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Bibir, un coup de pouce pour la sorcière !

Esther Duflo, prix Nobel d’économie et Cheyenne Olivier, illustratrice talentueuse, ont mis leurs talents en commun pour présenter la pauvreté avec pour conviction forte : « Il n’y a pas d’âge pour se poser des questions, il n’y a pas d’âge pour essayer de comprendre, il n’y a pas d’âge pour avoir envie d’agir ! »… et cela fonctionne ! « Parce que se poser les bonnes questions c’est commencer à agir ».

Pour les adultes curieux, l’ouvrage se termine par quelques pages « Les mots d’Esther Duflo pour comprendre la pauvreté ». Les titres des thèmes abordés reprennent les points saillants du récit :

  • « Tout ça, c’est à cause de la sorcière ! »,
  • « J’avais des enfants et un mari. Mais il buvait beaucoup et me battait. Je me suis enfuie, et ma famille m’a rejetée, alors c’est ici que j’ai atterri »,
  • « Un agent rend visite à (la vieille) Konwu. Il lui demande ce qu’elle aimerait faire pour gagner un peu d’argent. »
  • « Le Gouvernement peut aider les personnes les plus pauvres. Je vais proposer Konwu. Ils vont s’en occuper. »

Dans la même série : Nilou, fini l’école buissonnière, Afia, qui saura la guérir ? Neso et Najy, même pas peur de la grande ville ! Oola, en avant les élections ! chez Seuil Jeunesse

A découvrir sans modération !

Bibir. Un coup de pouce pour la sorcière, Esther Duflo (auteur) et Cheyenne Olivier (illustrateur), Editions Seuil Jeunesse, 2022

Crédits : Laurence Gangloff (UEPAL), Point KT




Isabelle Bovard, conteuse

Voici une petite pépite pour les catéchètes : le site de la conteuse Isabelle Bovard : Des histoires à nos racines

Isabelle Bovard est conteuse et elle raconte avec passion toutes sortes d’histoires : des contes traditionnels, mais aussi des contes contemporains. Des légendes de Suisse, mais aussi des mythes grecs ou des histoires de l’autre bout du monde.
Elle a une passion particulière pour les récits de la Bible. Ses narrations bibliques nous font plonger dans les histoires où nous nous retrouvons aux côtés des protagonistes ; nous nous apercevons alors qu’ils nous sont tout proches et que ces histoires sont vibrantes d’actualité… Lors de ses spectacles-méditations, elle y mêle souvent des chansons francophones, qui leur font écho et les prolongent.
Sacrées ou profanes, les histoires nous relient à nos racines… Ses capsules vidéo sont très belles… venez et voyez !
Crédits : Point KT



La Vida, la vie, das Leben, the life. Chanson de Daniel Priss

Cette chanson de Daniel Priss écrite pour « Eclats de vie » – manuel scolaire utilisé en Alsace Moselle, tome 6 – est proposée dans le cadre scolaire. C’est une ode à la vie, la vie qui renaît au printemps, la vie message central de Pâques, la vie célébrée dans nos églises autour de la table de communion.
La mélodie, se veut légère et joyeuse, afin d’offrir une dimension festive à cette chanson.

 

 

 

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La vida, la vie, das Leben, the life
Paroles et musique, Daniel PRISS

La vie, das Leben, the life,
I want to share with you,
Mon ami, mein Freund,

Partager avec toi,
Mein Freund, my friend,
On this easter day.

La vida, la vie, the life,
Lo comparto contigo,
Mon ami, amigo,

Partager avec toi,
Mein Freund, my friend,
Este dia de pascua.

 

  1. C’est un jour de fête
    Un jour de joie,
    Un jour de bonheur.
    Nous voici devant une table prête,
    Mes frères et sœurs. Et le soleil brille,
    De mille feux,
    Il nous réjouit,
    Bois, champs et prés ont tous refleuri,
    Nous fêtons la vie !
  1. Au petit matin,
    Des jeunes filles
    Prises dans leur chagrin,
    Ont retrouvé le sourire de la vie
    La peur s’est enfuie.
    Nous chantons la joie,
    Formons une ronde,
    Elevons nos bras,
    Garçons et filles dansent la samba,
    Nous fêtons la vie !

Crédit : Daniel Priss (UEPAL), Point KT, Pixabay




Raconter Dieu à la maison – Une approche Godly Play

A l’âge de 87 ans, Jerome W. Berryman, théologien, né aux États-Unis, créateur de la méthode « Godly Play » propose une approche familiale. Huit chapitres passionnant sont développés en 188 pages et déclinés comme suit : l’histoire de Dieu Créateur (la Création), l’histoire de Dieu avec nous (Noël), l’histoire de l’amour recréateur de Dieu (Pâques), l’histoire de Dieu qui crée en nous (Pentecôte), l’histoire de la présence attentionnée et créative de Dieu (le Bon Berger), l’histoire de notre unité avec Dieu (le cercle de l’année liturgique de l’Église), histoires à propos des histoires de Dieu et pour finir : Que faire quand on ne sait pas quoi faire (être prêt pour les défis familiaux) ?

J’ai particulièrement aimé un extrait dans le chapitre 5 : « Il y a des moments dans la vie de famille où nous avons besoin de nous recentrer, de faire une pause et de nous demander ce qui est vraiment important et comment la nature attentionnée de Dieu se fait connaître dans nos vies. Le besoin de se recentrer surgit souvent dans les situations extrêmes comme la mort, la solitude, la quête de sens et le vertige de la liberté, quand notre capacité à créer ‘bonheur et fidélité’ et à les répandre sur nos chemins est remise en question. Une façon de faire une pause et de se demander ce qui est vraiment important est de réciter le Psaume 23. Une autre façon est de dire et de faire ce qui est décrit ici (dans les pages 115 et suivantes du livre). Quand on déplace de façon méditative les figurines de l’histoire (…), la parabole nous invite à centrer notre famille et nous-mêmes dans la présence de Dieu et dans notre identité la plus profonde. »

Le charme de ce livre provient du fait qu’il est facile à lire pour découvrir la méthode Godly Play. Le lecteur curieux découvrira ici combien les chapitres font sens les uns par rapport aux autres ; celui ou celle qui connaît un peu la méthode Godly Play se sentira à l’aise dans la présentation générale et appréciera tous les témoignages de Jerome W. Berryman ; les connaisseurs enfin, aimeront découvrir les nuances apportées dans certaines questions d’émerveillement. Ce livre m’a apporté beaucoup de joie.

