mais… « je suis » où ? – c’est quoi son adresse ?
David 1er – Je ne sais pas, c’est justement pour cela que je veux lui construire un temple.
Architecte – Votre majesté, avec toute la meilleure volonté : il m’est impossible de démarrer ne serait-ce qu’une esquisse de projet – encore moins un Avant-Projet si je ne sais ni où, ni pour qui ?
David 1er – Si tu ne peux rien pour moi : alors je n’ai plus besoin de toi.

Narrateur : le roi fait jeter l’architecte aux oubliettes.

Seulement voilà. Le roi avait toujours un vide là. Un nœud dans le ventre. Une insatisfaction. OK, la foi est spirituelle, mais David lui, a un corps. Et ce corps a besoin d’un lieu (comme notre temple) pour prier, pour sentir la présence de Dieu… Alors il décide de persister dans son projet. Tout en se passant d’architecte.

C’est l’avantage quand on est roi : tout est permis – même de construire sans déposer de permis de construire. Il décide donc de convoquer directement les ingénieurs. Deux ingénieurs se présentent devant le roi. Le premier est spécialiste en calculs de structure béton/pierre – et le deuxième expert en revêtement « bois de cèdre ». Le roi les fait attendre quelques temps, histoire de bien leur faire comprendre qu’il n’est pas n’importe qui. Puis les fait entrer dans la salle du trône…

David 1er – Voilà, dit-il, je voudrais que vous bâtissiez une demeure pour mon Dieu.
Ingénieur 1 – Bien sûr Majesté.

Narrateur : Le roi sourit (tout en se disant qu’il a vraiment bien fait de se débarrasser de cet architecte questionneur).

Ingénieur 1 – Toutefois, nous aurons besoins de quelques données pour dimensionner l’ouvrage.
David 1er – Ah oui, lesquelles ?
Ingénieur 1 – Il nous faudra les dimensions de votre Dieu.
Ingénieur 2 – … ainsi que Son gabarit de passage pour dimensionner les ouvertures…
Ingénieur 1 – Il nous faudra également Sa masse…
David 1er – Sa masse ?
Ingénieur – Oui, son poids quoi ! Pour calculer les descentes de charges. Pour les fondations et les planchers.
David 1er – Le poids de mon Dieu ! Mais il est à l’image de sa gloire : infini !

Narrateur – Et voilà nos deux ingénieurs qui commencent à douter. Et même à craindre pour leur vie, car ils ont eu vent du sort réservé à l’architecte. Ils ne voient pas comment calculer un plancher apte à supporter « Cavod » – le « poids », la « gloire de Dieu ». Ils ne voient pas non plus où s’arrête la hauteur des portes qui laisseront passer le « Très-haut ».

Irrité, le roi donne l’ordre de jeter les deux ingénieurs aux oubliettes. Le roi est ulcéré – à tel point qu’il commence un peu à douter de lui-même. Il se dit qu’il ferait mieux de confier globalement tout le projet à quelqu’un d’autre. Parce que lui, il y met trop d’émotions et de prières. C’est peut-être pour cela que les professionnels perdent leurs moyens.

Le roi convoque donc un promoteur (expliquer promoteur) – afin de lui confier l’affaire, « clefs en main ». A la plus grande satisfaction du roi David 1er – le promoteur ne met pas son projet en doute – il ne pose pas de question – il n’a pas l’air désemparé. Au contraire, il a l’air souriant, et heureux d’avoir eu la commande.

Quelques jours passent… Et un matin, alors que le roi prend son petit-déjeuner, on lui apporte le journal. Quelle n’est pas sa surprise de lire alors cette publicité en quatrième page de couverture : Programme de construction : « le domaine de Dieu : vivez sous la bénédiction divine à proximité immédiate de la demeure de Dieu, qui fera « resplendir sur vous sa lumière », de jour comme de nuit ». Achetez sur plan, dès à présent, votre logement dans un programme de construction qui comprend douze lotissements, une garderie (« les benjamins »), une école (« Emmanuel »), et un centre commercial (« les marchands du temple »).

Le roi n’est pas du tout content – et convoque sur le champ le promoteur en lui demandant de lui montrer les plans de la demeure de Dieu. Le promoteur joue la montre – lui dit qu’ils sont en cours d’étude – que l’imprimante est en panne – que la secrétaire est en arrêt maladie pour cause de covid…

Le roi est furieux :

David 1er – Quoi ! Tu vends déjà sur plans des logements tout autour ? Tu spécules déjà sur ce projet ! Non seulement tu te rends coupable de délit d’initié en achetant à ton compte tous les terrains aux alentours – mais tu me considères comme suffisamment stupide pour être dupe de ton petit jeu !

Promoteur – Mais Majesté, grâce à ce temple, vous deviendrez riche ! Vous verrez, on s’arrachera les terrains qui se vendront comme des petits pains. Le prix de l’immobilier va flamber à Jérusalem ! On va s’entretuer pour le moindre m² de la ville. On ira même jusqu’à l’appeler « la ville trois fois sainte »… !

David 1er perplexe – Je voulais juste un temple pour louer Dieu. Pas un champ de batailles et de guerres…

Promoteur – Mais majesté vous verrez, vous deviendrez célèbre ! Votre ville s’appellera « Cité de David » ! – tout comme on peut dire « Alexandrie », « Constantinople », ou « Leningrad » !

David 1er – Mais mon but n’est pas de finir dans les livres d’histoire entre Alexandre, Constantin et Lénine. Je me fiche d’être célèbre. Ce que je veux, c’est « célébrer » mon Dieu.

Narrateur – Et sans autre forme de procès, le promoteur alla rejoindre l’architecte et les ingénieurs aux oubliettes… Mais voilà. Le roi se retrouva de nouveau tout seul. Et toujours gêné d’habiter dans un palais, quand Dieu « plante sa tente parmi nous » (nous l’avons dit à l’entrée de notre culte). David décida finalement de se confier directement à Dieu. Pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ?

Lorsqu’on voulait parler à Dieu, il y a 3 000 ans, on utilisait – non pas un téléphone mais – … un prophète : Le roi parle au prophète → le prophète parle à Dieu. Dieu parle au prophète → et le prophète parle au roi. Ça fonctionnait comme ça. Donc David 1er, appela son prophète (lequel s’appelait « Nathan »), et lui parla de son projet de construction.

Dieu lui répondit, par la bouche du prophète :
Nathan : Venant de ta part, je sais que tes raisons sont louables. Cela part d’un bon sentiment. Je vais te dire une chose « déclare le Seigneur » : j’ai dans mes cartons un projet beaucoup plus grand pour toi – plus grand qu’une simple bâtisse de bois et de cailloux. Tu es devenu roi, tu as conquis Jérusalem, et tu crois que ton histoire s’arrête là. Mais crois-moi, aujourd’hui, ton histoire ne fait que commencer. Aie confiance, car ce projet de construction d’un temple est dérisoire par rapport au projet que je nourrie pour nous. Je n’ai pas créé le monde et toi-même pour qu’on m’y construise une demeure. Ce n’est pas toi qui me construiras une maison – mais nous deux qui bâtirons ensemble une demeure, une demeure faite de pierres vivantes. Je ne souhaite pas que tu m’élèves un temple. J’ai même pour projet de continuer à planter ma tente parmi vous – et je souhaite que nous nous élevions mutuellement. Je souhaite t’élever toi, à tel point qu’il n’y aura jamais de David 2e – tu resteras pour tous le roi David, tout simplement. Ecoute David : pourquoi deux palais distincts ? Pour que nous finissions dans une relation de voisinage poli : toi dans ton palais, et moi dans mon temple – comme un vieux couple qui ne se parle plus ? Une seule maison suffit. Je veux être là où tu es – « Immanou-El », ce sera mon nom pour toi. Ton palais sera le mien – tout comme toi, tu demeureras dans ma parole. Je scellerais notre union, non pas dans la pierre, mais dans nos vies. Je te propose une alliance avec toi et ta descendance – et beaucoup d’autres par la même occasion. Une alliance risquée et incertaine, une alliance vivante, dans ma parole, dans nos prières et dans tes louanges. De ta descendance naîtra celui qui sera notre alliance.

Narrateur : C’est ainsi que notre roi renonça joyeusement à son projet – et se mit à initier un temple de chants et de prières (rappelez-vous : il était un peu musicien). Ce premier temple vivant, reste dans notre bible : c’est le livre des psaumes.

Psaume 62 : (lecture) Psaume de David.

C’est auprès de Dieu seul que je suis tranquille ; c’est de lui que vient mon salut.
Lui seul est mon rocher et mon salut, ma citadelle : je ne vacillerai guère.
Mon salut et ma gloire sont tout près de Dieu ; mon rocher fortifié, mon refuge sont en Dieu.
Comptez sur lui en tout temps, vous, le peuple ! Épanchez devant lui votre cœur ; Dieu est pour nous un refuge (Pause).
Oui, les gens du peuple sont un souffle, les gens illustres, un mensonge. Quand on soulève la balance, à eux tous, ils pèsent moins qu’un souffle.
Ne comptez pas sur la violence : ne vous essoufflez pas en rapines. Si votre fortune augmente, n’y mettez pas votre cœur.
Dieu a dit une chose, deux choses que j’ai entendues, ceci : que la force est à Dieu – et à Toi Seigneur, la fidélité.

♪ (Assis) Recueil Alléluia 62 : En toi, mon Dieu, toi seulement – § 1, 3 & 5

– Lecture – 2 Samuel 7 – la suite – les versets 4 à 7 :
Mais la nuit suivante, le Seigneur adressa la parole à Nathan pour lui dire : Va trouver David, mon serviteur. Tu lui diras : Voici ce que déclare le Seigneur : « Ce n’est pas toi qui me construiras un temple où je puisse habiter. Je n’ai d’ailleurs jamais habité dans un temple, depuis le jour où j’ai fait sortir d’Egypte le peuple d’Israël et jusqu’à présent. Au contraire, j’ai accompagné les Israélites en n’ayant qu’une tente pour demeure. Bien plus, durant tout ce temps, j’ai confié à plusieurs chefs le soin de gouverner Israël, mon peuple, mais je n’ai reproché à aucun d’entre eux de ne pas m’avoir construit un temple en bois de cèdre.

Annonces – collecte – prière d’intercession / Notre-Père

– Parole d’envoi

1 Pierre 2,5 : Vous-mêmes, comme des pierres vivantes, construisez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des sacrifices spirituels, agréés de Dieu, par Jésus-Christ. Car voici ce qu’on trouve dans l’Ecriture : « Je vais poser en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse ».

– Bénédiction

♪ (Debout) Recueil Alléluia 62-81 : Que la grâce de Dieu soit sur toi

♪ Jeu d’orgue

Crédits : Daniel Schrumpf (EPUdF), Point KT, illustration : Pixabay




A la recherche de Jeanne

Roman graphique de Zazie TAVITIAN et Caroline PERON. Un album magnifiquement illustré qui peut ouvrir à des réflexions sur le sens de la vie, sur son identité religieuse, sur le judaïsme, sur le devoir de mémoire.

Un été, la cousine de Zazie lui parle d’un cahier de recettes retrouvé dans un grenier. Ce cahier, c’est celui de Jeanne Weill, son arrière-arrière-grand-mère. Dans la famille, tout le monde sait qui est Jeanne, mais personne n’en parle jamais. De Jeanne on ne se rappelle que sa mort ; elle est assassinée en 1943 à Sobibor, un camp d’extermination nazi.

Seulement avant de mourir, Jeanne a bien eu une vie. À quoi ressemblait-elle, la vie de Jeanne ? Était-elle amoureuse ? Aimait-elle faire la fête ? Jouer avec ses enfants ? Ou préférait-elle faire les magasins ?

De Jérusalem à Dijon, Zazie décide d’enquêter auprès de sa famille. Elle part à la rencontre de Jeanne dans les souvenirs de sa famille, et dans ses recettes. Zazie enquête et cuisine, et au fil de ses pérégrinations, de demande qu’est-ce qu’être juive. La cuisine, dans la vie comme dans la Bible, construit une identité de vie commune. Les recettes du cahier de son aïeule délient les langues, font remonter les souvenirs et découvrir d’où l’on vient et qui l’on est.