A commander chez Opec ISBN 978 2 940508 81 5 ou Olivétan ISBN 928 2 35479 626 6

Découvrir la narration du Bon Berger (version longue – Godly Play)

Laurence Gangloff (UEPAL), Point KT




Elections en paroisse et en Eglise

En 2024, les paroisses de l’UEPAL élisent les membres du Conseil presbytéral et en mai 2024, un.e président.e de l’Union des Eglises protestantes d’Alsace et de Lorraine sera élue.
L’équipe de la Dynamique Jeunesse vous propose une boîte à outil « Elu’EPAL » pour se saisir de la dynamique élective de l’UEPAL et inviter les jeunes à contribuer, à réfléchir et à agir. N’hésitez pas à vous en saisir, à remanier les animations à votre façon, et surtout à nous faire des retours !

Voici le document Boite à outils Elu’EPAL

… et la prière pour l’Eglise (disponible en fin de dossier)

Prière pour l’Eglise

Seigneur Dieu, nous voulons aujourd’hui te prier pour notre Eglise.
Depuis ton ascension, et jusqu’à ton retour c’est elle qui partage ta bonne nouvelle.
Elle est faite d’Humains, de gens comme nous.
C’est nous qui la faisons vivre, c’est nous l’Eglise.
Alors Seigneur nous te prions,
Que dans notre Eglise chacun puisse toujours trouver sa place, pour pouvoir se mettre à ton service.
Que dans notre Eglise chacun soit toujours le bienvenu qu’importe ce qu’il est, pour témoigner de ta parole.
Que dans notre Eglise nous mettions l’amour, la foi et l’espérance au cœur de ce que nous faisons, pour être des témoins de ta présence dans ce monde.
Que dans notre Eglise nous donnions plus que nous recevons, pour éclairer ce monde de ta lumière.
Que notre Eglise nous donne, à nous les jeunes, la place et l’envie de s’investir.
Pardonne-nous si notre Eglise est source de conflits, de violence ou de haine.
Montre-nous le chemin de la simplicité et du pardon.
Nous voulons te prier pour les futurs candidats,
Qu’ils puissent s’inspirer de ta parole, qu’ils aient toujours l’oreille tendue quand nous leur parlons,
qu’ils soient accompagnés par ta grâce face aux grandes responsabilités qu’ils prennent.
Nous voulons te prier pour ceux qui exercent des responsabilités dans notre Eglise, accompagne-les Seigneur.
Nous voulons te prier pour les églises du monde qui sont fermées, brulées ou persécutées.
Accompagne-les Seigneur.
Nous voulons te prier pour l’Eglise de demain, qui nous appartient. Accompagne nous Seigneur.
Donne-nous la force et la joie, que nous puissions continuer demain à partager ton message.
Amen.

Crédit : Marianne Renaud pour l’équipe « DJ » (UEPAL), Point KT




Eglise et handicap mental

Johan Smit et Isabelle Bousquet sont les auteurs du livret « Eglise et handicap mental », véritable manuel d’aide à l’inclusion. Sorti presque inaperçu des presses pendant la période du confinement, nous voulons aujourd’hui saluer ce manuel si riche en propositions concrètes.
Ce livre – publié aux Editions Olivétan – est composé de 8 chapitres, comprenant des « fiches conseils » permettant une lecture rapide et une recherche ciblée.

Chaque fiche se termine par une proposition « pour aller plus loin », et dans les quelques lignes ci-dessous, nous proposons aux lecteurs de faire ce pas en plus en cliquant sur les liens proposés dans le livre et proposés ci-dessous pour vous aider.

Chapitre 1- Les Églises et les personnes avec déficiences intellectuelles

Chapitre 2- La communication totale

Chapitre 3- : Les parents et les proches

Chapitre 4- : Le culte, la messe, les célébrations

Chapitre 5- : Rencontres en petits groupes

Chapitre 6- : Rencontres pastorales individuelles

Chapitre 7- : La catéchèse

Chapitre 8- : Eglise et diaconie : permettre la participation de tous

Crédits : Point KT




La Samaritaine et Jésus

Il fait chaud, très chaud. Nous sommes en Samarie, près de Sichem, en 28 ou 29 de notre ère. Comme dans tous les villages des environs, il y a un puits. On n’aurait pas fondé un lieu de vie là où il n’y a pas de puits ou de source. Même les cours d’eaux peuvent être à sec une partie de l’année.
Ce puits sert à tout le monde : les bergers puisent de l’eau pour leurs troupeaux, les artisans envoient leurs apprentis chercher l’eau nécessaire à leur ouvrage et bien sûr, les femmes tirent l’eau nécessaire à la maison. C’est une tâche ingrate et comme souvent, elle revient aux filles dès qu’elles sont assez fortes pour transporter l’eau sur leur tête et cela jusqu’à ce qu’elles soient trop vieilles pour la charge. Comme cela existe encore dans notre monde, il nous est facile d’imaginer les scènes qui se déroulent autour de ce puits. Les femmes viennent en groupe, autant en profiter pour échanger des nouvelles et puis, c’est toujours plus agréable d’accomplir une corvée à plusieurs ! Elles évitent à la fois les bergers et leurs bêtes et la chaleur du jour. Elles viennent le matin très tôt et le soir, jour après jour, puiser de quoi boire, nettoyer, laver toute la maisonnée.