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Crédit : Marianne RENAUD (UEPAL) pour point KT




Découvrir Martin Bucer avec des jeunes

Dans cet article, il y a du matériel pour découvrir la vie de Martin Bucer avec des jeunes (10-15 ans). Les animations sont conçues pour deux groupes : les 10-12 ans et les 13-15 ans. L’animation a été expérimentée une après-midi avec une soixantaine de jeunes, lors de la journée Bucer d’octobre 2023, marquant les 500 ans de l’arrivée de Martin Bucer à Strasbourg. Le matériel peut être utilisé en dehors de Strasbourg 🙂 

Voir l’invitation Découvrir la vie de Bucer

Découvrir le dialogue de deux réformateurs ci-dessous

Ecoute ce dialogue entre deux grands réformateurs protestants et devine leurs noms.
Puis, discute avec ton entourage sur le sujet suivant : avons-nous aujourd’hui une plus grande capacité à dialoguer entre différents courants religieux qu’au temps de Bucer ?
Quelles sont les conditions nécessaires pour un dialogue tolérant ?

Crédits : Fabian Clavairoly, Matthias Dietsch, Thomas Guillemin, Jérémy Kohler, Mélanie Martin et Colette Migault (UEPAL), Point KT




Le jour où la guerre est arrivée

Dans cet article : une recension de l’album jeunesse : « Le jour où la guerre est arrivée » de Nicola Davies et Rebecca Cobb (Editions Mijade, 2019), ainsi qu’une proposition de culte des familles par Emily Huser, pasteure UEPAL.

Résumé (quatrième de couverture)

C’est un jour comme les autres, et voilà que la guerre vient faire de ta ville un champ de ruines. Peux-tu imaginer cela ? Tu aurais tout perdu, tu serais tout seul, et après un long voyage plein de dangers, tu ne serais nulle part le bienvenu. Alors un enfant t’offrirait un cadeau – modeste, mais infiniment précieux. Imagine…

Avis personnel :

Un album d’une jolie taille, idéal pour raconter l’histoire dans un petit groupe. Les illustrations sont de qualité et lumineuses. Elles sont abordables avec des jeunes, voire de très jeunes enfants, même si les sujets abordés sont en apparence bien sombres. En effet, les thèmes traités sont loin d’être faciles : la guerre, l’exil, les migrants mineurs isolés, la vie dans la précarité, le refus des immigrés…

En même temps, l’histoire est racontée de façon presque anonyme : la petite fille, héroïne de l’histoire, ressemble à tous les enfants que nous côtoyons (elle a une famille, va à l’école, aime les oiseaux, etc.). Et la guerre en question n’est pas du tout traitée de façon spécifique : telle que présentée cela pourrait se passer en Libye, en Ukraine, à Gaza, comme à Lille ou l’une de nos villes. Loin de toutes les questions polémique d’émigrations, ici, on suit l’itinéraire d’un enfant que la guerre oblige à partir.

La proximité avec cette petite fille réfugiée, dans laquelle il est facile de s’identifier, permets aussi de se mettre dans sa peau face à l’accueil que nous, européens, réservons aux migrants. La fin permet à chacun de nous de se rendre compte que l’accueil dépends finalement aussi de nos décisions individuelles.

Personnellement, j’aime utiliser ce genre d’album pour aborder ce genre de sujet difficile. Dans cet album, il ne s’agit pas d’une question de pourcentages, de chiffres (dont les jeunes – et même nous, les adultes – avons du mal à concevoir la réalité tellement ils sont grands parfois) mais d’une petite fille.

Que ce soit à l’école du dimanche, le catéchisme ou en culte de famille, on peut largement exploiter cet album pour les thématiques suivantes :

  • L’accueil de l’étranger, (notamment le texte de Mathieu),
  • La présentation de l’œuvre de la CIMADE,
  • Les exils et exilés que ce soit dans la Bible (Babylone, Ruth, mais aussi Jésus fuyant en Égypte, etc.),
  • Les exils de notre histoire (les protestants qui partirent aux USA pour survivre, l’évacuation en 1939 des populations d’Alsace-Lorraine, etc.),
  • Quelle place pour l’autre ?
  • Et moi ? Si je devais partir…

 

Une proposition de culte de famille sur l’exil à partir de cet album

Accueil :

C’est le Seigneur, Dieu trois fois saint, qui nous accueille.
Le Seigneur, Père qui a créé tous les humains, si nombreux et différents nous accueille.
Le Seigneur, Fils, notre Sauveur qui fait de tous les humains des frères et des sœurs, nous accueille.
Le Seigneur, Saint Esprit, celui qui nous unit tous dans l’amour de Dieu, nous accueille. Amen

Introduction au thème :

Bonjour et bienvenue à toutes et tous pour ce culte de famille.

Aujourd’hui, nous parlerons ensemble du thème de l’exil. Être exilé, ce n’est pas seulement une question de politiques. C’est une histoire de personne. Et aujourd’hui, nous vous proposons de voir cela avec une petite fille. (montrer la couverture de l’album).

Mais nous voulons aussi parler des exilés à travers les temps. Pour commencer, je vous salue de la part d’exilés… En annonçant ce culte sur la page Facebook de la paroisse, un abonné à notre page, un français installé aux USA et sa paroisse baptiste à côté de Dallas ont tenu à vous saluer aujourd’hui, particulièrement. Pourquoi eux ? Parce que ce sont des descendants d’exilés protestants français qui un jour, ont fui les persécutions et les guerres de religion en partant dans le nouveau monde.

Nous commençons toujours nos cultes de famille avec une question. Nous prenons 5 minutes pour échanger entre nous, entre voisins et voisines afin de se découvrir autrement. Celle du jour est :

Qu’est-ce qui vous manque le plus quand vous n’êtes pas chez vous ?

Chant de l’assemblée : « Seigneur, nous arrivons… » Recueil Arc-en-ciel n°214

Refrain : Seigneur, nous arrivons Des quatre coins de l’horizon ; Nous voilà chez toi. Seigneur, nous arrivons Des quatre coins de l’horizon, Dans ta maison.

  1. Nous avons marché sur des routes humaines. Nous avons porté le fardeau des jours. Nous avons souffert la fatigue et la peine. Nous avons offert simplement notre amour. Refrain
  2. Nous avons marché au milieu de nos frères. Nous avons porté le poids de nos jours. Nous avons souffert en voyant leur colère. Nous avons offert simplement ton amour. Refrain

Introduction au thème de l’Exil
(remarque : le culte à eu lieu en Lorraine. Dans la région, le souvenir de l’évacuation de 1939 est encore très vivant).

Partir de chez soi pour sauver sa vie à cause de la guerre, de la famine, est encore présent dans la mémoire de notre région. Il y a plus de 70 ans, nos arrière-grands-parents, arrières-arrières-grands-parents l’ont fait pour éviter la guerre avec l’Allemagne nazie. Ils ont été évacués. Ils sont partis avec ce qu’ils avaient pour se rendre loin de chez eux : dans la Vienne notamment. Ils étaient étrangers parce que souvent ils parlaient patois, alsaciens ou platt lorrains, alors que là-bas tout le monde parlait un autre patois ou le français. Et souvent, on les appelait les « boches », ces allemands qui menaçaient la France alors. Ce n’était pas facile.

Voici l’histoire d’une petite fille qui a dû aussi, un jour, partir de chez elle à cause de la guerre.

Lecture de l’album : pages du début jusqu’à la guerre !

 Chant de l’assemblée : « Ils ont marché au pas des siècles » Recueil Arc-en-ciel n°524 s1

  1. Ils ont marché au pas des siècles vers un pays de joie. Ils ont marché vers la lumière pour habiter la joie.

Refrain : Écoute, écoute, Surtout ne fais pas de bruit. On marche sur la route, On marche dans la nuit.
Écoute, écoute, Les pas du Seigneur vers toi. Il marche sur ta route, Il marche près de toi.

  1. Ils ont laissé leurs cris de guerre pour des chansons de paix. Ils ont laissé leur bout de terre pour habiter la paix. Écoute…
  2. Ils sont venus les mains ouvertes pour accueillir l’amour. Ils sont venus chercher des frères pour habiter l’amour. Écoute…

Lecture biblique : Mathieu 2 ,13-15

Introduction à la lecture : Dans la bible aussi, il y a des moments où les gens doivent partir pour rester en vie. L’un d’entre eux, c’est Jésus. Juste après sa naissance, sa famille et lui ont dû fuir en exil afin que Jésus reste en vie et que le roi Hérode ne le tue pas ! Jésus était un exilé, un immigré dans un pays qui n’était pas le sien.

Quand les savants furent partis, un ange du Seigneur apparut à Joseph dans un rêve et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère et fuis en Égypte ; restes-y jusqu’à ce que je te dise de revenir. Car Hérode recherchera l’enfant pour le faire mourir. » Joseph se leva donc, prit avec lui l’enfant et sa mère, en pleine nuit, et se réfugia en Égypte. Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode. Cela arriva afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait dit par le prophète : « J’ai appelé mon fils à sortir d’Égypte. »

Répons : Recueil Arc-en-ciel n°151 s1+3

Je louerai l’Éternel, de tout mon cœur, Je raconterai toutes tes merveilles, Je chanterai Ton Nom.
Je louerai l’Éternel, de tout mon cœur, Je ferai de Toi le sujet de ma joie, Alléluia !
Dieu voit les opprimés, il est leur abri, Leur refuge au temps des grandes détresses, Son nom est leur salut.
Dieu voit les opprimés, il est leur abri. Il sauve les siens, car il est le Dieu saint. Alléluia !
 

Prière d’exilé : Nanacee, Côte d’Ivoire

Mon Dieu,
je pense à ceux que j’ai laissés derrière moi dans un pays troublé.
Pour le moment, c’est trop risqué de rentrer.
Quand je regarde les nouvelles à la télévision, je prie pour le pays et pour tout le continent,
pour que les gens puissent vivre en paix.
Je n’ai pas le mal du pays…
Je sais que tout lieu où tu m’as conduit peut devenir ma maison.
Je repense au prophète Jérémie qui encourageait les déportés à s’installer
et à prier pour ce pays où ils étaient étrangers.
Dieu, je sais que tu me prépares pour rentrer dans le futur.
Comme tu as préparé Joseph pendant tout le temps où il était en Égypte.
Je n’ai pas peur de rentrer dans mon pays.
J’ai dû passer par tellement d’expériences ici, dans un pays inconnu,
avec une langue que je ne comprenais pas.
Seigneur, où que tu m’envoies avec ma famille, je suis prêt à y aller.
Tu sais ce qui est le meilleur pour moi. Amen

Répons : Recueil Arc-en-ciel n°151 s1+3

Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit, au commencement aujourd’hui, toujours et aux siècles des siècles.
Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit d’une éternité à l’autre éternité. Alléluia !

Lecture de l’album : pages concernant la fuite et jusqu’à l’installation dans un camps en tentes

Psaume d’exil

Introduction : Il y a un psaume dans la Bible qui parle de l’exil, du fait d’être loin de chez soi. A l’époque, bien avant que Jésus ne naisse, la grande ville de Jérusalem était tombée sous les ennemis. Ils avaient détruit la ville et obligé le peuple à les suivre comme prisonniers. Le peuple d’Israël était en exil à Babylone. Là-bas, loin de chez eux, ils vont écrire une prière, ce qu’on appelle un psaume, où ils disent combien c’est difficile pour eux de vivre loin de chez eux. C’est le psaume 137.

  • Lecture du psaume 137 :

Assis au bord des fleuves de Babylone, nous pleurions en pensant à Sion. Nous laissions nos harpes suspendues aux saules de la rive. Là, ceux qui nous avaient exilés nous ont demandé des cantiques et nos persécuteurs des chants joyeux : « Chantez-nous, disaient-ils, un des cantiques de Sion ! »
Mais comment chanterions-nous un cantique du Seigneur sur une terre étrangère ?
Ô Jérusalem, si jamais je t’oublie, eh bien, que ma main droite se paralyse !
Si je cesse de penser à toi, si je ne fais pas de toi ma suprême joie, eh bien, que ma langue se colle à mon palais ! Seigneur, souviens-toi de ce qu’ont fait les Édomites le jour où Jérusalem fut prise : « Rasez la ville, criaient-ils, rasez-la jusqu’à ses fondations ! »
Toi, Babylone, qui seras bientôt ravagée, heureux ceux qui te rendront le mal que tu nous as fait !
Heureux ceux qui saisiront tes jeunes enfants pour les écraser contre le rocher !

(Remarque : on peut bien sûr omettre les deux derniers versets. Nous avons choisi en équipe d’animation de les garder. Le culte a eu lieu fin novembre 2023 alors que la guerre à Gaza était encore aux informations).

Reprise : Ce psaume dit combien ils sont malheureux d’être loin de chez eux, de tout avoir laissé, abandonné… Il est aussi violent parce que ces gens ont subi une guerre où des enfants comme des adultes sont morts. Des gens qu’ils aimaient ont été assassinés par l’ennemi. C’est pourquoi dans cette prière, il y a aussi des mots durs de violence et de vengeance.