Mais à l’instant, il est midi, la chaleur est accablante, le soleil de plomb. Le puits est désert en attendant le soir. Pourtant non, il n’est pas désert, une femme s’approche avec sa cruche, et découvre qu’elle n’est pas seule. Un homme est déjà là. Il est assis au bord du puits. Ses pieds et ses vêtements sont pleins de poussière. Il a l’air fatigué. La femme hésite. Elle venait au puits à cette heure pour ne pas rencontrer les autres, celles qui la jugent, celles qui ne lui parlent pas mais qui murmurent dans son dos. Oh, elle sait bien ce qu’elles disent : elle n’est pas fréquentable. Pensez donc, 5 maris ! Peu importe pourquoi, peu importe comment. 5 maris, ça ne se fait pas. Non, cela ne se fait pas pense-t-elle amèrement. Mais quand on n’a pas d’argent et pas de fils, plus de père chez qui retourner, comment vivre ? Maintenant, elle porte malheur aux hommes, voilà ce qui se dit. Alors, plus personne ne veut l’épouser. Elle ne veut plus les voir, elle ne veut plus les entendre toutes ces femmes qui jugent sans savoir. C’est pourquoi aujourd’hui, elle a décidé de chercher l’eau en pleine chaleur plutôt que d’affronter leurs regards.

Et voilà elle ne peut même pas puiser tranquille, même à midi ! En même temps, l’homme est un inconnu, elle n’a qu’à l’ignorer. De toutes manières, il l’ignorera aussi, c’est un homme et elle est une femme, c’est un Juif et elle, elle est Samaritaine.

Et bien non, il se tourne vers elle, il la regarde et lui demande à boire.
« Ah bon, tu me demandes à boire, toi homme juif, à moi, une femme, et une samaritaine en plus ! ça c’est une première ! Depuis quand les hommes s’adressent-ils à des femmes étrangères ? » Il est étrange ce Juif pense-elle. Il la regarde vraiment. Il lui parle vraiment, comme si elle avait de l’importance. « Si tu savais qui je suis, tu m’aurais demandé de l’eau vive et je t’en aurais donné »

« Mais tu n’as pas de seau et le puits est profond. Est-ce que l’eau va sortir miraculeusement, comme elle le faisait du temps de notre ancêtre Jacob ? »

L’homme répond, et sa réponse est encore plus curieuse que la précédente : « Cette eau du puits, tu en bois mais plus tard, tu as de nouveau soif. Avec l’eau que moi je peux te donner, tu n’auras plus jamais soif. »
La femme est interloquée, elle ne comprend pas mais répond quand même : « Donne-moi cette eau, que je ne sois plus obligée de venir ici, puiser ». Et puiser, c’est dur pense-t-elle, mais puiser en plein midi, c’est infernal !

L’homme la regarde et change brutalement de sujet. « Va chercher ton mari ». Il est bien temps de s’occuper des convenances pense la femme, cela fait un bout de temps que nous parlons de manière inconvenante. Et elle répond « Je n’ai pas de mari »

« C’est vrai, tu n’as pas de mari, mais tu en as eu 5, et tu vis avec un homme qui n’est pas ton mari »

Il dit ça comme ça. C’est vrai, mais cela n’a clairement pas d’importance pour lui. Il ne juge pas, il ne critique pas, il ne méprise pas. Cet homme plein de poussière la regarde, il la voit comme elle est, il lui dit qui elle est, simplement. Mais lui, qui donc est-il ? Un prophète ? Comment sait-il ce qu’elle a fait ? Pourquoi lui a-t-il parlé, à elle, alors qu’il savait qui elle était ? Ces questions se bousculent en elle mais finalement, elle ne les pose pas. Elle décide : « Tu es un prophète » et lui demande non ce qui importe pour sa personne, mais ce qui importe pour la foi de son peuple. Là-haut, sur la montagne, se trouvait le temple avant que le roi juif le détruise. C’est là que les prêtres samaritains enseignent qu’il faut rendre un culte à Dieu et pas à Jérusalem. Au fond, c’est essentiel : où se trouve Dieu ? C’est une question qui concerne tout un chacun, de toute éternité. Alors elle demande « Où faut-il adorer Dieu, sur le mont Garizim ou à Jérusalem ? »

La réponse de ce voyageur fatigué n’est pas celle qu’elle attend. « La question n’est pas là, dit-il. L’important, c’est de connaître le Père et seuls les Juifs le connaissent vraiment et c’est cela qui peut sauver les autres. Mais il est temps de ne plus s’intéresser à « où l’adorer » mais à « comment le faire ». Dieu est Esprit et c’est en esprit qu’il faut l’adorer. Le Père est vérité, et il faut l’adorer en vérité. »
La femme ne comprend rien. Comment le pourrait-elle ? Tant de grands savants se sont penchés depuis sur ces réponses. Mais elle commence à le regarder et tout comme il a su qui elle était, elle entrevoit qui il est. Si la question du temple n’a aucune importance, si cet homme fatigué, plein de poussière, ordinaire et même un peu impuissant, incapable de puiser de l’eau, parle de Dieu comme on parle de son père, il est peut-être, lui, ce qui vient des Juifs pour sauver. Alors, elle se lance : « Le Messie qui doit venir tout nous annoncer, ne serait-ce pas toi ? »

Alors, il répond simplement « Je le suis, moi qui te parle ». La femme part en courant annoncer à tout le village, à tous ceux qui la méprisent et l’ignorent ce qu’il vient de lui arriver.

Cette histoire, c’est celle de la Samaritaine qui a rencontré un jour Jésus au bord d’un puits, Jésus dont le nom signifie « Dieu sauve »
C’est l’histoire d’une femme – catégorie inférieure d’humain, une Samaritaine – catégorie inférieure de croyants, selon les Juifs en tous cas, qui reconnait en Jésus ce que les savants juifs de Jérusalem n’ont pas compris. Elle a reconnu dans ce voyageur fatigué celui qui tous attendaient. Elle a réussi à déconstruire la vision d’un Messie triomphant, vêtu de blanc, brandissant une épée, venu nettoyer le pays pour que Dieu puisse y régner.
Cette femme en dehors des clous a pensé en dehors des clous et c’est elle qui comprend que l’heure est arrivée de changer de vision des choses.
Jusqu’ici Jésus n’a convaincu que ses disciples, et encore, il faudra attendre la résurrection pour que tout devienne clair pour eux. Est-ce que tout est clair pour la femme ? Sans doute pas. Mais l’essentiel est là, dans cette rencontre où l’eau dont il est question n’est pas toujours de l’eau ; où les hommes ne sont pas tous des maris ; où les horaires de visite au puits sont brouillés ; où les attentes sont comblées mais pas de la manière attendue ; où celui qui devait venir comme un roi vient comme un simple voyageur démuni de l’essentiel, l’eau qui étanche la soif, mais qui est capable de donner plus que l’essentiel : il donne la vie qui ne s’arrête pas, cette dimension supplémentaire de vie qui est la vie avec Dieu, qui est comme une source d’eau qui ne tarit pas, il donne des forces, de la joie, de la paix, de l’amour à tous ceux qui sont capables de reconnaître en lui celui qui sauve le monde.

J’ai raconté l’histoire, en imaginant un peu les pensées de la femme, en décrivant un peu le contexte, en simplifiant un peu le discours de Jésus. Vous pouvez lire l’histoire dans le chapitre 4 de l’évangile de Jean. Vous y retrouverez l’essentiel de la narration. Le passage a été commenté, décortiqué pendant des siècles et il continue à l’être.

On peut y voir quantité de symboles, y découvrir des allégories. J’ai voulu insister sur la femme, sur la Samaritaine, parce que Jésus est Jésus, et de lui, je ne sais qu’une partie, son humanité : la fatigue du voyage, la soif, la faim -les disciples sont partis acheter à manger. Je peux savoir la frustration de ne pas être compris par les maîtres d’Israël, de ne pas être écouté par ceux qui devraient savoir. Mais je ne peux pas connaître Jésus « Dieu sauve ». Je ne peux pas savoir ce qui lui permet de connaître la vie de la Samaritaine, ce qui lui permet de savoir qui je suis au-delà des apparences.

Et c’est là me semble-t-il un point important, un point essentiel. La Samaritaine, qui est si proche des Juifs qu’elle en partage l’espérance messianique, a appris que le Messie devait venir, tout comme elle a appris que le temple qui se dressait sur le mont Garizim était le seul lieu possible pour adorer Dieu. Mais Jésus lui a permis de voir au-delà où à côté des enseignements donnés, ou bien c’est sa propre condition de personne un peu en dehors des clous qui lui a permis de réfléchir en dehors des sentiers battus, je ne sais pas.

Qu’est-ce qui fait qu’on reconnaît Jésus dans nos vies ? Moi, je ne sais pas. Je l’ai rencontré, sinon, je ne serais pas là ce matin. Comment est-ce que je l’ai reconnu ? Je ne sais pas. De toutes manières, ce n’a sûrement pas été de la même manière que la Samaritaine qui l’a reconnu en chair et en os. Et probablement, si nous savions le dire, nous aurions tous une histoire différente à raconter. Ce que je peux vous dire par contre, c’est ce qu’il a fait et qu’il continue à faire dans ma vie. Il est présent, il me guide, il m’accueille quand je reviens vers lui après avoir fait fausse route. Il entend mes prières. Il me permet de comprendre l’amour de Dieu pour moi. Et je peux m’imaginer que cette femme inconnue de Samarie a été transformée par cette rencontre. Transformée à l’intérieur d’elle-même mais aussi transformée pour les autres, ceux qui sont allés parler à Jésus et ont compris qu’il venait sauver le monde. N’était-ce pas grâce à elle qu’ils avaient approché le Seigneur ? N’est-ce pas elle qui nous le fait voir encore aujourd’hui ? En tous cas, Je suis sûre qu’elle n’a plus jamais ressenti le besoin d’aller au puits en plein midi. Amen

Crédits : Anne Petit (EPUdF), Point KT, Pixabay




Se plonger 7 fois dans le Jourdain

« Voici un conte que j’avais écrit pour un culte entre les versets 12 et 13 de 2 Rois 5. Un culte tout à la fois intergénérationnel, et avec l’Église malgache de Provence qui est venue soutenir les prières et les chants avec leurs instruments. 3 jours avant le culte, j’ai recruté deux paroissiens pour répéter ensemble la prédication. On l’a bien travaillé le mercredi et on a surtout passé un bon moment à retravailler ensemble mon texte. J’y ai mis les rivières et les fleuves qui passent à proximité d’Avignon – mais on peut l’adapter avec l’Ill et le Rhin – ou toute autre rivière qui traverse les villes de France. Le seul accessoire que nous avions : la crécelle de Naaman que je tournais, pour parfois introduire son propos. Cette narration est tout à fait adaptée à l’occasion d’un baptême. »

Ordre du culte :

♪ Jeu musical
– Proclamation de la grâce de Dieu – Accueil – Prière de louange
♪ Alléluia 21-07 : Qu’aujourd’hui toute la terre – § 1, 2 et 5
– Volonté de Dieu – Prière de repentance
♪ Alléluia 45-10 : J’ai soif de ta présence – § 1, 2 et 5
– Déclaration et accueil de la grâce
♪ Alléluia 42-08 : Toi qui disposes – les trois §
– Prière d’illumination
♪ Alléluia 51-14 : Quand l’Esprit de Dieu habite en moi – § 1, 2 et 3
– Lecture 2 Rois 1-15 (page 4) et prédication
♪ Chorale
♪ Alléluia 44-11 : Entre tes mains j’abandonne – § 1, 2 et 3
– Confession de foi : Symbole des apôtres
– Annonces – Collecte
– Prière d’intercession et Notre-Père
– Parole d’envoi – Bénédiction
♪ Alléluia 44-11 : Je suivrai mon Seigneur et mon maître (pages 2 & 3)

Prédication narrative

Narrateur (2 Rois 5, versets 1 à 14) :