Dire la violence qui est dans ton cœur ne veut pas dire qu’on va la faire… La dire à Dieu signifie qu’on reconnaît qu’on aimerait se venger, qu’on a mal, à cause de ce que d’autres nous ont fait… Parce qu’on nous a fait mal, parce qu’on a fait du mal à des gens que vous aimez, ou même parce qu’on nous les a pris, ou tué… Dire tout cela à Dieu c’est demander à Dieu de nous aider à cheminer avec nous : pour qu’il vienne dans notre douleur, dans nos larmes et qu’on ne soit pas tout seuls. C’est la raison pour laquelle il s’agit d’un des psaumes qui nous touche le plus. C’est également aussi celui qu’on a le plus mis en musique.

Quizz musical autour du psaume 137 :

Voici 4 des plus grandes reprises musicales de ce psaumes. Écoutez et levez la main si vous reconnaissez !

  • Verdi, extrait de Nabbuco, le chœur des esclaves va pensiero (inspiration et reprise de certains versets)
  • Le chant des marais – composé en camps de concentration, comme le psaume 137 il parle de douleurs, d’être prisonniers loin de chez soi par des ennemis qui vous ont fait du mal.
  • Boney M – « On the river of Babylone » – qui reprend exactement les paroles du psaume !
  • Et enfin : Jérusalema de Master KG, tube de l’été 2023, qui reprend l’idée du verset 5 mais aussi de l’exil. Et dont les paroles sont :

Jerusalema ikhaya lami Jerusalem est ma maison
Ngilondoloze Protège-moi
Uhambe nami marche avec moi
Zungangishiyi lana Ne me laisse pas ici
Jerusalema ikhaya lami Jerusalem est ma maison
Ngilondoloze Protège-moi
Uhambe nami Marche avec moi
Zungangishiyi lana Ne me laisse pas ici
Ndawo yami ayikho lana je n’ai pas ma place ici
Mbuso wami awukho lana Mon royaume n’est pas ici

Il est un autre chant que beaucoup de gens qui sont tristes, qui sont en exil ou qui ont besoin du réconfort de Dieu prient c’est…

Chant de l’assemblée : « Mon seul abri c’est toi » JEM 354 

Mon seul abri, c’est toi, Toujours mon cœur te chantera, Car tu me délivres Et chaque fois que j’ai peur Je m’appuie sur toi, Je m’appuie sur toi, Et dans ma faiblesse, Le Seigneur me rend fort.
Mon seul abri, c’est toi, Toujours mon cœur te chantera, Car tu me délivres Et chaque fois que j’ai peur, Je m’appuie sur toi.

 Lecture de l’album : les pages sur la vie en exil et les portes qui se ferment
jusqu’au moment où la petite fille pleure dans le noir (juste avant la chaise)

 Atelier : qu’est ce qui me rends heureux…

Chacun est invité à écrire sur les papiers :

  • Sur chacun des papiers, écrivez une chose / personne / fait / activité qui vous permet de garder le moral, qui vous permet de passer une journée difficile. Écrivez au moins 3 papiers.
  • On les colle sur une toile afin de former un arc-en-ciel avec les petits papiers

 

Chant de l’assemblée : « En couleurs », de Glorius

 Prière d’intercession

 Seigneur, Dieu de l’univers,
Tu es le Père de tous les enfants de la terre.
Tu connais chacun. Chacun est pour Toi un enfant bien-aimé !
Tu aimes particulièrement les petits.
Comme Jésus Tu te tournes vers les enfants et les jeunes.
Chaque enfant est une bénédiction de Toi.
Nous Te rendons grâce pour leur force de vie et pour l’espérance dont ils témoignent.
Tu entends les cris de Tes enfants. Tu vois la main tendue et le corps sans vie ;
 Tu vois le regard accueillant et les barrières que l’on dresse ;
Tu entends les larmes d’une mère après le naufrage
et le rire de l’enfant qui a trouvé une nouvelle patrie.
Voici nos yeux, nos mains, nos intelligences et nos vouloirs.
Donne-nous un cœur éveillé et compatissant.
Fais-nous grandir en humanité : en paroles et en actes.
Enseigne-nous le chemin vers la Vie.
Seigneur, Tu nous appelles à prendre le chemin de la rencontre, ouvert à l’autre, d’un autre pays, d’une autre culture.
Aide-nous à nous mettre en route, ensemble.
Imprègne-nous de ta Parole pour que nous puissions donner corps à ton Évangile :
– En nous accueillant mutuellement, dans la confiance, car chacun est porteur d’un message de Ta part.
Cette rencontre nous fera grandir en humanité.

– En protégeant ceux qui sont dans le besoin, particulièrement les plus faibles.
– En promouvant la vie de chaque personne et un vivre-ensemble fondé sur la bienveillance et la reconnaissance mutuelle, terreau du respect, de la fraternité, de la justice, de la paix.
– En vivant dans une diversité réconciliée qui permette à chacun de s’intégrer, d’être capable d’apprécier la beauté de ce pays où nous vivons, prêt à en prendre soin et à y apporter la richesse qu’il porte en lui.
Ce n’est pas toujours une voie facile ; elle demande des choix, des dépassements. Mais c’est une voie porteuse de vie et d’espérance qui mène vers ton Royaume. Elle nous invite à cheminer en frères et sœurs, avec Toi à nos côtés ».

Et toutes nos prières, nous les rassemblons dans celle que tu nous as apprise : Notre Père chanté (version Glorius)

Annonces et Offrande

Lecture de l’album : à partir de l’offre d’une chaise jusqu’à la fin !

Chant de l’assemblée : « Oser la vie », de Théo Mertens

Oser la vie, venir au jour, oser encore vivre d’amour Et croire au retour du printemps, tendre une main, vers un enfant.