Naamân, chef de l’armée du roi d’Aram, était un homme estimé de son maître, un favori, car c’était par lui que le SEIGNEUR avait donné la victoire à Aram. Mais cet homme, vaillant guerrier, était lépreux.
Les Araméens étaient sortis en razzia et avaient emmené du pays d’Israël une fillette comme captive ; elle était au service de la femme de Naamân. Elle dit à sa maîtresse : « Ah, si mon maître pouvait se trouver auprès du prophète qui est à Samarie ! Il le délivrerait de sa lèpre ».
Naamân vint rapporter ces paroles à son maître : « Voilà ce qu’a dit la jeune fille qui vient du pays d’Israël ». Le roi d’Aram dit : « Mets–toi en route ! Je vais envoyer une lettre au roi d’Israël ». Naamân partit, prenant avec lui dix talents d’argent, six mille sicles d’or et dix vêtements de rechange.
Il présenta au roi d’Israël la lettre qui disait : « En même temps que te parvient cette lettre, sache bien que je t’envoie mon serviteur Naamân pour que tu le délivres de sa lèpre ». Après avoir lu la lettre, le roi déchira ses vêtements et dit : « Suis-je Dieu, capable de faire mourir et de faire vivre, pour que celui–là m’envoie quelqu’un pour le délivrer de sa lèpre ? Sachez donc et voyez : il me cherche querelle ! »
Lorsque Elisée, l’homme de Dieu, apprit que le roi d’Israël avait déchiré ses vêtements, il envoya dire au roi : « Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements ? Que Naamân vienne me trouver, il saura qu’il y a un prophète en Israël ! ».

Naamân vint avec ses chevaux et son char et s’arrêta à l’entrée de la maison d’Elisée. Elisée envoya un messager pour lui dire : « Va ! Lave-toi sept fois dans le Jourdain : ta chair deviendra saine et tu seras purifié ».
Naamân s’irrita et partit en disant : « Je me disais : Il va sûrement sortir de chez lui et, debout, il invoquera le nom du SEIGNEUR son Dieu, passera la main sur l’endroit malade et délivrera le lépreux. L’Abana et le Parpar, les fleuves de Damas, ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d’Israël ? Ne pouvais-je pas m’y laver pour être purifié ? » Il fit donc demi–tour et s’en alla furieux.

Narrateur : L’un des serviteurs de Naamân s’adresse à lui.

Serviteur – Vous avez l’air contrarié mon maître…

Naamân (qui se gratte avec une crécelle) – On le serait pour moins. Non seulement cette peste ne cesse de gagner du terrain mais en plus, mes adversaires en profitent pour prendre leur revanche et se moquer de moi. C’est une honte ! Ont-ils oublié qu’ils parlent au général en chef de leur suzerain ? Pas plus tard qu’hier, je triomphais d’eux – tout en considérant toujours, qu’il est indigne de frapper un homme à terre. Lorsque j’ai vaincu Israël, c’étaient eux qui étaient à terre à mes pieds, c’étaient eux qui capitulaient et imploraient ma clémence.
Par exemple : ce prophète Elisée, il n’a même pas daigné sortir de chez lui pour me rencontrer, il ne m’a envoyé qu’un serviteur !

Serviteur – … un serviteur… comme moi…

Naamân – Maudite peste (tourner la crécelle), jusqu’à quand devrai-je, à cause d’elle, supporter l’insolence de tous ces serviteurs et esclaves, de ces femmes et ces enfants, qui se permettent de me donner des leçons ? Ça a commencé par cette enfant captive d’Israël, qui a parlé à ma femme – puis ce prophète qui m’envoie son larbin – et puis toi maintenant… J’en ai assez ! C’est décidé : je retourne dans mon pays d’Aram !

Serviteur – … c’est dommage, mon maître : vous aviez déjà fait un grand bout de chemin.

Naamân – … un chemin qui mène nulle part, oui ! : me plonger 7 fois dans le Jourdain ? ça n’a ni queue, ni tête ! J’attendais un peu de considération de la part de ce prophète, qu’il fasse quelques incantations religieuses, qu’il fasse miroiter devant moi l’or des instruments cultuels, qu’il me prépare je ne sais qu’elle décoction sacrée – ne serait-ce que pour voir un peu la couleur des 10 talents d’argent et des 6 000 sicles d’or que j’ai investi dans l’affaire – histoire aussi de palper la présence du divin, tu vois ? …
Mais rien de tout ça. Juste cette parole saugrenue : « Va te plonger 7 fois dans le Jourdain ». Quand bien même il y aurait une part de vrai dans cette parole, L’Abana, le Parpar, la Sorgue, la Durance tout proche d’ici – ne pouvaient-ils pas tout autant faire l’affaire ?

Serviteur – Certes, mais vous qui rejetez les paroles absurdes, écoutez celle-ci, car elle est sensée : si le prophète vous avait commandé de faire quelque chose de compliqué – vous connaissant – je suis sûr que vous l’auriez fait. Mais voilà qu’il vous demande de faire quelque chose qui semble ne rien coûter – et ça, vous vous y opposez. Pourquoi donc ?

Naamân – Vois-tu, de toute ma vie, je ne dois rien à personne. Mes parents étaient à une place semblable à la tienne, figure-toi. Ma vie, je l’ai gagnée, au fil l’épée notamment. J’ai grimpé un à un les échelons et des concours… jusqu’à la droite du roi ! sans que personne ne m’aide. A l’école militaire, on ne m’a appris ni la mendicité, ni la soumission. Voilà pourquoi je me méfie de tout ce qui est soi-disant gratuit, de tout ce qui ne se gagne pas. Car ce que l’on te donne, on te le reprend toujours au décuple d’un autre côté. Mets-toi ça dans la tête fiston, on n’a rien sans rien. Ce qui ne se gagne pas, n’a pas de valeur. Voilà pourquoi j’y ai engagé mes fonds propres : je suis venu avec une lettre du roi d’Aram et tout cet or et tout cet argent.
Mais je ne viens pas ici pour capituler : mais pour guérir. Et cette guérison, c’est comme je veux – quand je veux – et où je veux, tu m’entends ! Même un genou à terre, c’est toujours moi qui commande ! On ne me dirige pas. Mais cessons ces bavardages et levons le camp. Nous n’avons que trop perdu de temps.