1. Ouvrir la porte de son cœur à ceux qui souffrent et qui peinent, et que la haine a repoussés. Tendre l’oreille à la clameur de ceux que l’injustice enchaîne, et crient leur soif de liberté. Oser la vie…

2. Savoir ouvrir les poings serrés par le mépris et la rancune, apprendre à se réconcilier. Envoyer un bouquet de fleurs à ceux qui t’ont volé la lune, choisir d’apprendre à pardonner. Oser la vie…

3. Oser parler du Dieu d’amour, Sauveur des hommes et de la terre, puiser sa force dans la foi. Suivre les pas de Jésus-Christ, offrant sa vie pour tous ses frères, proclamer d’une seule voix : Oser la vie…

Ici, chez nous… Offrir une chaise :

Nous avons présenté deux manières de s’engager dans nos paroisses pour ceux qui vivent l’exil :

  • Participer à un atelier discussion avec des exilés ukrainiens qui apprennent le français,
  • Venir manger à un repas paroissial organisé par l’antenne locale de la CIMADE afin de venir en aide à des Marocains touchés par le séisme (et justement leur éviter l’exil)

Bénédiction irlandaise

Introduction : la bénédiction vient d’Irlande. C’est pour nous un pays de vacances mais il fut un temps, à cause d’une famine terrible (en 1845), le pays fut déserté au profit des Etats-Unis. Il y eut alors beaucoup d’exilés. (si on veut et qu’on a le temps, on peut parler du geste solidaire qui lie la nation irlandaise et les nations amérindiennes Opis et Navajo. C’est une vraie et belle chaise)

Article à lire : Les Irlandais lèvent des fonds pour aider les Amérindiens touchés par la pandémie (Courrier international)

Que la route s’ouvre à ton approche,
Que le vent soit toujours dans ton dos
Que la lumière du soleil réchauffe ton visage.
Que la pluie ruisselle dans ton champ,
Et, jusqu’à ce que nous nous revoyions,
Que Dieu te garde dans la paume de sa main.

Chant de l’assemblée : « Que la grâce de Dieu » Recueil Arc-en-ciel n°882

Que la grâce de Dieu soit sur toi Pour t’aider à marcher dans ses voies.
Reçois tout son pardon et sa bénédiction.
Va en paix, dans la joie, dans l’amour.

Crédits : Emily Huser (UEPAL), Point KT




Vidéo du récit de la naissance de Jésus

Vidéo de 10 minutes réalisée par Karin Butterlin. La vidéo évoque la naissance de Jésus à partir des souvenirs de Marie. Mise en scène des figurines bibliques.

Vidéo du récit de la naissance de Jésus

Crédits : Karin Butterlin (formatrice AFIBI), Christophe Meyer, Bernard Kaempf, Point KT




L’histoire du dragon qui aimait les histoires

Le conte d’Anne Petit : « L’histoire du dragon qui aimait les histoires » c’est un peu notre histoire… mais jugez par vous-mêmes !

Mes petits enfants aiment beaucoup les histoires de dragons. Vous aussi ? Les dragons sont des créatures qui n’existent pas mais qu’on trouve dans des contes de nombreux pays dans le monde. Parfois, les dragons sont bons, parfois très méchants. Ils sont toujours dangereux pour les humains. Parfois ils enlèvent les princesses, parfois, ils sont porteurs du secret de la vie. Parfois, ils gardent de grands trésors.
Savez-vous qu’il y a un dragon dans la Bible ? Dans le dernier livre, celui qui s’appelle Apocalypse. L’auteur du livre raconte des visions, c’est-à-dire comme des rêves éveillés qui contiennent un message qui vient de Dieu. Le dragon de l’Apocalypse est très méchant, c’est lui qui contient tout le mal du monde et il essaie de prendre la place de Dieu. C’est un des chefs des anges, Michel, et toute son armée qui chassent le dragon du ciel.
On ne peut pas faire plus méchant que ce dragon-là.

Michel est un des chefs des anges. C’est un bon, n’est-ce pas ? Vous connaissez d’autres anges dans la Bible ? Il y a celui qui annonce à Marie qu’elle va avoir un bébé. Vous vous souvenez de son nom ? Gabriel. Lui aussi est un chef. Mais son boulot à lui, c’est d’annoncer les grandes nouvelles. Alors que Michel, c’est le chef de guerre. Il s’est débarrassé des géants, il arrive au secours de Gabriel qui annonce un grand message au prophète Daniel et il se bat contre le dragon. C’est aussi lui qui fait tournoyer l’épée et qui garde la porte du jardin d’Eden, de sorte que personne ne puisse y entrer. Il y a d’autres anges, comme Raphael, qui guérit, lui. Vous avez remarqué qu’ils ont tous un nom qui finit par « el » ? El, ça veut dire Dieu et tous sont des anges de Dieu, bien sûr.

Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos dragons.
Il était une fois un dragon qui vivait tranquillement dans une immense caverne du côté de Babylone. Il ne s’intéressait pas du tout aux princesses, pas plus qu’aux princes. Franchement, une princesse, ça n’est pas bon à manger. Tandis que les moutons des villageois d’à côté étaient succulents. D’ailleurs, les villageois acceptaient bien volontiers ces petits piqueniques, parce que le dragon chassait aussi les loups et les ours qui auraient mangé bien plus de moutons que lui. Mais ils gardaient tous le secret du dragon. Ils ne voulaient pas que d’autres l’attirent chez eux pour les protéger des loups. C’est pour cela que l’existence de ce dragon est restée secrète jusqu’à aujourd’hui !

Bref, ce dragon vivait bien tranquille ; ce qu’il aimait par-dessus-tout, c’était regarder les étoiles parce que les étoiles lui racontaient des histoires. Eh oui, les étoiles racontaient des histoires en ce temps-là. Il y avait bien des dragons, alors pourquoi pas des étoiles qui parlent. D’ailleurs, elles ne parlaient qu’aux animaux, pas aux humains. C’est pourquoi certains humains passaient leurs vies dans des calculs très compliqués en observant le ciel, les étoiles et les planètes et en espérant arriver à déchiffrer leur message, justement. Et ce n’était pas simple, pas simple du tout. Il fallait être très fort en maths, avoir une bonne vue (pas de lunettes ni de télescopes à l‘époque). Le seul avantage qu’ils avaient, c’est l’absence d’électricité. Dans le vrai noir, on voit le ciel beaucoup mieux que dans le faux noir de nos nuits à nous.

Bref, ce dragon adorait les histoires que racontaient les étoiles ; et depuis quelques temps, elles racontaient toutes la même histoire : un bébé va naître, le roi du monde. Il va naître là-bas, en Judée. L’étoile préférée de Dieu va apporter le message, elle va montrer le chemin ! Chaque nuit, la même histoire, ce roi du monde et toutes les choses extraordinaires qu’il allait faire : supprimer la guerre, apporter la lumière. Rendez-vous compte, des étoiles qui parlent d’un bébé qui apporte la lumière ! on marche sur la tête. Des bébés, le dragon en avait déjà vu, quand il s’aventurait un peu trop près des villages pour croquer un mouton ou deux, ou trois. Eh bien je peux vous dire une chose, ils ne brillaient pas ces bébés, mais pas du tout.