Serviteur – Pour l’instant maître, ce temps n’est ni gagné, ni perdu. Tout va dépendre de la décision que vous êtes sur le point de prendre…

Naamân– Comment ça ?

Serviteur – J’ai tout d’abord essayé de m’inscrire dans votre de grille de valeur, et de vous donner un argument raisonnable pour obéir au prophète : vous vous obstinez à vouloir faire demi-tour.
Alors, souffrez de perdre encore une ultime minute. Qui sait ? Peut-être sera-t-elle la minute décisive de votre vie ? – celle de votre baptême…
Passons maintenant à l’irraisonnable – car, que vous le vouliez ou non, en allant voir cet homme de Dieu – en venant au culte ce matin, – vous vous êtes déjà hasardé de façon folle. Ce qui vous est demandé maintenant, c’est d’aller encore plus loin, dans cette même direction : inversez le rapport de force dans lequel vous vivez, pour envisager un rapport scandaleux de faiblesse.
Je vous parle là d’un véritable retournement : une conversion ! Cessez de vouloir enrôler tout le monde sous vos ordres. Rangez votre business-plan. Essayez d’imaginer un retour sur investissement… sans investissement.
Vous avez engagé vos fonds propres dites-vous ?… mais est-ce que vous êtes prêts à engager votre propre fond, le fond de vous-même ? Pour cela : il va falloir commencer par déposer votre épée, vous décharger de votre armure, vous mettre à nu, et plonger dans l’eau – et, qui plus est, 7 fois – histoire de bien témoigner que c’est à Dieu que vous vous confiez.

Naamân – Rendre les armes, jamais ! Veux-tu que je perde la vie !
Tant que t’y es, pourquoi pas demander le baptême !

Serviteur – A vouloir sauver votre vie – mon maître, avec tout le respect que je vous porte : vous la perdez. Posez votre épée aux pieds de Dieu, et alors, il vous adoubera comme chevalier de sa Parole. Ecoutez bien ceci : vous avez raison sur un point. L’eau du Jourdain, en elle-même, ne vaut pas mieux que l’eau d’ici. Sa valeur est dans le chemin que vous avez suivi pour marcher jusqu’à elle.

Naamân – ça, c’est le moins qu’on puisse dire : 200 Km en pleine canicule !

Serviteur – Je ne parle pas seulement de ce chemin-là, mais d’un mouvement qui s’est déjà amorcé à l’intérieur de vous-même : vous avez commencé par écouter cette jeune captive, dont vous n’aviez même pas remarqué l’existence. Et maintenant, c’est moi-même, votre serviteur, que vous écoutez. M’aviez-vous déjà écouté auparavant ?

Naamân – Il ne manquerait plus que ça ! Que les maîtres dussent écouter leurs serviteurs ! Tant que tu y es, pourquoi pas un syndicat d’esclaves ?

Serviteur – Et pourtant tu m’écoutes de plus belle…

Naamân (à l’assemblée) – Le voilà maintenant qui me tutoie ! Le pire, c’est que je ne m’en offusque pas !

Serviteur – … car tu commences à réaliser que l’important n’est pas le statut – ni la couleur de peau – de celui qui te parle. Tu ne t’en rends peut-être pas compte mais, en t’engageant sur cette voie, tu t’es déjà mis en route. Tu as quitté ton pays, ta famille, ta maison – tout comme Abraham, leur ancêtre.
Tu es l’un des leurs maintenant, fils d’Abraham, en marche vers le Jourdain, en marche vers une relation nouvelle avec Dieu. Comme lui, il te faut maintenant sortir de toi-même.
Ce prophète t’a déjà amené doucement à reconsidérer ta relation à l’autre, à désirer écouter ceux que tu réduisais auparavant à rien.
Que tu le veuilles ou non : ton chemin est déjà engagé.
Ce que Dieu attend de toi, ce n’est ni la fuite, ni une mise en scène pour faire plaisir à tout le monde, mais d’être à Son écoute, et à celle de tes proches.

Naamân – Mais que restera-t-il de moi, au final ? Si tout se joue malgré moi ?

Serviteur – Rien n’est joué.
Tu verras : tu crois que ton armure te protège, mais elle t’enferme. Elle te sépare de l’autre. Elle est l’image que tu préfères renvoyer, parce que tu te déconsidères. Loin d’être un refuge, ton armure est une prison. Elle est ton amour-propre, et te ferme à l’amour de l’autre. Décharge-toi d’elle… ça te fera du bien… Commence par ta cuirasse, puis ce sera au tour de ton char et de tes chevaux. Il t’appartient de troquer ton char contre la foi qui te portera – tes chevaux contre la grâce de Dieu qui t’entraînera : ce sera pour toi une libération. Tu poursuivras alors, d’un pas encore plus assuré, ce chemin qui t’ouvrira à une relation nouvelle à toi-même, à l’autre, et à Dieu.

Naamân (à l’assemblée) – C’est qu’il parviendrait presque à me convaincre ! (au serviteur) Mais dans cette relation nouvelle, pourquoi serait-ce à moi de faire le premier pas ?

Serviteur – Le premier pas – celui qui coûte – figure-toi que Dieu l’a déjà fait. Il t’attend. Sous l’eau du Jourdain. Il t’attend depuis si longtemps qu’il en suffoque à en mourir pour toi. Vas-y sans honte, sans armure ni crécelle, et tu vivras avec Lui.

Narrateur (Lecture de la suite du texte, 2 Rois 5, 14-15) :

Alors Naamân descendit au Jourdain et s’y plongea sept fois selon la parole de l’homme de Dieu. Sa chair devint comme la chair d’un petit garçon, il fut purifié. Il retourna avec toute sa suite vers l’homme de Dieu. Il entra, se tint devant lui et dit : « Maintenant, je sais qu’il n’y a pas de Dieu sur toute la terre si ce n’est en Israël. »

Crédits : Daniel Schrumpf (EPUdF), Point KT, Illustration Pixabay




Lazare, ressuscité ?

Prédication narrative pour les jeunes (Evangile de Jean 11, 1- 45)

 

Il y a bien longtemps, en 68 de notre ère pour être plus précis, dans une petite ville des environs d’Ephèse, une femme d’environ 65 ans se dirige vers la maison où son Église se réunit. En chemin, elle pense aux événements qui agitent tous les esprits. Un messager en provenance de Jérusalem est arrivé hier chez Jean. Les nouvelles ne sont pas bonnes. Certes, les frères et sœurs ont quitté la ville, mais la guerre qui fait rage attriste tout le monde. Non seulement les Romains assiègent la ville, mais à l’intérieur, les différentes factions se battent entre elles. Jésus avait bien raison : la violence ne mène qu’à la violence.
Marthe, puisque c’est elle, a accepté d’enseigner les enfants pendant que les adultes discutent de la guerre et prient pour les Juifs prisonniers de la ville et prisonniers de la violence.

Les enfants qu’elle va rencontrer, elle les connait bien. Tous, ils l’appellent grand-mère, que ce soit ses arrière-petits-enfants ou leurs amis. C’est bien ainsi, se dit-elle, puisque tous nous formons une grande famille, grâce au Seigneur Jésus Christ. Pour ceux qui sont nés dans l’Église, c’est tout naturel. Pour les autres, c’est une vraie découverte. En particulier pour le petit Rufus qui ne dit jamais rien : ses parents sont morts de la fièvre l’hiver dernier juste après avoir rejoint l’Église et Rufus a été recueilli par Myriam, la nièce de Jean.

De quoi parler aujourd’hui ? Comment leur parler ? Elle qui a rencontré le Seigneur ressuscité, elle qui parcourut l’empire jusqu’à Rome en compagnie de son mari Barnabas avant de s’installer à Éphèse avec Jean et ses proches, elle trouve toujours bien plus difficile de s’adresser aux enfants qu’aux adultes. Et puis, il y a le petit Rufus.

Lorsque, devant la maison de Jean, Marthe a fini d’embrasser tous ces petits, les demandes fusent : « Alors grand-mère, tu nous parles de quoi aujourd’hui ? Raconte la fois où Jésus a guéri un aveugle ! Non, la fois où il est entré à Jérusalem sur un ânon ! C’est vrai que les Romains vont tuer tout le monde à Jérusalem ?

Et puis, il y a Rufus, qui ne dit rien.

Alors Marthe se décide. Est-ce que je vous ai déjà parlé de la fois où mon frère Lazare est mort ?

Grand-Père Lazare ! Mais il n’est pas mort, il est en train de discuter là-dedans avec les autres !

Eh bien si, Lazare est mort, il y a bien longtemps, et c’est le Seigneur Jésus qui l’a ramené à la vie.

C’était l’année où le Seigneur a été crucifié, pas très longtemps avant qu’il n’entre à Jérusalem monté sur l’âne. Nous habitions Béthanie, pas loin de Jérusalem, avec Marie notre sœur qui est morte il y a bien longtemps maintenant. Jésus et ses disciples les plus proches étaient en Galilée, ils se cachaient des chefs religieux qui voulaient la mort de Jésus. Lazare est tombé gravement malade. Marie et moi avons tout de suite envoyé un message à Jésus. Nous savions qu’il pourrait le guérir. Mais l’état de Lazare a empiré et il est mort.
– Pourquoi Jésus n’est pas venu ? demande la petite Salomé.
– C’est Nathanaël qui m’a raconté. Jésus n’a pas bougé quand il a entendu notre message. Pourtant, il aimait Lazare comme un frère. Il a attendu que Lazare soit mort pour venir à Béthanie. Ses disciples ne voulaient pas, c’était trop dangereux. Mais Jésus a insisté qu’il fallait qu’il y aille pour aider ses disciples.

– Tu veux dire aider Lazare, non ?

– Ce n’est pas ce que Nathanaël a raconté. En tous cas, Thomas, qui n’a jamais eu peur de rien, a encouragé tout le monde à suivre Jésus, même s’ils risquaient tous la mort et ils sont partis pour Béthanie.

Pendant ce temps, nous avions mis Lazare dans un tombeau et nous pleurions, Marie et moi. Les voisins, des amis de Jérusalem étaient venus nous entourer.
Et voilà qu’un garçon est venu me prévenir discrètement que Jésus arrivait. Alors je me suis précipitée sur le chemin et quand je l’ai vu, je me suis effondrée. Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort, tu aurais pu le guérir, lui ai-je dit.
Vous savez, Jésus avait une manière bien particulière et bien curieuse de répondre quand on lui parlait. Il fallait souvent réfléchir longtemps avant de comprendre ses paroles. Là, il m’a dit « Ton frère vivra ». Je ne comprenais plus rien. Jésus me disait la même chose que tous ces gens venus pour me consoler. Mais cela ne me consolait pas du tout. Je lui ai répondu ce qu’on m’avait appris : je sais que Lazare revivra à la fin des temps, quand tout le monde ressuscitera. Entre nous, je ne comprenais pas bien ce que cela pouvait signifier.

Alors Jésus m’a répondu : « C’est moi qui suis la résurrection et la vie. Celui qui met sa foi en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et met sa foi en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »

Je l’ai regardé, et c’était comme si je le voyais pour la première fois. C’était toujours le même Jésus, celui qui venait dîner à la maison, qui nous racontait des histoires du Royaume de Dieu, qui nous parlait de l’amour de Dieu pour tous les humains. Mais c’était aussi quelqu’un d’autre. Je ne comprenais pas jusque-là pourquoi les disciples disaient qu’il était le Messie, le Fils de Dieu, mais là, j’ai compris. J’ai compris qu’il était vraiment celui que tout le monde attendait, celui que Dieu avait envoyé dans le monde. J’ai cru en ses paroles. C’est comme si un poids avait été enlevé de mon cœur, comme si quelqu’un d’autre habitait dans mon cœur avec moi.