N’empêche, une nuit, quand l’étoile préférée de Dieu apparut, le dragon est resté bouche-bée. Elle brillait plus que tout au monde. Et elle bougeait. Oh, pas comme les autres, mais elle bougeait dans une direction bien précise.

– Hé, la grosse étoile toute brillante ! Tu me racontes une histoire ?

– Pas le temps dragon, pas le temps. Les savants de Babylone ont besoin de moi. Tous leurs calculs ne vont pas les conduire au bon endroit. Ils vont se tromper. Ils ont compris que le roi du monde va naître en Judée. Mais ils pensent qu’il va naître à Jérusalem, la capitale.
– Et ce n’est pas là qu’il va naître ?
– Non, c’est à Bethléem, un trou paumé. Parfois, je ne comprends pas le patron. Il a marmonné une histoire de prophétie, parlé d’un David. Bref, pas le temps, je suis pressée
– Je peux venir ?
– Oui, oui, tout le monde peut venir. Même les bergers. Le patron a chargé Gabriel de les prévenir.

Le dragon s’étire, prend son élan et s’envole. Il aurait pu suivre l’étoile sans mal mais un dragon sait toujours aller où il veut. Il est comme ça, un corps ambulant, avec des ailes, des écailles et tout le reste.

Il arrive bien avant l’étoile au lieu où campent les mages. Quel équipage ! Chameaux, chevaux, ânes, serviteurs…A ce train-là, ils vont arriver en retard. Moi je ne veux pas être en retard se dit le dragon qui vole plus vite que les grands aigles des montagnes. C’est comme ça qu’il arrive bien avant les mages à Bethléem. Et là, il se sent tout bête, il n’a pas demandé qui étaient les parents de ce bébé lumière. Heureusement, ses copines les étoiles, les ordinaires, celles de toutes les nuits, ses copines sont au courant. « C’est dans une étable, nous avons entendu Gabriel le dire aux bergers. »
Le dragon se rapproche tout doucement, mais pas trop et il écoute. Les dragons ont l’ouïe très fine, ils entendent bien mieux que nous. Il entend les cris du bébé. Il entend les bergers arriver. Ils parlent doucement, le bébé s’est endormi.

Mais tout à coup, un ange furieux se dresse devant lui. C’est Michel, le grand chef de guerre.

– Dragon, je vais te tuer. Et il brandit une épée éclatante de feu. On a même l’impression qu’elle tournoie !

Le dragon recule, effrayé ! C’est qu’elle est énorme cette épée. Elle est sûrement magique. Et puis, plus l’ange est fâché, plus il grandit. Et quand il déploie ses ailes, il devient presque plus grand que le dragon.
– Heu, je ne suis pas dangereux. Je ne fais de mal à personne. C’est à cause de l’étoile. Elle m’a raconté une histoire d’enfant lumière, de roi du monde, mais elle n’a pas eu le temps de finir. Et moi, j’aime les histoires, je voulais juste connaître la fin !
– C’est ça, gronde Michel ! Tu veux tuer l’enfant pour qu’il ne gagne pas la guerre contre le mal. Je t’écraserai avant. C’est le Seigneur Dieu qui m’a donné cette épée. Avec elle, je ne peux pas perdre. Je vais te découper en mille morceaux.
– Mais… je ne tue personne, enfin quelques moutons de-ci de-là, mais c’est juste pour manger hein !

Le dragon est à présent dos, enfin queue à un gros rocher. Il pourrait cracher du feu, mais le feu n’a pas l’air de gêner l’archange en furie qui tient une épée flamboyante dans ses mains.
– Bah, j’ai l’impression que je ne connaîtrai pas la fin de l’histoire ! se dit le dragon.

Heureusement, Gabriel est là aussi. Il avait suivi les bergers et il était resté et regardait, tout attendri, le bébé qui dormait dans la mangeoire. Attiré par les cris de Michel, il accourt pour le faire taire. Il ne s’agit pas de réveiller le petit. Il comprend la situation d’un seul coup d’œil et arrête le bras que Michel avait déjà levé pour terrasser le dragon.
– Arrête Michel, laisse-le.
– Gabriel, c’est un dragon et moi, les dragons, je les tue
– Je sais, je sais, mais ce n’est pas le bon dragon. Heu, je veux dire justement que c’est un bon dragon, un gentil dragon. Il n’enlève même pas les princesses.
– Un bon dragon, un bon dragon, ça n’existe pas les bons dragons grommelle Michel.
– Mais si, mais si, et celui-là, on en a besoin. Il fait froid, l’enfant a froid.
– Bon, bon, puisque tu le dis, mais moi, je ne suis pas responsable, hein ! Tu vas voir qu’il va le rôtir et le croquer, ton roi du monde. Et c’est toi qui apporteras la nouvelle au patron, hein !
– Allez, viens dragon. On a besoin de toi, rapproche-toi. Les bergers sont tous partis. Les parents se sont endormis. Mais il fait froid, trop froid pour l’enfant.

Alors le dragon passe sa tête par la porte de l’étable. Pas plus, il est trop gros. Et tout doucement, il souffle de l’air chaud sur le bébé qui ouvre ses yeux et lui sourit.
A cet instant, le dragon voit dans les yeux du nouveau-né toute la lumière du monde et comprend que ce n’est pas la fin de l’histoire, ce n’est que son commencement.

Cette histoire est vraie… pas le dragon, pas la dispute des anges, non, bien sûr. Mais la naissance du bébé, que vous avez tous reconnu, bien sûr. C’est Jésus !

Oui, la naissance du bébé, c’est le commencement d’une histoire vraie qui ne s’est pas encore terminée. Et nous tous, nous sommes des personnages de cette histoire que les étoiles n’ont pas fini de raconter.

Crédits : Anne Petit (EPUdF), Point KT, Pixabay




De Ruth à Jésus, une histoire de migrants et d’accueil

Un conteur juif du 4e siècle avant notre ère raconte :

Voix off 1 : L’histoire se situe au temps des Juges. Il y avait une grande famine à Bethléem.
Un couple fuit au pays voisin de Moab pour survivre, lui s’appelle Elimelek, elle Noémi. Ils ont deux fils qui se marient avec deux Moabites : Orpa et Ruth. Mais le père et ces deux fils meurent.