– Mais ton frère, Lazare, celui qui était mort ?

Ah Lazare ! Oui, il était toujours mort, mais les paroles de Jésus me consolaient non pas de son absence, mais pour lui. Lui aussi avait connu Jésus et cru en lui.

Je ne me souviens plus bien du reste. J’étais toute étourdie par cette découverte soudaine sur Jésus, comme si je ne l’avais jamais vu ni entendu avant. Il était à la fois toujours le même et différent, imposant. Tout à coup, nous étions devant le tombeau ouvert de Lazare et Jésus était en larmes. Je ne me souvenais plus de l’y avoir suivi. Il y avait Marie et les voisins. Tous disaient la même chose : Jésus aurait pu guérir Lazare. C’était comme si j’étais la seule à me rendre compte qu’il était différent. Enfin, la seule, sans doute pas. Ses disciples proches, Thomas, Philippe et les autres, l’avaient compris depuis longtemps déjà.
Alors Jésus a levé les yeux au ciel et demandé à Dieu de l’exaucer à cause de nous. Il a alors crié : « Lazare, sors ! » Et mon frère est sorti, tout empêtré dans ses bandelettes. Jésus a alors demandé qu’on l’aide à s’en démêler et il est reparti vers la maison, comme si rien ne s’était produit.
Je peux vous dire que Lazare ne comprenait rien, que les voisins et amis étaient bouleversés. Nous pensions tous que seul Dieu était capable de faire revivre les morts, et voilà que Jésus en avait le pouvoir ! Beaucoup ont alors cru qu’il était vraiment le Messie, celui que Dieu avait choisi pour libérer le peuple. Moi, j’avais compris qu’il était bien plus que cela. Je suis la résurrection et la vie avait-il dit.

Marthe se tait et regarde les enfants. Les plus grands connaissent l’histoire par cœur. Les plus jeunes sont captivés, et Rufus a l’air de penser très fort. Marthe soupire. Elle se fait vieille. Bientôt, plus personne ne pourra raconter comment elle a rencontré le Seigneur. Heureusement, Jean et d’autres avec lui sont en train d’écrire un livre pour témoigner de tout ce qui est arrivé. Les enfants de ces petits ne connaîtront plus aucun témoin direct de ces événements qui ont changé tant de choses.

Lydia demande : alors, Lazare ne va plus jamais mourir ?

– Si, bien sûr Lazare va mourir. Il n’est pas ressuscité comme le Seigneur est ressuscité.

Simon ne comprend pas : à quoi cela sert que Jésus ait fait revivre Lazare puisque tout le monde continue à mourir ?

– Tu sais, tout le monde n’a pas cru que Jésus était le fils de Dieu. Il y a beaucoup de juifs qui ne le croient toujours pas. Jésus l’avait dit, il avait dit que Dieu lui avait donné le pouvoir de faire vivre les morts. En rendant la vie à mon frère, il a montré que c’était vraiment vrai, qu’il avait ce pouvoir.
Simon insiste : mais pourquoi les croyants continuent à mourir, comme mon cousin Jacob, puisque Jésus leur a promis qu’ils ne mourraient pas ?
– Simon, Jésus a promis qu’ils vivraient, même s’ils étaient morts. Tu sais, quand on découvre que Jésus est le Seigneur, on découvre tout à coup qu’on n’est pas seul, qu’il est toujours avec nous. On ne le voit pas, c’est comme une présence à l’intérieur de nous. C’est cela la vie qui ne s’arrête jamais, la vie avec Dieu, avec Jésus.

– Comment tu peux le savoir ? C’est Lazare qui te l’a dit ?
– Non, Lazare ne parle jamais de ce qui s’est passé quand il était mort. Mais je sens aujourd’hui, maintenant, que Dieu est avec moi, je vois la vie et les choses de manière différente, comme Jésus l’avait promis. C’est le témoignage de tous les frères et sœurs. Je suis sûre que lorsque vous interrogez les autres adultes, ils vous disent la même chose. Alors, puisque cette promesse s’est réalisée dans ma vie, je fais confiance, je crois que la promesse de Jésus que cette vie avec Dieu ne s’arrêtera jamais, même quand je mourrai, est vraie aussi.

Rufus prend alors la parole : je ne vois pas ce que cela change. On est malheureux quand quelqu’un meurt.
– C’est vrai et Jésus a pleuré devant la mort de Lazare, devant notre peine. Tu sais, j’ai perdu beaucoup de personnes que j’aimais beaucoup, dans ma famille. Ma sœur Marie, mon mari Barnabas, plusieurs de mes enfants et petits-enfants. Et puis des frères et sœurs dans l’Église : Nathanaël, Salomé, Julia et tant d’autres. J’ai pleuré, nous avons tous pleuré parce qu’ils nous manquaient. Mais j’ai confiance, ils sont avec le Seigneur. Et je ne me suis jamais sentie seule dans ma peine. Le Seigneur était à mes côtés, il pleurait avec moi et il me soutenait. Et tous les frères et sœurs pleuraient avec moi, et nous nous aidions les uns les autres. Avoir une famille autour de soi quand on est triste, cela aide beaucoup. Jésus nous a donné cela aussi, une famille de frères et sœurs qui nous aiment et nous soutiennent quand notre propre famille ne peut plus le faire.
– Alors, c’est pour cela que tu dis tout le temps frère et sœur à des gens qui ne sont pas de ta famille ? dit Rufus.
– Ils sont de ma famille, vous êtes tous de ma famille puisque nous avons le même Père qui nous aime.

Lorsque les adultes sont sortis de la maison pour rentrer chez eux, tous les enfants se sont éparpillés comme des moineaux. Le petit Rufus s’est retourné et a crié : A bientôt grand-mère !
Amen

Crédit : Anne Petit (EPUdF), Point KT, Illustration Pixabay




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