Scène sombre, fond triste avec des arbres morts. Une femme devant, triste et pliée sous le poids de la tristesse (Noémi)

Noémi désire rentrer au pays et demande à ses belles filles de retourner chez elles. Mais Ruth ne veut pas quitter Noémi : « Partout où tu iras, j’irai, lui dit-elle. Ton peuple sera mon peuple. Ton Dieu sera mon Dieu. »

Noémi (ferme et debout) et Ruth (arrive et n’est pas d’accord) se parlent et Ruth dit la phrase « Partout où tu iras, j’irai, lui dit-elle. Ton peuple sera mon peuple. Ton Dieu sera mon Dieu. »

Fond plus clair, désert à traverser
Musique montrant la longue marche

Elles arrivent toutes les deux à Bethléem au temps de la moisson d’orge. La coutume veut que les étrangers, les veuves et les pauvres puissent glaner derrière les moissonneurs. Ruth rentre sans le savoir dans le champ de Booz, parent d’Elimelek, son beau-père. Apprenant qui elle est, Booz demande à ses serviteurs de bien la traiter.

Ruth glane, d’autres femmes glanent autour d’elle

Fond : tableau de la scène de moisson, lumineux

Noémi fait à Ruth cette suggestion : Booz pourrait l’épouser. En effet, la loi d’Israël prévoit que si un homme meurt sans avoir d’enfants, un de ses parents doit épouser sa veuve pour lui assurer une descendance. Ce parent s’appelle le Racheteur. Noémi invite Ruth à se rendre, le soir venu, dans le champ de Booz, et à s’étendre à ses pieds lorsqu’il sera endormi.

Booz dort appuyé sur un arbre, Ruth s’allonge et dort à ses pieds.

Fond : tableau de Booz
Silence un peu long

Au cours de la nuit, Booz se réveille : « Qui est là ? dit-il. C’est moi, Ruth, sois mon Racheteur ! » (Dialogue entre Booz et Ruth)
Booz épouse Ruth. Scène de mariage, joyeux : musique, fleurs, danse, clochettes…
Ils ont un fils qu’on appela Oved et qui sera le père de Jessé.

Puis Ruth et Booz viennent présenter leur bébé Oved à l’assemblée (nous) comme lors d’un baptême.

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Salle sombre, Luc installé à une table, plume à la main

Autre voix off 2 :
Plus tard, bien plus tard, au 1er siècle de notre ère, un homme appelé Luc va écrire la naissance de Jésus. Voici ce qu’il écrit :

Enfants disent par cœur, l’un après l’autre

1 : En ce temps-là, l’empereur Auguste donna l’ordre de recenser tous les habitants de l’empire romain. Ce recensement, le premier, eut lieu alors que Quirinius était gouverneur de la province de Syrie.

2 : Tout le monde allait se faire enregistrer, chacun dans sa ville d’origine.

3 : Joseph lui aussi partit de Nazareth, en Galilée, pour se rendre en Judée, à Bethléem, où est né le roi David. Il alla s’y faire enregistrer avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.

Marie enceinte et Joseph marchent et arrivent à Bethléem, fatigués

4 : Pendant qu’ils étaient à Bethléem, le jour de la naissance arriva.

5 : Elle mit au monde un fils, son premier-né. Elle l’enveloppa d’une couverture et le coucha dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’abri destiné aux voyageurs.

Scène de Marie, Joseph et un bébé : scène lumineuse

6 : Dans cette même région, il y avait des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leur troupeau.

Scène de bergers dans une nuit étoilé (fond) : sombre

7 : Un ange du Seigneur leur apparut et la gloire du Seigneur les entoura de lumière. Ils eurent alors très peur.

Scène lumineuse

Un ange apparaît et leur dit : « N’ayez pas peur, car je vous apporte une bonne nouvelle qui réjouira beaucoup le peuple : cette nuit, dans la ville de David, est né, pour vous, un Sauveur ; c’est le Christ, le Seigneur. Et voici comment vous allez le reconnaître : vous trouverez un petit enfant enveloppé d’une couverture et couché dans une mangeoire. »

8 : Tout à coup, il y eut avec l’ange une troupe nombreuse d’anges du ciel, qui louaient Dieu en disant :

Chant des enfants : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre pour ceux qu’il aime ! » avec la musique

9 : Les bergers se dirent les uns aux autres : « Allons donc jusqu’à Bethléem : il faut que nous voyions ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. »

10 : Ils se dépêchèrent d’y aller et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la mangeoire.

Scène de Marie, Joseph, bébé, bergers qui parlent

11 : Quand ils le virent, ils racontèrent ce que l’ange leur avait dit au sujet de ce petit enfant.

12 : Tous ceux qui entendirent les bergers furent étonnés de ce qu’ils leur disaient.

13 : Quant à Marie, elle gardait tout cela dans sa mémoire et y réfléchissait profondément.

14 : Puis les bergers prirent le chemin du retour. Ils célébraient la grandeur de Dieu et le louaient pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, car tout s’était passé comme l’ange le leur avait annoncé.

Les bergers partent tout joyeux, en sautillant de joie
Marie, Joseph et Jésus partent aussi

Luc dit et écrit : Le huitième jour après la naissance, le moment vint de circoncire l’enfant ; on lui donna le nom de Jésus, nom que l’ange avait indiqué avant que sa mère devienne enceinte.
Luc dit et écrit : Jésus est le fils de Joseph. Joseph est le fils de Héli, qui était le fils de Matthat, qui était le fils de Lévi, qui était fils de Melchi, qui était fils de Jannaï, qui était fils de Joseph, qui était fils de Mattatias, (…) fils de Natan, fils de David, fils de Jessé, fils d’Obed, fils de Booz.

Lire le texte en diminuant le volume de la voix, jusqu’à ce qu’on ne l’entende plus, puis la voix revient de plus en plus fort puis s’éteint à nouveau

Scène d’un homme fatigué penché sur sa table qui écrit

Fond : tableau de Booz (le même)

Retour de tous autour du vieux Luc qui écrit et qui fatigue : ils le regardent écrire

15 : Et depuis ce temps-là, on raconte cette histoire de génération en génération. Jésus est né, un Sauveur nous est né et on raconte que son père descend d’une étrangère, une Moabite, qui a tout quitté pour suivre le Dieu de sa belle-mère. Elle a été courageuse, elle a donné vie, et d’elle vient celui qui sera notre Sauveur.

Crédits : Pasteure Virginie Moyat, Ermont (95) 2023 (EPUdF), Point KT